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Tremblements de terre en Drôme-Ardèche

Tremblements de terre en Drôme-Ardèche
Daniel Ratz

14,8x 21cm. 96 pages. Couverture pelliculée en couleurs. Nombreux dessins, cartes postales, cartes, schémas... Par l'auteur de "Découverte géologique en Drôme-Ardèche", professeur de géologie-biologie dans la Drôme.

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Actualité : avant Dernier séisme en Drôme dans le Vercors le samedi 4 mars 2017. L’épicentre se situerait à 10 kilomètres au Nord de Die, et à 10 kilomètres de profondeur.Un séisme de magnitude 2,8 de 10 kilomètres de profondeur, a été enregistré hier samedi, à 14h48, dans le Vercors drômois

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Introduction

Le 19e siècle et les séismes de Châteauneuf-du-Rhône

Le 20e siècle et les séismes du Vercors

La prévention des risques sismiques

Consignes à suivre en cas de séisme

Conclusion


Introduction

À Haroun TAZIEFF (1914-1998), drômois d’adoption,
qui s’est battu pour une réelle prévention
du risque sismique en France.

Les habitants de la Drôme ont connu plus de quarante tremblements de terre depuis le Moyen-Âge, tandis que les Ardéchois en comptaient moins de dix. Fort heureusement, ces séismes ne furent pas aussi violents que ceux qui frappent périodiquement l’Italie ou la Grèce, mais ils provoquèrent tout de même des dégâts matériels et l’affolement de la population.

Je pense qu’il est important de garder en mémoire ces événements, afin d’évaluer – dans la mesure du possible – les risques pour les années à venir, et pour réagir avec sang froid le jour où se produiront de nouvelles secousses.

Les sources d’informations dont nous disposons pour connaître les séismes anciens sont les journaux et les chroniques conservés dans les archives départementales ou municipales. Leur dépouillement est un travail fastidieux qui a été entrepris vers 1930 par l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg, sous la direction du Professeur ROTHÉ. Cet inventaire national fut complété dans les années 70 par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), chargé d’établir une carte de France de la sismicité historique. Pour la période récente nous disposons aussi des enregistrements de séismes réalisés par l’Observatoire de Grenoble, qui surveille depuis 1987 les Alpes et les régions voisines. Toutes ces données, répertoriées dans la base informatisée SIRENE du BRGM, ont été publiées en 1996 sous le titre « Mille ans de séismes en France ».

Les dates et lieux des principaux tremblements de terre dans la Drôme et l’Ardèche sont donc bien connus, mais les informations sont de moins en moins précises à mesure que l’on remonte dans le temps. Par bonheur des érudits locaux tels que FAUJAS DE SAINT-FOND ou l’Abbé BOISSE ont enquêté et publié des informations sur des séismes qui, sans eux, seraient sans doute tombés dans l’oubli.

Je me suis donc inspiré des travaux existants et des journaux conservés dans les Archives départementales, pour retracer cette histoire des tremblements de terre en Drôme-Ardèche. J’y ai ajouté des explications pour permettre à chacun de mieux comprendre ces phénomènes géologiques et de connaître la réglementation récente en matière de construction parasismique.

J’espère que les Drômois et les Ardéchois trouveront ici les réponses à leurs questions ou à leurs craintes au sujet des tremblements de terre.

Daniel RATZ
Professeur de Biologie-Géologie
au Collège de Saint-Paul-Trois-Châteaux


Le 19e siècle et les séismes de Châteauneuf-du-Rhône

En 1808 un tremblement de terre aurait été ressenti à Aubenas, Lyon et Clermont-Ferrand. L’épicentre exact n’est pas connu. Le 13 mars 1809, un petit séisme se serait produit à Bouvante, dans le Vercors drômois.
Les 14 et 15 février 1812, la région de Mirabel, en Drôme provençale, fut touchée par un tremblement de terre qui provoqua des chutes de blocs.
Le 19 février 1822, des secousses sismiques furent ressenties à Privas, Tournon, Annonay et Valence. Il s’agissait certainement des répercussions du séisme assez violent qui se produisit ce jour-là dans la Bresse, au nord-est de Lyon.
Le 8 novembre 1840 des secousses auraient été perçues à Bessas (sud Ardèche) et Barjac.
Le 30 novembre, puis le 5 décembre 1847, des secousses sismiques furent signalées à Romans et Saint-Jean-en-Royans (intensité V-VI).
Du 20 novembre 1852 au 9 février 1853, une série de secousses se serait produite dans la région de Dieulefit - Le Poët-Laval.
C’est le 14 juillet 1873 que débuta la série de tremblements de terre qui frappèrent les villages de Châteauneuf-du-Rhône et Donzère, non loin de Montélimar. Des secousses se produisirent jusqu’au 15 août, mais les plus violentes furent celles du 19 juillet et du 8 août, qui causèrent des dégâts dans la Drôme à Valaurie, Allan, La Garde-Adhémar, et en Ardèche à Viviers.
À Châteauneuf-du-Rhône la plupart des maisons se lézardèrent, et les habitants affolés durent coucher dehors ou sous des tentes. L’église et la gare de Donzère furent endommagées ainsi que l’abbaye d’Aiguebelle (située à plus de 10 km).
L’intensité maximale du séisme est évaluée à VIII dans la zone épicentrale, proche de Châteauneuf-du-Rhône. Les journaux locaux relatèrent en détail ces événements, et L’illustration publia des dessins des maisons endommagées.

Plusieurs secousses de tremblement de terre se sont fait sentir, après l’orage de lundi soir. La première, quoique très-peu sensible, s’est produite à 8 heures du soir ; mais ce n’étaient que les signes avant-coureurs d’autres phénomènes du même genre. Vers minuit, trois nouvelles oscillations se sont de nouveau manifestées, mais avec une violence qui semblait gagner d’intensité. Les secousses nous ont paru se diriger de l’Ouest à l’Est, elles ont duré de deux à trois secondes chacune.
Nous notons ici les incidents, entre beaucoup d’autres, qui sont parvenus à notre connaissance.
À Montélimar, deux jeunes personnes couchées dans la même chambre, à la dernière vibration — la plus sensible de toutes — se sont précipitées dans l’escalier en criant au secours. Elles soutenaient que quelqu’un s’était caché dans leur appartement et avait imprimé un mouvement à leur lit.
À Châteauneuf-du-Rhône, une vraie panique. Les habitants se sont levés en proie à une vive émotion. Dans une propriété située près de Rac, les fermiers ont entendu des bruits souterrains semblables à des éclats de tonnerre.
À Donzère, toute la population était sur pied. Une vieille maison inhabitée près du château s’est en partie effondrée.
À Roussas, les habitants se sont jetés à travers champs en poussant des cris d’effroi. Deux maisons ont été fortement lézardées.
À Viviers, la voûte d’une des piles du pont d’est fendue. Un vieux mur s’est écroulé.
À Allan, la secousse qui s’est produite à minuit a brisé plusieurs vitres. Les portes de plusieurs appartements se sont violemment fermées.
Il faut remarquer que les secousses, au fur et à mesure qu’on se dirige vers le midi, ont été beaucoup plus violentes que chez nous.
Aujourd’hui samedi, vers quatre heures moins le quart, du matin, une commotion souterraine d’une assez forte violence a répandu dans notre ville une très-vive émotion.
Les oscillations semblaient se diriger de l’Ouest à l’Est et ont duré cinq secondes environ ; elles ont été accompagnées d’un bruit sourd semblable au roulement d’un tonnerre lointain.
Les habitants se sont levés à la hâte, et quelques instants après chacun s’interrogeait avec une certaine anxiété sur les impressions qu’on avait ressenties.

Le séisme du 14 juillet 1873 provoqua l’affolement des habitants de Châteauneuf-du-Rhône et de Donzère (d’après le Journal de Montélimar du 19 juillet 1873).

Une rue de Châteauneuf-sur-Rhône depuis la secousse
Une rue de Châteauneuf-sur-Rhône depuis la secousse
(gravure publiée par L’illustration en août 1873).

Les secousses sismiques de Châteauneuf-du-Rhône furent ressenties jusqu’à Valence, Nyons et Aubenas. Elles causèrent des dégâts dans tout le Tricastin et en Vivarais : cheminées renversées, vitres brisées et murs lézardés à Montélimar, Pierrelatte, Saint-Paul-Trois-Châteaux et Viviers.
La montagne de Navon, entre Châteauneuf et Donzère, se serait fendue lors des secousses du 8 août 1873. Signalons aussi que l’eau des puits et des sources fut troublée par les vibrations du sol.
Quelques secousses (répliques) se firent encore sentir en 1874 et 1875 dans le Tricastin.
Le 7 novembre 1875, une secousse fut signalée à Lamastre, en Ardèche.
Le 24 juin 1878, une secousse sismique fut largement ressentie dans le nord de la Drôme, entre Hauterives et Romans, ainsi qu’en Ardèche de Privas à Lamastre. Des meubles furent déplacés et les habitants paniqués. Pourtant, l’épicentre de ce séisme devait se trouver au nord de Lyon, entre Feurs et Anse (intensité VI à Anse).
Le 23 février 1887, plusieurs secousses sismiques furent perçues dans la vallée du Rhône et à Privas. Il devait s’agir des ondes de choc produites par le violent séisme de Ligurie qui fit 12 victimes à Cannes (intensité IX).
Le 26 août 1892, des secousses furent signalées à Annonay (intensité V). L’épicentre était probablement situé dans la vallée de l’Allier.
Enfin, le 27 janvier 1897, deux secousses accompagnées de détonations souterraines se firent sentir dans le Tricastin, entre La Garde-Adhémar et Les Granges-Gontardes.
Les régions touchées au 19e siècle furent donc une fois encore la vallée du Rhône et la limite Drôme-Vaucluse, au sud de Nyons. Mais de nouvelles zones instables apparurent dans le Diois, le Vercors et le nord de l’Ardèche.

Epicentres des séismes ressentis en Drôme-Ardèche au 19e siècle
Épicentres des séismes ressentis en Drôme-Ardèche au 19e siècle.


Le 20e siècle et les séismes du Vercors

Le 13 mai 1901, à 8h21, une forte secousse sismique est ressentie dans la Drôme, au sud de Crest dans les villages de Saou, Manas et Pont-de-Barret. À l’épicentre, proche de Manas, les cheminées s’écroulent et de nombreuses maisons sont lézardées, ainsi que l’église (intensité VII).

LE TREMBLEMENT DE TERRE DU 13 MAI
Notre population a été assez vivement émue, lundi dernier, vers 8h30 du matin, par une secousse de tremblement de terre, qui n’a eu d’ailleurs qu’une durée de quelques secondes. Les oscillations, se manifestant dans la direction du nord au midi, ont été particulièrement sensibles aux étages des maisons où les habitants, qui ne se doutaient nullement de ce phénomène sismique, ont été tout surpris de voir les planchers secoués comme le pont d’un navire, d’entendre crépiter les meubles, vibrer les sonnettes, et de voir les objets accrochés aux murs agités comme par une main invisible. On n’a signalé, à Montélimar du moins, aucun dégât. Mais il n’en a pas été de même sur divers points de la région très étendue où cette commotion souterraine s’est fait violemment ressentir.
Tout près de nous, à Pont-de-Barret, les écoles publiques et l’église ont été fortement endommagées ; des rochers détachés de la montagne ont obstrué la route de Bourdeaux à Montélimar. À Manas, la croix du clocher a été en partie démolie. On signale également de nombreuses cheminées écroulées, des plafonds effondrés. À Crest, quelques murs de maisons ont été lézardés ; les cloches de l’horloge municipale ont sonné un violent carillon. Le village de Saou a été le plus éprouvé : un des rochers qui le dominent s’est éboulé, entraînant avec la rapidité d’une avalanche six maisons, dont les habitants fort heureusement se trouvaient aux champs. La situation de ces pauvres gens, à-demi ruinés, privés de tout abri, n’en est pas moins lamentable.
On nous écrit de Dieulefit : Le tremblement de terre a été vivement ressenti dans notre ville. Tout le monde sortait des maisons, pâle, effaré, racontant chacun ce qu’il avait éprouvé, quel avait été son affolement, sa frayeur, en voyant secouer ses meubles et danser ses murailles. L’un sécriait : “Mais qu’est-ce-que vous faites là-haut ?” l’autre croyait que le mouvement venait d’en bas. Le fait est que cela a rudement secoué pendant quelques secondes.
L’horloge de la ville a carillonné deux ou trois coups, avant de sonner la demie de 8 heures. Quoique le plancher des vaches soit encore ce que nous avons de plus solide, cela nous a rappelé qu’il pouvait aussi s’agiter, et que le psaume où il est dit que les collines bondissent comme des agneaux et les fleuves remontent vers leurs sources, n’est pas une simple image du prophète, mais peut devenir une vérité. Et puis, pour comble de malheur, cela se passait le 13 ! Avis à ceux qui sont superstitieux et aussi à ceux qui ne le sont pas ! Le même phénomène s’est produit, mais avec moins d’intensité, et comme points extrêmes, à Valence et à Nyons.

Le séisme du 13 mai 1901 fit des dégâts à Saou, Manas et Pont-de-Barret (d’après le Journal de Montélimar du 18 mai 1901).

Le 10 avril 1905, c’est en Drôme provençale, entre Nyons, Tulette et Visan qu’on ressent un petit séisme. À Nyons des vitres sont brisées et les habitants effrayés, tandis qu’à Visan le plafond de la mairie se lézarde. L’épicentre se trouve près de Buisson dans le Vaucluse, où plusieurs maisons sont très endommagées (intensité VII).

TREMBLEMENT DE TERRE
Une forte secousse de tremblement de terre qui a duré cinq secondes a été ressentie lundi à Nyons, à 10 h. 21 du matin, causant une certaine panique dans plusieurs habitations. À la recette des finances, le coffre-fort a été déplacé. Dans diverses maisons, des glaces ont été brisées, des tableaux décrochés, des meubles renversés. Aucun accident de personne à déplorer.

Le séisme de Nyons, le 10 avril 1905 (La Croix de la Drôme, 16 avril 1905).

Quelques jours plus tard, le 26 avril 1905, une petite secousse est signalée en Ardèche dans la région de La Voulte.
Le 9 décembre 1907, à 1h30 du matin, deux secousses réveillent les habitants de Dieulefit et Vesc. Ce petit séisme (intensité V) provoque la chute de rochers derrière le temple de Dieulefit.

Glissement de terrain à Félines (Drôme) en 1907
Le glissement de terrain de Félines (Drôme) en 1907 s’est produit dans une zone sismique.

Un mois plus tôt, le 12 novembre 1907, un glissement de terrain emportait le village de Félines, situé entre Manas et Dieulefit. Les causes de cette catastrophe ne semblent pas liées aux séismes de 1901 et 1907, mais la coïncidence reste troublante : il s’agit d’une zone géologique assez instable.
Du 26 décembre 1907 au 10 janvier 1908, de petites secousses accompagnées de détonations souterraines sont signalées dans le Tricastin, entre la Garde-Adhémar et Roussas.
En octobre et novembre 1910, puis en août 1914, de nouvelles secousses sont signalées dans le Tricastin, entre Saint-Paul-Trois-Châteaux et les Granges-Gontardes.
Le 14 décembre 1911, une secousse sismique assez forte se produit à Tulette, dans le sud de la Drôme (intensité V-VI).
En 1923 un petit séisme se serait produit au Teil.
Le 17 janvier 1924, un tremblement de terre secoue la région de Langogne en Lozère (intensité V-VI). Les secousses sont nettement ressenties en Ardèche à Aubenas, Les Vans, Berrias, et à Largentière quelques maisons sont lézardées.
Le 24 juillet 1927, c’est dans le nord du Vaucluse que la terre tremble. L’épicentre se trouve près du hameau de Veaux, non loin de Malaucène. Des maisons y sont lézardées et des cheminées démolies (intensité VII). Le même jour une secousse est signalée au Pouzin, dans la vallée du Rhône.
Le 9 février 1930, c’est dans la région de Sainte-Jalle, dans le sud-est de la Drôme, qu’on signale des secousses sismiques.

M. l’abbé MICOLET a donné quelques renseignements complémentaires sur ce dernier séisme : « J’étais absent cette nuit-là. À mon arrivée, sujet général des commentaires. En fait, les secousses ont été le plus ressenties dans le massif montagneux contre lequel vient buter l’Ennuye dans Sainte-Jalle même, c’est-à-dire dans toute la région s’étendant en direction de Rochebrune et du col d’Ey. Les secousses ont été très courtes ; il y en a eu deux ou trois de quelques secondes ; on m’a signalé une armoire ouverte. Pas de dégâts nulle part. Beaucoup ont entendu une explosion souterraine. Il semble, en effet, que les « vibrations de vaisselles », signalées par le secrétaire de mairie, aient constitué la seule manifestation dans le village même. Mais, dans les quatre ou cinq fermes allant du village à la vallée qui conduit à Rochebrune (le Rieu-Frais), les secousses ont été beaucoup plus nettement senties.

Le séisme de Sainte-Jalle (Drôme) en 1930 fut de faible intensité (d’après BOISSE, 1936).

Le 1er mai 1934 commence dans le Tricastin une longue série de secousses sismiques (plusieurs centaines), dont certaines très violentes. Dans la zone épicentrale, située entre les villages de Valaurie, Roussas, les Granges-Gontardes et la Garde-Adhémar, l’intensité du séisme atteint VII. Les événements ont été bien rapportés par l’Abbé BOISSE, curé des Granges-Gontardes, qui se passionna pour ces phénomènes.

DANS LA RÉGION DE VALAURIE
Voici, en quelques mots, les notes de notre enquête de ce matin sur le secteur le plus ébranlé. Roussas : pittoresque forteresse démantelée qui doit tenir son nom des tons roux que lui passe le couchant. Le maire, M. CLAPIER, a pris toutes précautions pour assurer la sauvegarde de ses administrés. Ceux-ci ne sont du reste pas autrement inquiets. Pourtant la vieille église du « castelas » a été quelque peu secouée et sa cloche menace chute. Les écoles sont un peu lézardées. Les écoliers en profitent pour faire les lézards.
À Valaurie, le très actif maire, M. Ludovic HUGUES, a fait installer quarante tentes militaires. Six sont réservées aux enfants des écoles — douze sur cinquante les fréquentent. Sous la diligente surveillance de Mme VENOUIL, institutrice, et de M. FAURILLI, instituteur, un marabout est réservé à l’hôtel des postes.
Entre Chantemerle et Valaurie, les vibrations ont disloqué un peu plus les bâtiments sans accident de personne. Aux Granges-Gontardes, M. le maire Cassius ARDUIN, a fait installer des tentes militaires, des camions bâchés, des autos pour que les habitants puissent y dormir en cas d’alerte. La secousse de samedi a arrêté la minuterie qui commande l’éclairage électrique communal. Elle a probablement aussi rompu la conduite d’eau principale qui alimente le bas du village. L’on était hier matin en train de la remettre d’urgence en état. Un peu plus bas, M. Abel TERRASSE a vu son réservoir d’eau former brusquement une vague et déborder : un moment après il constatait une brèche de dix centimètres dans un gros mur de son habitation ; tout près, la famille CHALLIAS, cinq personnes, tremblent encore du fracas de samedi : les murailles des maisons mitoyennes ont été disloquées et une cheminée démolie.
À Chantemerle, M. le maire LIOZON se montre optimiste. Aucun dégât dans cette commune, forteresse désaffectée, bâtie sur le roc. L’on y a bien éprouvé quelques secousses, mais sans plus de frayeur que de dommages.
Enfin à Grignan, rien d’inquiétant. Le grand château rénové a bien souffert de quelques lézardes dans les plâtres ; les habitants ont bien frémi un moment, mais personne ne songe à s’inquiéter pour si peu. Personne, ni encore moins M. l’agent voyer BERNARD qui, observant de près toutes les traces du phénomène sismique, conclut : « La direction de l’onde sismique est nettement nord-est - sud-ouest, c’est-à-dire des Alpes vers les Cévennes. Preuve : les murs au nord ont été dévêtus du mortier alors que les murs au sud se sont tassés sous la poussée. » En tout cas, si le fait de coucher à la belle étoile, sous les tentes, ennuie les parents, il amuse follement les enfants pour qui ces tremblements sont une récréation inespérée.

Les secousses sismiques de mai 1934 causèrent des dégâts dans le Tricastin (Le Petit Marseillais du 19 mai 1934).

Valaurie après les séismes
Valaurie après les séismes : « La terre tremble dans la Drôme. Des secousses sismiques se sont produites hier à Valaurie, petit village proche de Montélimar. La population abandonna en grande partie ses logis. Un prêtre vient rassurer les paysans affolés. » (Le Petit Marseillais du 19 mai 1934).

Valaurie, l'instituteur fait sa classe sur la route
À Valaurie, après les séismes, l’instituteur fait sa classe sur la route. (Le Petit Marseillais du 19 mai 1934).

Ces tremblements de terre répétés obligèrent les villageois à consolider leurs maisons avec des fers en X ou même des cerclages qui sont encore visibles aujourd’hui.
Deux sismographes furent installés aux Granges-Gontardes en juillet 1934, afin d’étudier ces phénomènes. De nouvelles secousses sismiques furent enregistrées en 1935 et en 1936 :

Le 1er janvier 1937, à 6h55 du matin, un séisme se produit dans le nord de la Drôme près de Châteauneuf-de-Galaure, provoquant des chutes de cheminées. La secousse, d’intensité V à l’épicentre, est ressentie à Tain-l’Hermitage et Annonay.
Le 8 décembre 1938, une secousse sismique est ressentie en Isère, à Saint-Marcellin, La Sône et Saint-Romans. L’intensité à La Sône est estimée à VI-VII.
Le 8 juin 1952, à 21h26, c’est dans les Baronnies que la terre tremble. Les maisons sont lézardées à Pierrelongue (intensité VII) et à La Penne-sur-Ouvèze. On signale aussi des ruptures de canalisations.
Le 22 juillet 1954 un petit séisme est ressenti dans la vallée du Rhône, entre Vienne et Tournon.
Le 25 avril 1962, à 5h47 du matin, un séisme assez violent se produit en Isère, dans le massif du Vercors (intensité VIII). Les maisons sont fissurées à Corrençon, à Châteaurenard et au Gua . L’église de Corrençon est endommagée et des tombes du cimetière sont brisées. La secousse n’a duré que 15 secondes mais elle a été ressentie à Valence, Lyon et Grenoble. Ce séisme a causé peu de dégâts dans le Vercors drômois.

5 heures 47 du matin : une forte secousse sismique (20 secondes) a réveillé les habitants du Vercors et de Grenoble. Murs lézardés, sols fissurés à Villard-de-Lans et Corrençon. Le 25 avril, lorsque nous sommes arrivés dans ce charmant village de Corrençon, si paisiblement installé dans son cadre de montagne et de forêts que les neiges cernent encore, l’émotion était d’autant plus vive que des grondements sourds, à intervalles espacés, se faisaient entendre, entretenant ainsi l’inquiétude. Nous avons cru tout d’abord à une sensibilisation, une nervosité excessive : ce pouvait être un avion ou une voiture proche. Mais au moment où nous visitions le pauvre cimetière si tourmenté par la secousse, il a bien fallu nous rendre à l’évidence : sous nos pieds la terre, à nouveau, grondait.

Extrait du Dauphiné Libéré du 26 avril 1962.

Corrençon après le séisme de 1962
Le village de Corrençon après le séisme de 1962. « De profondes lézardes ont éprouvé des murs pourtant solides puisqu’épais de 60 cm. »

« 5 heures 47 du matin : une forte secousse sismique (20 secondes) a réveillé les habitants du Vercors et de Grenoble. Murs lézardés, sols fissurés à Villard-de-Lans et Corrençon. Le 25 avril, lorsque nous sommes arrivés dans ce charmant village de Corrençon, si paisiblement installé dans son cadre de montagne et de forêts que les neiges cernent encore, l’émotion était d’autant plus vive que des grondements sourds, à intervalles espacés, se faisaient entendre, entretenant ainsi l’inquiétude. Nous avons cru tout d’abord à une sensibilisation, une nervosité excessive : ce pouvait être un avion ou une voiture proche. Mais au moment où nous visitions le pauvre cimetière si tourmenté par la secousse, il a bien fallu nous rendre à l’évidence : sous nos pieds la terre, à nouveau, grondait.
ÉMOTION DANS LE VERCORS OÙ, PLUS QU’AILLEURS, LA TERRE A TREMBLÉ
C’est à 5 h. 47 (heure légale) que les sismographes de l’Observatoire du Parc de Saint-Maur, près de Paris, ont enregistré la première secousse tellurique. L’intensité maximum du mouvement de l’écorce terrestre a été ressentie pendant 3 mn. À 5 h. 50 tout était terminé. Les spécialistes du Centre international de Physique du Globe de Strasbourg ont précisé que ce tremblement de terre avait été ressenti par l’Observatoire de Södankyla, en Laponie finlandaise, l’épicentre se trouvant dans la région grenobloise. Il se situe à 5 km au nord-ouest de Villard-de-Lans. Son intensité a été chiffrée à 7. L’épicentre se situe dans les Alpes, probablement à une grande profondeur.
M. Léon Morel, membre de l’Institut, explique : « Puisque le maximum d’amplitude semble avoir été atteint dans le Vercors, on peut risquer l’explication d’un mouvement de tassement sous les massifs cristallins. Disons, si vous voulez, qu’une faille de ce vieux bâti a pu rejouer en profondeur. Nous savons en effet que de telles failles existent dans les massifs anciens de Belledonne et du Taillefer et qu’elles se prolongent dans les chaînes subalpines. Cependant, ne nous affolons pas ! La région alpine est bien consolidée. Elle est stable. Ces tassements sont des mouvements de détail. »
CORRENÇON ÉBRANLÉ, À VILLARD-DE-LANS, HÉCATOMBE DE CHEMINÉES !
Cela fait la sixième secousse en l’espace de 15 jours. « Mes enfants ne veulent plus dormir chez eux » nous a confié une mère de famille elle-même pas très rassurée de pénétrer dans une maison soudain privée de cheminées; de « lauzes » faîtières, de pignon. À voir la multiplicité, la profondeur des lézardes, il semble bien que si le tremblement de terre avait duré plus longtemps, Corrençon ne serait plus qu’un tas de ruines. Chez Reppelin des pierres sont tombées sur les lits fort heureusement inoccupés. Pas une seule habitation n’a été épargnée, les gros murs se fissurant comme de simples cloisons.
De tous les édifices, l’église est celui qui a le plus souffert. Le clocher — il vient d’être refait ! — n’a pas bougé mais il est très lézardé, de même les murs porteurs et les colonnes de voûtes à l’intérieur — celles-ci sont franchement cassées en leur milieu. La lourde croix du sommet s’est écrasée sur une tombe. Sans quitter son piédestal, le saint Joseph en robe dorée a fait un demi-tour en conservant au milieu des gravats un équilibre tout-à-fait instable. Après avoir déménagé en grande hâte sa petite église, M. l’abbé PRAZ, curé de Corrençon a dû en condamner la porte : elle menace de s’écrouler !

Au cimetière, la visite est plus impressionnante encore, les secousses telluriques n’ayant de respect ni pour les vivants ni pour les morts et des tombes ont été ouvertes, des pierres tombales se sont soulevées, d’autres se sont écrasées sur le sol. [...] (photo ci-dessous : tombe ouverte dans le cimetière de Corrençon).

Tombe éventrée dans le cimetière de Corrençon

M. MATHIEU, maire de Corrençon, [...] ne put que constater que, finalement, compte-tenu de la peur éprouvée, il y avait relativement peu de mal. Mais que de maisons à étayer, de toitures à réparer, de fenêtres à consolider, de cheminées à remplacer... [...] Il faudra que l’eau des fontaines retrouve sa pureté car depuis le tremblement de terre, sources et torrents coulent troubles. [...]

Entre deux enfants, une profonde fissure dans un mur très épais
Entre deux enfants, une profonde fissure dans un mur très épais.

À Villard-de-Lans, c’est la panique. [...] Près des cars Huillier, un balcon s’écroula sur une voiture. Dans les hôtels où les touristes dormaient [...], ce fut très vite la panique. En pyjama, en chemise de nuit, tous se retrouvaient dans les jardins portant leurs objets précieux. Ce fut pire encore lorsque les regards se portèrent sur « La Moucherolle », la montagne fumait ! En fait, la secousse sismique avait déclenché toute une série de très violentes avalanches et un nuage de neige poussiéreuse s’élevait du sommet. [...]
À GRENOBLE ET À LYON
Le séisme qui a secoué Grenoble à 5 h. 47, est loin de prendre les allures d’une catastrophe. [...] On note plusieurs têtes de cheminées qui se sont écrasées au sol ; la croix de la chapelle des Rédemptionistes a connu le même sort. [...] Personne à Lyon ne s’est vraiment inquiété du tremblement de terre. [...
]

Tremblement de terre dans le Vercors (Le Dauphiné Libéré du 28 avril 1962).

Les 25 et 27 avril 1963, exactement un an plus tard, nouveau séisme en Isère, dans la région de Monestier-de-Clermont, le Gua et Avignonet. L’intensité est de VII dans ces villages où les chutes de tuiles et de cheminées sont nombreuses. Ces séismes, ainsi que les suivants (1966, 1979) auraient été déclenchés par le remplissage du lac de barrage de Monteynard. L’eau sous pression s’infiltrant dans les fractures des roches peut en effet accélérer leur rupture.
Les 7 et 12 décembre 1963, de nouvelles secousses près de Corrençon (intensité VI). Le 24 août 1966, encore une secousse sismique dans le Vercors, près de Monteynard (intensité V).
Le 19 février 1975, à 17h49, une petite secousse sismique (magnitude 3,3) est enregistrée près de Bourg-Saint-Andéol, en Ardèche. Elle est ressentie à Pierrelatte où quelques immeubles vibrent.
Le 16 avril 1979, ce sont les habitants de Saillans (photo page suivante), dans la vallée de la Drôme, qui ressentent un petit séisme (intensité V-VI). On signale des chutes d’objets dans les maisons.

LÉGÈRE SECOUSSE TELLURIQUE DANS LA VALLÉE DE LA DRÔME !
Crest. – Plusieurs habitants des communes de Saillans, Saint-Benoit, Chastel-Arnaud dans la vallée de la Drôme ont ressenti dans le début de l’après-midi du lundi de Pâques les effets d’une légère secousse tellurique qui n’a heureusement provoqué aucun accident. « Il était exactement 14h18 » nous a dit un gendarme de Saillans qui après avoir été « vibré » pendant deux à trois secondes a eu la présence d’esprit de consulter son chrono. En plusieurs endroits, des morceaux de crépi mal collés se sont détachés des vieilles façades, des flacons se sont entrechoqués dans des placards, quelques menus objets ont été déplacés et des calendriers épinglés aux murs ont chuté sur le parquet. Cette manifestation d’une activité souterraine intense serait-elle en relation directe avec ce qui s’est passé sur un plus grande échelle en Yougoslavie ? Henry COMBES.

Le séisme du 16 avril 1979 fut peu violent (Le Dauphiné Libéré du 18 avril 1979).

Les 17 et 19 avril 1984, des secousses sismiques se produisent en bordure du Vercors drômois, près de Rochefort-Samson (intensité V-VI).
Enfin, le 10 février 1998, un petit séisme de magnitude 3,4 est ressenti d’Avignon à Suze-la-Rousse. L’épicentre est localisé près de Sainte-Cécile-les-Vignes (Vaucluse).

Une secousse sismique d’une amplitude de 3,4 a touché les communes de Morières, Saint-Saturnin, Vedène, Sainte-Cécile et Suze-la-Rousse. Un phénomène plus ou moins ressenti par la population suivant les secteurs. Les bâtiments n’ont ressenti aucun dégât. [...] « Le personnel a ressenti une forte secousse, déclarait-on à la mairie de Morières-lès-Avignon. Les murs et bureaux ont tremblé, en particulier, au deuxième étage de l’immeuble, où cela a été le plus significatif. À tel point que nous avons appelé les pompiers pour vérifier l’état du bâtiment qui est très ancien. Mais apparemment, il n’y a pas eu de dégâts. » Le réseau national de surveillance sismique qui a localisé le phénomène expliquait que l’amplitude de 3,4 n’était pas assez importante pour provoquer des dommages sur les bâtiments. [...] Il y a une faible activité sismique dans le secteur géographique d’Avignon, Nîmes, Aix et Pont-Saint-Esprit due à la montée de la plaque africaine.
L’épicentre de ce tremblement de terre se situe à 20 km à l’Est de Pont-Saint-Esprit, donc aux environs de Sainte-Cécile. Une secousse qui a duré une vingtaine de secondes qui ne serait pas la première. En effet, d’après les spécialistes, déjà en décembre dernier, le même phénomène s’est produit. Mais d’une amplitude plus faible, de 1,5 à 2, il n’a pas été ressenti par la population.

Séisme du 9 février 1998 (Le Dauphiné Libéré du 10 février 1998).

Au cours du 20e siècle, nous retrouvons donc sensiblement les mêmes zones sismiques qu’au 19e siècle :

La bordure occidentale du département de l’Ardèche (vallée de l’Allier) se révèle être aussi une zone faiblement sismique.
Les régions montagneuses de Haute Ardèche n’ont semble-t-il jamais été secouées par des séismes, mais il faut rester prudent à ce sujet, car les témoignages écrits sont rares dans ces régions peu peuplées. Il en est de même pour la zone montagneuse des Préalpes située entre Die et Séderon, qui n’aurait pas connu de tremblements de terre assez importants pour laisser des traces dans les archives.

Epicentres des séismes ressentis en Drôme-Ardèche au 20e siècle
Épicentres des séismes ressentis en Drôme-Ardèche au 20e siècle (à jour au 31/12/1997).


LA PRÉVENTION DES RISQUES SISMIQUES

Les zones à risques
À partir de l’inventaire des séismes passés, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières a dressé une carte (voir ci-contre) des zones à risques en France, qui a été publiée en 1986 (voir page suivante).
Quatre niveaux de risques ont été distingués sur cette carte :

Aucune région de la Drôme ou de l’Ardèche ne se trouve classée en zone II, car les séismes passés n’ont jamais été catastrophiques. En revanche quatre cantons drômois se trouvent en zone Ib : ceux de Montélimar, Pierrelatte, Saint-Paul-Trois-Châteaux et la Chapelle-en-Vercors. Toutes les communes de ces cantons sont donc concernées par l’application des règles parasismiques de construction (voir pages suivantes).
En Ardèche, trois cantons sont classés en zone Ia : ceux de Bourg-Saint-Andéol, Rochemaure et Viviers.
Dans la Drôme, huit cantons sont classés en zone Ia : ceux de Grignan, Nyons, Buis-les-Baronnies, Dieulefit, Marsanne, Die, Châtillon-en-Diois et Saint-Jean-en-Royans.


Zonage sismique de l’Ardèche et de la Drôme pour l’application des règles parasismiques de construction (d’après La Documentation Française).

Les communes situées dans tous ces cantons doivent prendre en compte les risques sismiques en fonction des conditions géologiques locales : terrains instables, fortes pentes ou éboulements fréquents. Les précautions ne sont pas superflues dans des régions qui ont connu par le passé d’importants glissements de terrains lors de pluies torrentielles : Dieulefit en 1996, Boulc-en-Diois en 1993 ou Le Teil en 1977.

Coupure de la route nationale Aubenas-Privas par une coulée de terre au début du siècle
Coupure de la route nationale Aubenas-Privas par une coulée de terre au début du siècle. En Ardèche, le risque sismique est faible mais il s’ajoute aux risques de glissements de terrain.

La majeure partie du département de l’Ardèche, ainsi que de nombreux cantons de la Drôme ont été classés en zone 0. Toutes les communes de cette zone 0 n’ont pas d’obligations en matière de construction parasismique. Cela ne signifie pas que le risque sismique y est nul, mais que la probabilité de connaître un jour un séisme destructeur est très faible, en l’état actuel de nos connaissances. Seules les installations dites sensibles (nucléaire, chimie) ou les immeubles de grande hauteur doivent respecter des règles de construction particulières en zone 0.

Les constructions parasismiques
Dans l’impossibilité de prévoir le lieu et la date des prochains séismes, la meilleure mesure de prévention en zone sismique est de construire des bâtiments moins vulnérables. Les pertes humaines et matérielles lors d’un violent tremblement de terre (magnitude 6 à 7), sont causées surtout par l’effondrement des murs, des dalles ou des toitures, parfois aussi par les incendies et explosions dûs aux fuites de gaz.
La réglementation française en matière de construction parasismique date de 1992, mais un arrêté de 1997 précise le niveau de sécurité obligatoire selon la classe des bâtiments. Ces règles de construction parasismique s’appuient sur le zonage du territoire (0, Ia, Ib, II). Elles s’adressent aux professionnels du bâtiment, mais aussi aux mairies qui délivrent les permis de construire et à tous ceux qui bâtissent dans une zone à risques sismiques.
La prévention des effets destructeurs d’un séisme passe par une bonne connaissance du comportement des constructions et de la dynamique des sols. Nous n’entrerons pas dans le détail des calculs utilisés en génie parasismique, mais retenons qu’ils sont basés sur l’accélération prévisible du sol lors d’un tremblement de terre.
Les dommages aux bâtiments sont surtout causés par la rapidité du mouvement horizontal des fondations, tandis que les murs sont secoués avec un temps de retard en raison de leur inertie.
Les nouvelles constructions bâties à partir de 1998 dans les zones sismiques Ia, Ib et II doivent être conformes aux normes parasismiques de construction PS 92. Le tableau ci-dessous indique les accélérations du sol que doivent pouvoir supporter les bâtiments, selon la zone de sismicité et selon leur classe :

  classe B classe C classe D
  PETIT BÂTIMENTS : habitations, bureaux, commerces, ateliers... GRANDS BÂTIMENTS : immeubles (+28m), établissements publics ou privés, supermarchés, gares... CENTRES DE SECOURS : hôpitaux, casernes de pompiers et gendarmerie, centres télécom...
ZONE Ia 1,0 1,5 2,0
ZONE Ib 1,5 2,0 2,5

(les chiffres indiquent les accélérations minimales en m/s²).

Les bâtiments de classe A sont les hangars et garages où sont exclues toutes activités humaines de longue durée. Ils ne sont pas soumis aux règles de construction parasismique.
En Ardèche et pour partie dans la Drôme, de nombreux cantons sont classés en zone 0 (sismicité négligeable). L’application des normes parasismiques n’est donc ni obligatoire, ni justifiée dans ces cantons actuellement.
Les communes situées dans les zones Ia et Ib sont désormais tenues d’appliquer les règles de construction parasismique, ce qui n’entraîne d’ailleurs que peu de dépenses supplémentaires : de 3 à 10 % selon les cas. Cela correspond à un surcoût de 200 à 250 F du mètre carré, provenant de la quantité importante d’aciers incorporés dans les murs et les fondations. Il ne s’agit pas de placer des amortisseurs sous les bâtiments comme au Japon !
Construire au normes parasismiques dans nos régions consiste surtout à installer les fondations sur un terrain stable et résistant, peu incliné, puis à assurer une bonne cohésion des murs porteurs et des planchers en béton armé. Il faut donc réaliser une étude géologique sérieuse et faire appel à un architecte qualifié en matière de construction parasismique.
Les bâtiments doivent être d’un seul tenant, sans asymétrie : pas de formes en T, en L ou en U. Les constructions résistent mieux aux secousses si les fondations, les murs et les planchers sont reliés entre-eux par un chaînage métallique.

ZONE Ib

(faible sismicité)

cantons de :

  • LA CHAPELLE-EN-VERCORS
  • MONTÉLIMAR
  • PIERRELATTE
  • ST-PAUL-TROIS-CHÂTEAUX
construction parasismique obligatoire
ZONE Ia

(très faible sismicité)

cantons de :

  • BOURG-SAINT-ANDÉOL
  • ROCHEMAURE· VIVIERS
  • CHÂTILLON-EN-DIOIS
  • DIE
  • BUIS-LES-BARONNIES
  • GRIGNAN
  • NYONS
  • DIEULEFIT
  • MARSANNE
  • ST-JEAN-EN-ROYANS
construction parasismique obligatoire
ZONE 0

(sismicité négligeable)
TOUS LES
AUTRES CANTONS
DE DRÔME-ARDÈCHE
construction parasismique non obligatoire

Application des règles de construction parasismique en Drôme-Ardèche.

Les constructions parasismiques doivent respecter quelques règles simples
Les constructions parasismiques doivent respecter quelques règles simples : bâtiments séparés par un joint et canalisations non scellées dans les murs.

Depuis 1994 déjà, les nouvelles constructions situées en zone Ia et Ib devraient être en conformité avec les règles parasismiques PS 92 : les bâtiments collectifs, industriels ou commerciaux, mais aussi les maisons individuelles. Pourtant, peu de maisons ont été bâties en respectant les règles parasismiques, même dans le Tricastin situé en zone Ib. On peut en voir quelques-unes dans la zone pavillonnaire qui se trouve entre Valaurie et Roussas.
Dans les villes du sud-est de la France qui sont situées en zone sismique II (sismicité moyenne), les constructions parasismiques sont beaucoup plus nombreuses : collège de Lambesc, aéroport de Nice ou HLM de Plan de Grasse, par exemple.
En ce qui concerne les bâtiments anciens situés dans les zones sismiques, il peut être nécessaire de les consolider lorsqu’ils sont fissurés ou en mauvais état. La réglementation de 1997 impose la mise aux normes parasismiques en cas de transformations importantes d’édifices existants : surélévation ou juxtaposition de bâtiments, en zones Ia, Ib et II.
À la suite des tremblements de terre passés, de nombreux murs ont d’ailleurs été renforcés par l’ajout de contreforts ou de tiges en acier traversant les maisons de part-en-part.

Les installations sensibles de la vallée du Rhône
Nous devons évoquer ici les installations dites sensibles, comme les centrales nucléaires, les barrages et les usines classées SEVESO (produits chimiques toxiques ou explosifs). De telles installations ont été construites dans la vallée du Rhône depuis les séismes du Tricastin de 1934-1936. Elles se trouvent sur les communes de Pierrelatte et Saint-Paul-Trois-Châteaux, classées en zone Ib (possibilité de séismes d’intensité VII-VIII à l’épicentre), et sur la commune de Cruas classée en zone 0.
Les installations nucléaires font l’objet d’une réglementation très stricte .

Les centrales nucléaires sont concues pour résister à des secousses sismiques assez violentes
Les centrales nucléaires sont concues pour résister à des secousses sismiques assez violentes (cette photo : la centrale du Tricastin).

À partir de l’étude des tremblements de terre passés, on peut estimer le séisme maximal historiquement vraisemblable (SMHV), soit VII pour la centrale EDF du Tricastin. On augmente d’une unité le SMHV pour obtenir le séisme majoré de sécurité (SMS), soit VIII dans notre exemple, ce qui correspond à une accélération du sol de 2 m/s².
Au cas — très improbable — où le SMS se produirait, il est prévu l’arrêt d’urgence du réacteur nucléaire, avec extraction de la chaleur résiduelle et confinement des matières radioactives.
Si le SMHV survient — risque faible mais non négligeable — les installations sont calculées pour ne subir aucun dommage.
Pour la centrale de Cruas, située dans une zone très peu sismique, le SMS a aussi été fixé à VIII par sécurité.
Les fondations des réacteurs nucléaires sont placées sur des butées antisismiques (pavés de néoprène et d’acier) servant à amortir les vibrations du sol.
Dans le cas des installations classées SEVESO, comme les industries chimiques et les dépôts d’hydrocarbures, une réglementation particulière existe aussi depuis 1993, prenant en compte le risque sismique. Les usines de Pierrelatte (EURODIF, COGEMA, COMHUREX) sont donc visées par cet arrêté : les réservoirs et canalisations contenant des produits dangereux devraient résister à des secousses sismiques d’intensité VII-VIII.
Les barrages construits dans la vallée du Rhône ne peuvent être considérés comme des ouvrages sensibles que dans l’éventualité où leur rupture provoquerait de graves inondations en aval. Ce sont des constructions en béton armé, conçues pour résister aux crues du Rhône, qui supporteraient sans dommages un séisme d’intensité VII-VIII. Il est néanmoins nécessaire de surveiller l’état des ouvrages construits dans les années cinquante à proximité immédiate d’une zone sismique : barrage de Rochemaure, usine hydroélectrique de Châteauneuf-du-Rhône et barrages de Donzère.
La ligne du TGV Méditerranée traverse aussi la zone sismique du Tricastin. Les ponts et tunnel devraient résister sans dommages à des secousses sismiques d’intensité VIII.


CONSIGNES À SUIVRE EN CAS DE SÉISME

Les précautions à prendre dès aujourd’hui

Les précautions à prendre dès aujourd'hui

Dans les régions qui ont connu des séismes assez violents au cours des derniers siècles (Tricastin, Vivarais, Vercors), les habitants doivent dès aujourd’hui se préparer à vivre un nouveau séisme. Les quelques conseils qui suivent sont destinés à limiter les risques de blessures lors des secousses :

Repérer dans la maison et sur le lieu de travail, les endroits où se mettre à l’abri des chutes d’objets : sous une table, un bureau, un lit, ou à défaut dans un angle de pièce, sous un linteau de porte.

Retirer ou fixer très solidement les objets lourds placés en hauteur (surtout au dessus du lit). Ces objets peuvent tomber dès les premières secousses et blesser à la tête. Ce sont par exemple les cadres, les lustres, les téléviseurs, les vases ou les meubles suspendus. Même conseil à l’extérieur de la maison : sceller solidement ou supprimer les blocs de pierre posés en hauteur, les corniches et les cheminées fissurées, les transformateurs fixés au sommet des poteaux.

Dans la maison, placer une trousse de secours et une lampe torche en état de marche, dans un endroit facile d’accès, même en pleine nuit.

 

Que faire pendant les secousses ?

Que faire pendant les secousses ?

Un séisme s’annonce par un grondement souterrain accompagné de vibrations du sol et du tintement de la vaisselle. Les secousses les plus violentes peuvent arriver très vite.
Elles durent souvent moins de 30 secondes.

Il faut essayer de garder son calme pour réagir sans paniquer : dans nos régions les maisons ne vont pas s’écrouler et le sol ne va pas s’ouvrir sous nos pieds !

Si l’on est à l’intérieur d’un bâtiment, il est conseillé de se réfugier rapidement sous un meuble ou une structure résistante, pour se protéger des chutes de plâtres, d’éclats de verre ou d’objets lourds. Mais il peut être très difficile de garder son équilibre pour se déplacer.

Ne pas rester près des baies vitrées, ni dans un ascenseur.

Si l’on se trouve près de la sortie ou devant un bâtiment, il faut s’éloigner rapidement de la façade car des tuiles ou des cheminées peuvent tomber. Éviter aussi de rester sous des câbles électriques ou sous un balcon.

Lorsqu’on est dans un véhicule, le mieux est d’y rester, à condition de ne pas stationner le long des maisons.

 

Que faire après le séisme ?

Que faire après le séisme ?

Dès la fin des secousses, penser à couper l’arrivée du gaz et de l’eau car les canalisations peuvent être rompues. Éviter de fumer (risques d’explosion), et couper aussi l’électricité par sécurité.

De nouvelles secousses peuvent se produire dans les heures et les jours qui suivent. Il est donc prudent de quitter les bâtiments très fissurés, en emportant le strict nécessaire : papiers d’identité, lampe, poste de radio, vêtements chauds, trousse de secours. Ne pas utiliser les ascenseurs.

Ne pas céder à la panique, mais essayer de raisonner les personnes qui veulent fuir avec toutes leurs affaires.

Ne pas encombrer les routes afin de permettre l’accès des secours. Éviter de téléphoner à la gendarmerie et aux pompiers, sauf pour demander des secours. Ces services sont toujours encombrés par des centaines d’appels après un séisme, même mineur.

Si vous avez des notions de secourisme, venez en aide aux personnes blessées, mais attention aux chutes de blocs : le port d’un casque est nécessaire. Dans l’attente des secours, rassemblez la population sur une place, à l’écart des bâtiments et des lignes à haute tension. Écouter la radio locale pour connaître les consignes des pouvoirs publics.

Lors de secousses sismiques répétées pendant plusieurs semaines, les populations sinistrées peuvent être relogées provisoirement à l’écart de la zone touchée, soit sous des tentes, soit dans des familles d’accueil. Comme dans toute situation de catastrophe, la solidarité joue un rôle important pour résoudre tous les problèmes humains ou matériels qui se posent.

Les assurances en cas de séisme

Les contrats d’assurance sur les biens mobiliers et immobiliers prennent en compte les séismes, qui figurent parmi les catastrophes naturelles.

La loi du 13 juillet 1982 précise les conditions d’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles :


« Sont considérés comme les effets des catastrophes naturelles (...) les dommages matériels directs ayant eu pour cause déterminante l’intensité anormale d’un agent naturel, lorsque les mesures habituelles pour prévenir ces dommages n’ont pu empêcher leur survenance ou n’ont pu être prises. »

Pour que les assurés puissent bénéficier d’une indemnisation, l’état de catastrophe naturelle doit être constaté par un arrêté interministériel publié au Journal Officiel.

Cette indemnisation doit être attribuée dans un délai de trois mois à compter de la date de remise de l’état estimatif des pertes.

La même loi indique que l’État a pour rôle d’élaborer des plans d’exposition aux risques naturels prévisibles.

Ce sont les préfectures qui prescrivent l’établissement des plans d’exposition aux risques, soumis à une enquête d’utilité publique avant approbation.

Le plan d’exposition aux risques est annexé au plan d’occupation des sols de la commune ; il indique les terrains classés inconstructibles (zone rouge) et les terrains constructibles avec obligation de respecter des mesures de prévention (zone bleue).

Il est assez facile de délimiter les zones à risques dans le cas des inondations ou des glissements de terrains, mais il n’en va pas de même pour les séismes dont les effets sont diffus et difficilement prévisibles.

D’autre part, le classement d’un terrain en zone inconstructible n’est pas une décision très populaire à prendre...

La plupart des communes situées en zone sismique n’ont donc pas de plan d’exposition aux risques naturels en 1998.

Ne serait-il pas utile, dans ce cas, de rappeler l’obligation de construire aux normes parasismiques à toute personne demandant un permis de construire dans une commune située en zone à risque ?

Cela pourrait se faire sous forme d’affichage en mairie ou de brochure remise avec le permis de construire.

Les compagnies d’assurances n’ont-elles pas aussi un rôle de prévention et d’information à jouer auprès des personnes qui désirent assurer une maison en construction ?


CONCLUSION

Comme les autres catastrophes naturelles — inondations, glissements de terrains, tornades — les tremblements de terre peuvent frapper nos régions plusieurs fois par siècle, de façon imprévisible.

Les séismes n’ont jamais fait de victimes en Drôme-Ardèche, mais ils sont tout de même restés dans les mémoires, comme des événements mystérieux et menaçants.

En Ardèche le risque sismique est faible, mais non négligeable dans les secteurs où il s’ajoute aux risques de glissements de terrains.

En revanche, la Drôme fait partie des départements français exposés aux séismes : plusieurs communes du Tricastin ou du Vercors risquent de connaître dans les années à venir des secousses endommageant les constructions.

Ce risque sismique, même faible, doit désormais être pris en compte lorsqu’on construit un hôpital, un établissement scolaire ou tout immeuble d’habitation. La réglementation française et les techniques de construction parasismique sont désormais bien au point, mais la prévention passe aussi par une meilleure information de la population et des élus.

C’est dans le souci d’informer les habitants de la Drôme et de l’Ardèche que j’ai écrit ce livre. Je suis persuadé que les progrès scientifiques et techniques, comme les textes réglementaires, doivent être mis à la disposition de chaque citoyen, afin que tous soient en mesure de décider et d’agir pour assurer la sécurité de leurs proches.

J’espère enfin avoir plutôt rassuré qu’inquiété les Drômois et les Ardéchois face à la menace des tremblements de terre.

L’avenir restera toujours largement imprévisible malgré nos efforts pour prédire les sautes d’humeur de notre planète !


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