La Bouquinerie

Aide / Help Accueil / Home Nous / Us Livres anciens / Old books Editions / Publisher Galerie / Gallery Liens / Links Ecrire / E-mail Commander / Order



Henri Siranyan
Nouvelles
Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche
Préface de Nicolas Daragon

Ces Nouvelles Flâneries reprennent les articles publiées chaque semaine dans le Dauphiné Libéré. Ces chroniques, recueillies dans ce livre, nous font découvrir l’enfance, l’adolescence et aussi la vie d’adulte de ces enfants d’émigrés qui ont réussi à s’insérer dans la société malgré les difficultés de la guerre et de l’occupation. Des tranches de vie qui nous font revivre, avec une tendre délicatesse, des portraits hauts en couleur mais aussi quelquefois très humbles.

Henri Siranyan est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’Arménie : une étude sur la littérature arménienne ainsi qu’un dictionnaire des principaux écrivains et poètes arméniens. Il nous livre ici le second opus de ses Nouvelles Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche. Il vient aussi de publier « Contes et légendes d’Arménie précédés des anciennes croyances arméniennes ».

« LES BELLES PAGES DE L’ARMÉNIE EN DRÔME-ARDÈCHE », RENÉ SAINT-ALBAN

« A TRAVERS CES ARTICLES, PUBLIÉS CHAQUE SEMAINE DANS LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ, L’INTELLIGENCE ET UNE GRANDE ÉRUDITION SE FAMILIARISENT AVEC L’HORIZON
DES PERSONNES ET DES LIEUX CONTEMPLÉS », NICOLAS DARAGON

« C’EST À NOUS TOUS DÉSORMAIS DE PERPÉTUER SON ŒUVRE », VALÉRIE SIRANYAN


EAN : 9782847941586
200 pages . 18 euros (+7 euros pour une expédition chez vous)

Lundi 17 juillet 2017, tous les amis d'Henri étaient invités à la mairie de Valence à laSalle des mariages à partir de 18h30 pour un hommage à HENRI SIRANYAN, Invitation du maire Nicolas Daragon pour le lancement du livre

Plus de 100 personnes présentes pour ce bel hommage à notre ami. En temps qu'éditeur, en présence de sa fille Valérie et d'Alice, la femme d'Henri, je vous livre le dicours que j'ai prononcé :

Hommage à Henri Siranyan le 17 juillet 2017

Je ne vais pas être protocolaire, je dirai simplement " chers amis " au féminin et au masculin car si vous êtes ici aujourd'hui, c'est que vous êtes tous des amis d'Henri.
Je ne suis que l'éditeur de cet homme hors du commun que j'ai eu l'occasion de croiser longuement. Nous avions fait un ouvrage sur ses premières Flâneries en 2014. Henri publiait ses textes tous les dimanches dans le Dauphiné mais il avait tenu à regrouper ses articles dans un livre.
Pourquoi un livre me direz-vous ? Voilà la bonne question à l'heure où le livre disparaît au profit des tablettes.
Comme j'ai aussi la casquette de libraire ancien que je porte depuis 40 ans, il m'est aisé de répondre car j'ai vendu le premier livre imprimé à Valence en 1496. Je peux donc vous dire qu'un livre rend son auteur tout simplement " immortel ". Cet objet si fragile fait de bouts de papier assemblés a quelque chance de franchir les siècles. Nos os auront blanchi, nos tombes seront effacées, les maisons que nous auront construites seront tombées en ruine mais un livre peut franchir le temps comme ce premier livre imprimé à Valence.
C'est pour cela qu'après avoir œuvré une première fois, Henri, qui était si content, est revenu me voir en septembre dernier en me demandant de faire 2 autres livres.
Je lui ai dit qu'on n'avait le droit avec moi, à la Bouquinerie et à Editions et Régions, d'en faire seulement un par an… Ne suis-je pas en pré-retraite ?
Mais vous connaissez notre Henri… avec sa façon bien à lui, sans rien imposer, tout en discutant dans mon bureau situé à quelques encablures de sa maison, il a réussi à … gentiment à m'embrouiller et nous voilà parti pour faire ces 2 livres : les nouvelles flâneries que monsieur le maire de Valence, promeut aujourd'hui et des contes arméniens.
4 mois de rencontres dans mes bureaux où je dois dire, c'était souvent pour corriger, à la fin, la place d'une virgule ou d'un point-virgule, mais beaucoup plus pour discuter, de tout et de rien, mais beaucoup de cette chère Arménie qu'il portait dans son cœur.
Moi qui ne suis arménien que de la troisième génération et qui malheureusement n'en parle pas la langue, il me menait doucement vers mon " arménité " en me disant qu'il allait m'emmener un jour dans ses bagages pour me faire connaître ce pays. J'aimais me laisser faire et même l'écouter… vous savez pourtant comme je suis bavard… mais j'avais trouvé mon maître ! Une vraie amitié était née.
Nous avions fini ces 2 ouvrages vers les 15 ou 16 décembre et attendions ta préface Nicolas pour les Nouvelles flâneries et celle de Monsieur Delatour pour les contes afin de publier les livres en janvier.
Je t'ai serré la main, Henri, comme chaque soir et tu es parti… pour toujours.
Autant te dire que tu nous as fait un sale coup, Henri, mais nous savons que tu ne l'as pas fait exprès, c'est seulement pour cela que nous te pardonnons.
En janvier, quand les préfaces sont arrivées, nous t'avions perdu, nous étions perdus. C'est à ton enterrement que j'ai rencontré ta fille Valérie qui a si coura-geusement décidé de poursuivre ton œuvre.
Nous avons donc sorti ces " nouvelles flâneries " en rajoutant le beau texte de Valérie lu lors de la messe d'enterrement. Pour les contes arméniens, je lui ai demandé de faire des dessins, des peintures, des aquarelles et même des grattages pour parachever ton œuvre, ta mémoire car je me suis rendu compte que cette brillante double doctorante était aussi artiste. Il fallait utiliser ses talents. Elle participe ainsi au travail de son père. Ce livre est prêt et sortira en septembre.
Je tiens à te remercier, cher Nicolas de porter haut, ce jour, la mémoire d'un de tes sages de Valence. Tu avais su discerner dans notre Henri toutes les hautes valeurs morales d'un des piliers de la communauté arménienne de Valence. Valeurs d'humanisme bien entendu qu'on retrouve à chaque ligne de ces flâneries, ces innombrables portraits de tous ces frères humains qu'il avait côtoyés et qu'il savait " croquer " en toute humilité.
Pour finir, car il me faut être bref et j'aurai pu en faire un livre, je vais citer la première phrase de ta préface Nicolas : " Le flâneur est celui qui s'émerveille de trouver la beauté au gré de l'inconnu. Henri Siranyan était de ceux-là ".
Merci à vous tous d'être présent ce soir, autour de sa famille.
Vive la France, vive l'Arménie, vive Valence.
René Adjémian

pour plus de renseignements, voir l'article complet de notre ami Krikor AMIRZAYAN, président d'Arménia dans les Nouvelles d'Arménie du 18 juillet 2017 :

http://www.armenews.com/article.php3?id_article=144443

 

Présentation, lecture et dédicace du livre
avec l'association ARMENIA
le vendredi 12 mai à 20h30 à la MJC Jean Moulin,
salle Cheneviers, 20 rue Jean Moulin à Bourg-lès-Valence
avec VALERIE SIRANYAN, l'éditeur René ADJEMIAN et Krikor Amirzayan, président d'Arménia

 

 

Note de l'éditeur :
Mon ami Henri Siranyan nous a quittés le 8 janvier 2017.
Je travaillais avec lui depuis de nombreux mois pour préparer la sortie de ce deuxième opus de ses flâneries. Ce livre lui rend un vibrant hommage posthume grâce à la volonté de sa fille Valérie.
Un autre volume était en préparation et sortira prochainement : " Contes et légendes d'Arménie, les anciennes croyances arméniennes "

 

HOMMAGE À MON PÈRE
La dernière balade
Mon Papa était un sage, un sage au cœur de la cité et au service des autres. Un sage tel qu'appréhendé par les philosophes de l'antiquité, Platon ou Aristote. Un érudit, amoureux des belles lettres et de la poésie, ouvert à toutes les disciplines, de l'histoire des religions au droit civil napoléonien. Je nous revois encore, assis tous les deux au bord de la piscine, à l'occasion de la préparation d'une de ses nombreuses conférences sur les chrétiens orientaux, les coptes d'Egypte ou encore sur l'église chaldéenne, à échanger avec passion nos points de vue sur l'histoire des religions et où il ne manquait pas de me faire découvrir la généalogie des grandes familles arméniennes. En effet, non seulement il détenait un grand savoir mais il s'attachait aussi à transmettre toutes ses connaissances fabuleuses, à qui voulait bien lui prêter une oreille attentive. J'ai eu la chance de découvrir l'Arménie des montagnes à ses côtés et de pouvoir rencontrer ses amis d'Orient. Nous avons ainsi pu visiter ensemble des monastères du 4ème siècle au bord du Lac Sevan ou encore les grottes de " Gherart " où se cachaient les premiers chrétiens. Nous avons aussi admiré au musée des beaux-arts de Erevan, les toiles flamboyantes du peintre Mardiros Sarian, qu'il aimait tant.
Cette envie de transmettre, il a pu l'exercer aussi pendant près de trente ans à l'Institut Universitaire de Technologie de Valence. Il était fier de pouvoir susciter l'intérêt de ses étudiants qui venaient nombreux assister à ses cours et qui l'avaient affectu-eusement surnommé " tonton ". Tous appréciaient ses qualités pédagogiques et parfois aussi un peu ses jeux de mots, devenus célèbres. Envie de transmettre et même besoin de transmettre par ses conférences inoubliables et ses nombreux écrits sur les poètes arméniens ou sur l'histoire de la ville de Valence.
Philosophe au cœur de la cité, sage parmi les sages, membre du conseil des sages de la ville de Valence, ses actes étaient guidés par le désir de faire au mieux dans l'intérêt de tous. Durant toute sa vie professionnelle, il ne refusait jamais d'apporter son aide à toute personne déroutée par les subtilités de la fiscalité française, notamment au mois de mai, lors de la déclaration d'impôts. Impliqué au sein du monde associatif, il occupait souvent le poste de trésorier ou de commissaire aux comptes bénévole, notamment à la banque alimentaire, à l'association des anciens combattants ou encore à l'association des membres de l'ordre des palmes acadé-miques de la Drôme. Il m'est impossible ici de citer toutes les associations, dans lesquelles il était impliqué tant son désir de transmettre et d'aider les autres était immense. J'espère que tous ses amis du monde associatif me pardonneront. Chaque jour, mon père s'attachait à écouter, aider ou soutenir les personnes dans le besoin ou en détresse, sans rien attendre en retour et en toute discrétion. Je savais que mon père était un homme de cœur et de bien, mais je n'imaginais pas à quel point. Je n'ai pu découvrir que très récemment l'immensité de ses actions au-delà des frontières, et l'aide qu'il avait pu apporter à toutes ces personnes, de toutes origines, nationalités ou religions.
Mon père nous a quittés pendant les cérémonies de Noël, son âme s'en est allée telle les colombes s'échappant de la petite église du bord du lac Sevan, au sein de laquelle le peuple arménien opprimé par le terrible Tamerlan avait pu trouver refuge grâce à la protection du Père Ohanian. Comme le raconte la légende, plu-sieurs centaines de milliers de prisonniers avaient ainsi pu pénétrer dans ce tout petit sanctuaire, pour ensuite s'envoler libres et joyeux vers leurs montagnes natales.
Mon père s'en est allé, il laisse un immense vide dans nos cœurs. C'est à nous tous, désormais, de perpétuer son œuvre et de faire de notre mieux pour aider les personnes qui en ont le plus besoin. En créant ainsi une chaîne de solidarité, nous pourrons sentir son esprit nous guider chaque jour.

Valence, Eglise Saint Sahag, 11 janvier 2017.
Valérie Siranyan


PRÉFACE


Le flâneur est celui qui s'émerveille à trouver la beauté au gré de l'inconnu. À n'en pas douter Henry Siranyan était de ceux-là. Capitaine de l'armée des souvenirs, dès sa jeunesse, il semble avoir fait sien ce schéma d'existence. Embrassant chaque nouveau jour comme autant de naissance, il a su garder en mémoire la fraîcheur et le sens profond de tous ces matins emplis d'espé-rances. Et puis, certainement parce qu'elle n'a jamais eu de drapeau, ce soldat nonchalant a choisi d'accrocher la poésie au revers de son veston. Ainsi portée, elle lui tiendra lieu de phare dans l'obscurité d'une cruelle géopolitique à laquelle il n'avait rien demandé, mais qui le fit naître ici et non ailleurs. Réfractaire nostalgique mais jamais vaincu, il garde ainsi toujours, face à cette déchirante finitude, plus qu'une noble et lourde colère, le sens du juste combat.
Évidemment dans les pages qui suivent il sera donc question d'Arménie, pays de ses ancêtres, de la Drôme et de l'Ardèche, de la rue Bouffier à Valence qui l'a vu grandir et des berges du Rhône, fleuve de son enfance. Mais il sera aussi et surtout question de la fée Mélusine, de l'Ararat montagne sacrée où Noé s'échoua, de la rivière Mialan, de Duduk, de Douce Plage, de Coco le marin, de la Goule noire et de bien d'autres Grognards d'un peu partout sur lesquels désormais monte le ciel.
Dès les premières lignes tout est déjà là et semble en place, préparé, ordonnancé dans l'unique but de nous montrer l'éclat profond des êtres et des choses. Beauté que notre auteur a su gla-ner à la saveur de ses humeurs vagabondes. Autour, point d'arti-fice. Seuls des immeubles, parfois en ruine, quelques églises et des ombres au loin traversent le décor afin que chaque voyage soit unique et parfait.
Retour à la magie du réel ? Ou, plus justement, à la première des poésies…
Car, dans l'abrutissement d'un monde qui perd de son sens, comme nul autre, Henry Siranyan sait redonner grâce à la chro-nique, à l'écume des jours qui ne sont plus, à ces personnages qui ont peuplé notre ville et plus largement sa vie, et qui désormais, sous sa plume apaisante, sont à jamais sublimés.
À travers ces articles, publiés chaque semaine dans le Dauphiné Libéré, l'intelligence et une grande érudition se familiarisent avec l'horizon des personnes et des lieux contemplés. Et c'est ainsi toujours en tension, entre la raison et le cœur, que notre hédoniste globe-trotteur nous promène. Au hasard et souvent il pioche dans sa vie d'homme des histoires qui ne peuvent plus, hélas, se répéter. Témoin volontaire d'un monde à jamais englouti, ce livre nous parle souvent de conflits passés et de contrées lointaines, mais nous en dit surtout beaucoup sur nous-mêmes.
Et c'est ainsi, en refermant la dernier page, que je n'ai pu m'empêcher de penser à ces vers de Baudelaire : Nul trait ne dis-tinguait, du même enfer venu, ce jumeau centenaire, et ces spec-tres baroques, marchaient du même pas, vers un but inconnu, et de me dire tout haut " que si grâce à vous Monsieur Siranyan, Va-lence a désormais son poète, les personnages de ce récit sont, à n'en pas douter, ses épiques chevaliers vous emboîtant le pas ".

 

Nicolas Daragon
Maire de Valence,
Vice-Président de la Région.


LA VIEILLE DAME D'OSHAGAN
Oshagan est un village de 6 000 habitants à environ une quaran-taine de kilomètres de la capitale Erevan, en Arménie. Ce village se singularise par son église qui a pour vocable " Eglise Mesrop Mashtots ". Cette église renferme dans son sous-sol le tombeau de ce moine, théologien et linguiste qui en l'an 405 inventa l'alphabet arménien.
Lors de chacun de mes voyages, j'ai plaisir à me recueillir devant son tombeau, constamment fleuri et objet d'une vénération particulière non seulement par les visiteurs mais aussi par les villageois. Les fresques murales reproduisent l'effigie de ce saint que l'Eglise Arménienne a canonisé et le jardin attenant comporte autant de statues que de lettres stylisées pour rappeler aux visiteurs l'importante signification de ce lieu à la gloire de celui qui a été à l'origine de l'âge d'or de la littérature arménienne.
Mais pour moi, ce lieu s'était singularisé aussi, de façon profane, par la présence quasi continuelle d'une vieille dame, toute vêtue de noir, aux longs cheveux blancs dissimulés par un foulard également noir, avec de grands yeux noirs d'une infinie tendresse, constamment présente devant les grilles de l'entrée, et marmonnant à qui voulait l'entendre, moyennant une petite pièce de monnaie, la vie en raccourci du vénéré saint. Lors de mon dernier voyage, je n'ai pas vu ma petite dame avec qui j'aimais converser. Avec le temps elle débordait le thème de son sujet favori et me racontait ses malheurs : le décès de son mari, la perte de son seul fils à la guerre au Karabagh, ses difficultés dans son quotidien, et aussi son isolement social.
Le Père Dertad, prêtre de la paroisse que j'interrogeais sur les raisons de cette absence m'informait qu'elle était décédée. J'avoue que j'ai ressenti un moment de tristesse car à chaque fois mes regards en arrivant, cherchaient sa présence, qui était devenue l'un des éléments familiers du paysage.
Et en quittant l'enceinte ce jour-là, j'ai pris conscience que je n'entendrai plus jamais : " À l'an prochain, mon bon monsieur, et que saint Mesrop vous garde. "


DANIEL VAROUJAN
Dans onze jours les communautés arméniennes du monde entier célèbreront le triste anniversaire du premier génocide du XXe siècle, conjointement avec le peuple de la république d'Arménie. Ce crime contre l'humanité avait commencé au printemps 1915 par l'arrestation à Constan-tinople de toute l'élite arménienne, qui sera assassinée dans des conditions effroyables.
Et parmi eux, Daniel Varoujan. De son vrai nom, Daniel Tchi-boukiarian est né près de Sivas (Anatolie) en 1824 sous le règne d'Abdul Hamid II, qui méritera du surnom de " Sultan Rouge le sanguinaire ".
De temps à autre les peuples engendrent des hommes de talent, qui par l'éclat de leur génie dépassent les frontières nationales et attirent sur eux l'estime du monde entier. Daniel Varoujan était de ceux-là. Poète de la trempe des plus grands classiques, dont il a subi l'influence, il est devenu le maître incontesté de la littérature arménienne.
Pourvu d'une allure martiale et virile, il a représenté le patriote fougueux et indomp-table de la cause arménienne. Kourken Mékhitarian, critique littéraire de la Congrégation Mékhitariste disait de lui : " Va-roujan n'est pas le poète qui se contente de jouer sur l'une ou l'autre des cordes de l'âme humaine, mais il sait les faire vibrer harmonieusement. " Sociologue et philosophe, il va s'ériger en défenseur éloquent d'un peuple opprimé, en flétrissant dans une verve sublime, le génie du mal, de la cruauté et de la tyrannie.
Cependant ses vers font ressortir l'espoir d'un peuple, notamment par son allégorie " Le Chant du Pain ", cette œuvre inachevée où il glorifie " L'Appel des Terres ", ou bien ce fragment de son " Epopée ", œuvre également inachevée qui fera dire au grand Garcia Lorca : " Quelle voix parfaite dans cette vérité ", œuvre qu'il s'était promis, tel Virgile, d'offrir à sa patrie.
LES DEUX AMIS
Au hasard d'une rue, j'ai rencontré un ancien étudiant de l'IUT de Valence où j'ai enseigné pendant presque 30 ans, les disciplines de gestion et de droit fiscal. Je me suis souvenu de lui parce qu'il était un étudiant brillant et aussi, je l'avoue, parce qu'il est d'origine arménienne.
Son nom est la traduction fidèle de Pascal en arménien, suivi du " ian " inévitable. Ce qui m'avait marqué, à l'époque, c'est qu'il s'était lié d'amitié avec un autre étudiant de mon groupe, aussi brillant que lui, sinon plus, de nationalité turque. Mais oui ! C'était plus que l'entente cordiale, c'était l'ami-tié ! Entre deux cours j'avais surpris une de leurs conversations sur le problème arménien et j'avais pu constater l'ignorance de celui né à Ankara sur cette question, ses livres d'histoire, disait-il, étant peu prolixes sur ce sujet. Il m'est resté en mémoire sa conclusion : " Tous les Allemands n'ont pas été des nazis ". Ce qui laissait sous-entendre que tous les Turcs n'avaient pas été génocidaires au début du XXe siècle.
À quelques jours de la commémoration des 99 ans du génocide, le souvenir de cette amitié m'a semblé être un espoir reposant sur les jeunes générations, capables de se retourner sur le passé, sans nationalisme exacerbé, avec les yeux ouverts sur les crimes d'an-ciens dirigeants de leur pays et en forgeant l'avenir sur le devoir de mémoire pour des faits qu'ils se doivent de réprouver, afin qu'ils ne se reproduisent plus jamais.
Et si, contrairement à l'ami turc de Pascal, des yeux restent obstiné-ment clos, n'est-ce pas à nous, enfants des rescapés de ce génocide de les leur ouvrir, comme a essayé de le faire Pascal, et semble y être parvenu ? Et qui sait ce que l'avenir nous réserve à cet égard, peut-être que le gouvernement d'Ankara recon-naîtra enfin le crime de ses prédécesseurs permettant à ses instan-ces de déposer une gerbe au pied d'un mémorial, comme nous le faisons chaque année.
C'est alors que l'amitié entre ces deux peuples saura se manifester pleinement comme celle de Pascal et de son ami turc.

LES YEUX D'ANKINÉ
Le 10 avril 1989, une jolie jeune femme de notre commu-nauté rejoignait les rivages de l' Eternité. Passagère du vol Paris-Valence, son avion un Fokker 27, percutait l'éperon rocheux du col de Tourniol, au lieu dit " La Pierre Chauve ", causant la mort des 19 personnes à son bord, dont Ankiné, et des 3 membres de l'équi-page. Vingt cinq ans déjà et des plaies de parents, amis ou proches qui ne se sont toujours pas cicatrisées. Mon propos aujourd'hui n'est pas de revenir sur cette tragédie, bien que le 10 avril dernier en a constitué le 25ème triste anniversaire, mais d'évoquer la mémoi-re d'Ankiné à travers la lettre que son fiancé écrivait à ses parents quelques jours après le drame.
L'écriture est tremblante et témoigne d'une émotion infinie. Chaque mot est l'expression d'un chagrin incommensurable. Il évoque ses yeux qu'il ne reverra plus jamais, en se remémorant la date du 9 avril où ils s'étaient momentanément quittés dans la " certitude de voir bientôt leur deux vies réunies par les liens heureux du mariage ". Et plus loin, il ajoutera " les froides exigen-ces de la vie me renvoient sur les lieux maudits où j'ai quitté Ankiné pour toujours ". Ce qui m'a bouleversé, c'est la commu-nion de sa douleur avec celle des parents de sa fiancée, notamment lorsqu'il écrit : " Sachez qu'à chaque instant qui s'écou-le, mes sens, mon cœur et mon âme sont tout entier tendus vers vous. " Alors ces beaux vers de Louis Aragon dans sa poésie " Les Yeux d'Elsa " sont remontés en moi, tels le souffle d'un amour éternel :

" Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa "

…les yeux d'Ankiné.


HAÏ-MAGAZINE
Haï-Magazine est le titre d'une émission sur la culture arménienne de Radio Méga à Valence. Elle est animée par Julien Vartanian et moi. Si je consacre ma rubrique à cette émission, c'est qu'au-jourd'hui, elle a trente-deux ans. Elle est l'héritière de Haï-Feeling émise sur une autre radio de l'époque Radio Feeling et qui était animée par Marc Koharian, Manoug Stépanian, Julien Vartanian et moi. Trente-deux ans que chaque semaine, étaient diffusés des chants, des ensembles vocaux, des orchestrations des pages d'his-toire, des interviews ou des rubriques événe-men-tielles locales à caractère arménien. Depuis trente-deux nous avons gardé le même générique : " la Danse des Pêcheurs " interprétée par l'ensemble du célèbre accordéoniste Bernard Dédétsian, bien connu dans notre région.
Et en cette date anniversaire les souvenirs abondent. La radio était située autrefois au dernier étage d'un immeuble côte des Chapeliers, où nous nous retrouvions tous les samedis à 12 heures. Les locaux étaient vétustes et n'avaient rien à voir avec ceux spacieux de Radio-Méga où nous continuons, Julien et moi, à animer cette émission.
Parmi les anecdotes " qui remontent " en ma mémoire je me souviens de notre ami , le regretté Mirhan, fidèle de notre émission et de ses commentaires chaleureux. Je me souviens aussi d'un autre auditeur, fidèle à l'écoute chaque same-di, un vétéran nonagé-naire, Hovaguim, qui pendant l'émission, prenait plaisir, soit à nous féliciter, soit à nous encourager, soit quelquefois à rectifier nos dires sur tel ou tel point des pages d'histoire que nous commentions. Marc et moi, avions décidé un samedi de passer à l'antenne ses remarques rectificatives.
Quelle avait été notre surprise de l'entendre dire le lendemain : " C'était qui, ce personnage qui est intervenu à l'antenne, hier ? " et il avait ajouté : " Présentez-le moi, afin que je le félicite de son érudition ! ".
N'ayant pas reconnu sa voix, il n'a jamais voulu croire qu'il s'agissait de lui ! C'était " Haï-Feeling " devenu aujourd'hui " Haï-Magazine " sur Radio Méga.
" LAS "
Le 27 avril dernier était la journée nationale de la dépor-tation. Devant le monument consacré à cette journée du souvenir, je n'ai pu m'empêcher de penser à Las, victime comme tant d'autres de la barbarie nazie. Las de son vrai nom Lovitsa Asla-nian, était née en 1905 à Tabriz en Iran. Elle avait poursuivi ses études à Tiflis, l'actuelle Tbilissi en Géorgie et s'était installée à Paris en 1923 avec son mari Arpiar. Participant activement à la vie littéraire arménienne de France, elle acquiert très vite une renom-mée par ses créations en prose et en vers, renommée qui débordera même son cadre communautaire. Ses premiers écrits " Le Lac ", " En dehors de la ligne ", " Point d'interrogation ", lui confèreront une large reconnaissance parmi les femmes de lettres. Admise comme membre de l'association des écrivains, ses convictions progres-sistes l'amèneront en 1936 à devenir membre du Parti Communiste Français et plus tard à rejoindre la Résistance Française luttant contre l'occupant allemand. Dénoncée, elle sera arrêtée le 26 juin 1944 par la gestapo et déportée au camp de concentration de Ravensbrück. Violée et torturée, elle sera finalement envoyée à Auschwitz où l'attendaient les fours crématoires. Avant de mourir elle écrira un long poème " Mala " dans lequel ses deux derniers vers prennent aujourd'hui toute leur signification :

" De ce sombre enfer le jour viendra
Où pour témoigner un survivant sera là… "

En ce lieu du souvenir, ces deux vers ont résonné en moi, tels un avertissement du passé. Et j'ai eu l'impression de voir son visage émacié, émergeant des nuages, flottant au-dessus des drapeaux tricolores déployés, et à ses côtés, les yeux infiniment tristes de son amie roumaine Olga Bancic, décapitée quelques mois avant , la même année.
Et le vent qui soudain s'est levé, m'a semblé porter leur messa-ge qui semblait nous dire : " N'oubliez jamais ! "


L'ARC EN CIEL " DZIADZAN "
En mars 1978, 36 ans déjà, le conseil paroissial de l'Eglise Apostolique Arménienne de Valence, sous la présidence de Jean-Manoug Stépanian prenait la décision d'éditer et de publier un bulletin sous le vocable de Dziadzan (Arc-en-Ciel). Une équi-pe de rédaction était formée comprenant Jean-Manoug Stépanian, Marc Koharian, Henri Siranyan, Julien Vartanian, Jacques Kojakian et le R.P. Narèg Vartanian. L'équipe se mettait aussitôt au travail pour accomplir les formalités d'édition, obtenir l'agrément, réunir les illustrations et surtout préparer les thèmes à développer dans le premier numéro. L'agrément des Services Officiels de Publica-tions était obtenu à la suite de l'enquête sur dossier. Après neuf mois d'efforts, le numéro 1 intégrant les périodes de décembre 1978 et janvier 1979 était lancé. L'éditorial du président Jean-Manoug Stépanian commencera par cet extrait de la Genèse ; " J'ai placé mon arc dans la nue, et il servira de signe d'alliance entre moi et la terre ".
Le coût de l'abonnement annuel sera fixé à 40 francs. La maquette de la page de garde sera confiée au jeune Bélékian qui dessinera l'Eglise de Noravank. Une centaine de fidèles répon-dront à l'appel. Ainsi tous les deux mois, le bulletin sera envoyé ou remis aux lecteurs qui, par leurs messages de sympathie, soutiendront l'équipe de rédaction. Les thèmes comprendront les sujets événe-mentiels de la ville ou de la région, des chroniques locales et même historiques.
Le bulletin ne vivra, hélas que trois ans, faute de moyens financiers et s'éteindra en décembre 1981 pourtant enrichi dans ce dernier numéro des nouvelles et des dessins d'un jeune, nouveau venu dans l'équipe : Krikor Amirzayan.
C'était l'Arc-en-Ciel dont les couleurs irisées réapparaîtront quelque dix ans plus tard sous la plume de la regrettée Nou-nouphare Avdjian avec un autre vocable, puis encore dix ans plus tard sous celle de la toujours dynamique Sossie Iliozer, redonnant vie à cet arc lumineux et coloré apparaissant dans le ciel après chaque averse, signe de renouveau.


MADAME MANOUCHAK
En cette journée de la fête des Mères, laissez-moi vous conter l'histoire de madame Manouchak, prénom arménien correspon-dant à Violette. Donc Manouchak habitait seule dans la rue Pérollerie, rue où d'ailleurs logeaient quelques familles armé-nien-nes, issues de la première vague d'immigration.
C'était une vieille dame dont on disait qu'elle avait enduré les affres de la déportation jusqu'à Deïr-Ez-Zor, lors du génocide de 1915, là où avaient été massacrés son mari et tous ses proches. Elle ne parlait jamais de son malheur et des atrocités subies. Nous savions seulement, aux dires de nos parents, qu'elle s'était résignée à jeter dans l'Euphrate le corps sans vie de son bébé, né au cours de l'exode. À l'approche du jour de la fête des Mères, nous avions projeté de lui faire un petit cadeau en fonction de nos faibles moyens. Lorsque je dis " nous ", je veux parler d'une bande de gamins fréquentant l'école de la Cathédrale voisine. Les moindres sous que nous avions pu collecter en raclant nos fonds de poches, ne permettaient pas d'envisager un quelconque achat.
En désespoir de cause nous avions sollicité un commerçant qui vendait dans la Grande-rue des souvenirs : statuettes, pots, assiettes décorées, etc., en lui expliquant notre démarche, pour lui demander ce que nous pourrions obtenir avec notre faible cagnotte. Le commerçant, ému par notre démarche, nous deman-dait de repasser le voir le lendemain. Et le lendemain, ce brave homme nous remettait une assiette décorée de la Tour Eiffel, valant dix fois la somme que nous avions récoltée.
Je me souviens de ce dimanche, où frappant à la porte de Ma-nou-chak, nous lui offrions cette assiette, la vielle dame ne pouvant retenir son émotion, était en larmes.
J'avoue à ma grande honte que le souvenir le plus vivace qui m'est resté de cette journée, est le bol de chocolat chaud qu'elle nous avait offert avec des gâteaux qu'elle même avait confectionnés.


LE MIALAN
Le Mialan est une rivière qui, aux abords de Saint-Péray puis de Granges-les-Valence, est un affluent du Rhône. Cette rivière a donné aussi son nom à un espace vert se trouvant en face de la clinique Pasteur d'aujourd'hui, jouxtant le Rhône. Cet espace ravive en moi de nombreux souvenirs de jeunesse. Nous étions dans la période de l'"après-guerre ", et les loisirs du dimanche n'étaient pas ceux d'aujourd'hui, aussi nombre de familles arméniennes allaient pique-niquer en ce lieu aux bords des lônes du fleuve.
C'était un coin de verdure où les enfants pouvaient s'ébattre et se baigner dans ces eaux stagnantes et où les plus téméraires allaient jusqu'à se jeter dans le courant du Rhône, au grand désespoir des parents. Par temps de canicule, ma mère, dès le samedi, préparait la salade faite de tomates, de concombres et d'oignons, les feuilles de vigne et les aubergines farcies qui devaient composer le menu du déjeuner sur l'herbe du lendemain. Tous les anciens, dont moi, se souviennent de ces journées mémorables qui abritaient les ébats de ces enfants " sortis " de la guerre dans l'insouciance de leur jeunesse. Je me souviens notamment qu'un copain, Aram, s'étant aventuré dans les flots du fleuve, malgré l'interdiction des parents, avait perdu son maillot, emporté par le fort courant.
Revenu au bord, à mi-corps, il nous faisant des signes désespérés pour nous faire comprendre sa délicate situation. Au bout d'un quart d'heure, l'un de nous, comprenant le désarroi du nudiste malgré lui, était allé chercher un caleçon de remplacement.
Or ce sous-vêtement étant celui d'un adulte, sa sortie de l'eau avait déclenché un éclat de rire général devant le tableau d'un garçon chétif dont le caleçon, trop ample, s'évertuait à descendre le long de ses jambes.
C'était le Mialan, cette aire de verdure qui a abrité nos baignades et nos jeux d'enfants, et qui a laissé, à tous ceux de mon âge, le souvenir de ces journées ensoleillées laissant percevoir la vibration de l'air chaud et le cri strident des cigales.
LES AVENTURIERS
DE L'ARCHE PERDUE
Je viens de recevoir de mon ami Sarkis, une carte postale illustrant le mont sacré des Arméniens : le mont Ararat. Bien que cette montagne dominant le Caucase avec ses 5156 mètres d'alti-tude, se soit exilée du côté turc, à 30 kilomètres de la frontière, après le traité d'Alexandropol du 2 décembre 1920, chaque habitant de la capitale Erevan, voit son sommet en se réveillant le matin. Paysage familier de la ville, l'Ararat a donné son nom au brandy arménien, au club de football, et de nombreux restaurants portent son nom. Bien plus, les armoiries de la capitale portaient son symbole, ce qui avait engendré par le passé une protestation du gouvernement turc ,s'argumentant sur le fait que cette montagne était située sur le territoire turc, ce à quoi il lui avait été répondu, non sans humour, que le drapeau turc comportait un croissant de lune, alors que la lune n'était pas turque. Les cimes de cet ancien volcan constam-ment enneigées, été comme hiver, n'ont pas cessé d'attirer les explo-rateurs en quête de vestiges de l'Arche biblique. Ainsi James Bryce, lors de son périple en Transcaucasie, découvrira au sommet quelques morceaux de bois, découverte qu'il consignera dans ses notes de voyage en 1877.
Antonio Palégo sera persuadé d'avoir décou-vert en 1988, les restes de l'Arche, emprisonnés, selon lui, dans les glaciers. Un avion espion américain survolant l'espace soviétique de l'époque distin-guera, selon le pilote, des formes dans la neige, qui pourraient correspondre à un navire. Toutefois le monde scientifique restera sceptique quant à ces révélations mais engendrera des vocations auprès d'aventuriers de tout poil. Mais ce scepticisme n'affectera pas les Arméniens, pour eux, l'Ararat est la montagne sacrée où Noé s'échoua avec son arche, et où comme l'indique l'histo-rien arménien du Ve siècle, Moïse de Khoren dans sa " Généalogie de la Grande Arménie ", l'origine des Arméniens est rattachée à Noé.
En effet l'ancêtre des Arméniens, Haïk, serait le fils de Thorgom, petit fils de Gomer, lui-même petit fils de Noé, qui s'installant aux environs du lieu où l'Arche avait abordé, sur le mont Ararat, aurait créé ce que plus tard on appellera l'Arménie.
Alors si un jour, vos pas vous mènent dans ce pays, n'hésitez pas à visiter le monastère de Khor Virap, au pied de cette montagne que les Arméniens appellent " le Massis Sacré ".

SUZANNE


Elle nous était arrivée en 2007 de la ville martyre du séisme, Gumri, l'ancienne Leninakan, elle-même ancienne Alexandro-pol en Arménie, où elle était enseignante et membre de jury d'exa-mens dans la province de Chirak. Fortement impliquée dans le domaine associatif communautaire, dès son arrivée, elle mettra son savoir et ses compétences à la disposition des asso-cia-tions armé-niennes de notre ville et des environs. C'est ainsi qu'elle inter-viendra à la Croix-bleue, en enseignant la langue et la littérature arméniennes aux enfants fréquentant l'école de cette association. Infatigable, elle rejoindra le groupe des institutrices de l'Ecole Tavitian attaché à la paroisse Saint-Sahag où elle formera les candidats au baccalauréat, en vue de la préparation aux épreuves de langue arménienne.
Toujours le vent en poupe, Suzanne animera différentes interventions littéraires au sein de la bibliothèque de la Maison de la Culture Arménienne. Maman de deux enfants, et grand-mère de six petits-enfants, elle trouve encore le temps d'écrire des articles littéraires dans le journal " Nor-Haratch ". La radio communau-taire Arménienne, Radio A, comprenant tout le parti pouvant être tiré d'une telle érudite, s'attachera ses services, en lui confiant plusieurs temps d'an-tenne dans les domaines les plus variés, et notamment les pages événementielles de la communauté où elle excellera dans des commentaires appropriés et opportuns. Cette jeune grand-mère de 58 ans trouve encore le temps d'écrire un ouvrage historique en arménien sur la ville d'Urfa, l'ancienne Edesse dont nombre de familles arméniennes à Valence et à Bourg-lès-Valence, sont originaires.
Alors si d'aventure, un jour, vos pas vous conduisent dans la ville de Gumri en Arménie, ville où Suzanne a vécu et professé, vous rencontrerez peut-être un ou plusieurs de ses anciens élèves de l'établissement où elle était une sous-directrice estimée.
Mais surtout vous découvrirez l'ancienne Alexandropol des tsars, ville détruite en partie par le terrible tremblement de terre de 1988, et reconstruite aujourd'hui, par la volonté, la ténacité de ses habi-tants.
LES DEUX SAINTES
DU PREMIER DIMANCHE D'ÉTÉ
Hier, c'était le début de l'été. En cette période, les Eglises arméniennes célèbrent la Fête des Saintes Vierges Hripsimé et Gayané. Lors de ces célébrations, le cantique " Antzink Nouvi-ryalk " est chanté, hymne composé au VIIe siècle par le Catho-licos Komitas d'Aghtzik. Hripsimé et Gayané sont des martyres chré-tiennes qui fuyant les persécutions romaines au IIIe siècle, s'étaient réfugiées à la cour d'Arménie, protégées par la sœur du roi Khos-rovidoute convertie au christianisme à l'insu de son frère le roi Tiridate resté païen. Ce dernier voudra épouser Hripsimé dotée d'une grande beauté.
Devant le refus de celle-ci, le roi, fou de rage, fera mettre à mort Hripsimé, l'abbesse Gayané et les trente cinq autres jeunes chrétiennes qui les accompagnaient. Influencé par Dioclétien dans sa hargne antichrétienne, le roi fera jeter dans la fosse d'un puits, Saint Grégoire qui prêchait le christianisme. Treize années s'écouleront pendant lesquelles le roi aura à lutter contre une maladie que les mages du pays ne pouvaient guérir. Puis pris de remords et influencé par sa sœur, Tiridate fera libérer Saint Grégoire de la fosse dans laquelle il l'avait fait jeter, déclarera le christianisme comme religion d'Etat et réhabilitera Hripsimé, Gayané et leurs trente cinq compagnes. Dès sa libération Saint Grégoire, devenu le premier Patriarche d'Arménie, fera construire pour chacune des deux saintes, un martyrium, désigné sous le vocable de " Hripsimyantz " et " Gayanantz ". Le R.P. Gourkèn, prêtre de la paroisse Sainte Gayané à Etchmiadzine, que j'ai bien connu de son vivant, me racontait qu'autrefois, dès les premiers jours de l'été, les jeunes filles du village voisin Oudjan, toutes vêtues de blanc, allaient en procession jusqu'au tombeau renfermant les reliques de la sainte dans le sous-sol de l'église portant son nom, pour y déposer un bouquet de roses blanches.
Ce qui n'est pas sans me rappeler cette jeune fille, prénommée Hripsimé, qui le premier dimanche de chaque été, entrait autrefois à l'église Saint Grégoire à Valence, la tête recouverte d'un tulle blanc et tenant d'une main un cierge allumé pendant tout l'office et de l'autre deux roses blanches en mémoire des deux saintes.


LES 20 ANS DE PAPIER D'ARMÉNIE
C'était le 28 juin 2007 au Centre du Patrimoine Arménien, que cet anniversaire était célébré, et où Annie Roumy-Koulak-sézian, conseillère municipale et déléguée du Centre, remettait une reli-que, le premier exemplaire de la une du journal, le Dauphiné Li-béré, à André Hairabédian. Le lendemain, le journal titrait " Vingt bougies pour Papier d'Arménie ".
Parmi les photos illustrant l'événement, l'une d'elles fera figure d'image pour la postérité, celle où une centaine de notables et d'amis ovationnaient André, ce dernier essayant de masquer sa modestie et sa simplicité naturelle par un sourire. Sept ans depuis se sont écoulés et ce mois de juin 2014 concrétisera vingt sept années de parution, décrivant la vie de notre communauté que d'aucuns qualifient d'intégration exemplaire. Vingt sept années où chaque dimanche, André met en exergue son intime union entre l'esprit et la passion, entre le trait souvent lyrique et l'habile vision que sa plume sait transcrire, mettant en pages une vie communau-taire sans a priori, où apparaît l'image éclatante, voire farouche, quelquefois joviale ou triste de l'événement, empreinte de sa bonhomie naturelle. Et chaque dimanche, le lecteur semble respirer, à travers ses lignes ou celles de sa collaboratrice Iskouhi, le doux parfum de l'Ararat du monde des origines et du paradis perdu.
Ce fut, et c'est encore, une balade sur un voilier appelé " Papier d'Arménie " affrété il y a vingt sept ans. Ballade où se mêlent, pêle-mêle, les fifres et les tambourins d'Alphonse Daudet avec le dudug et le kamantcha de Sayat-Nova ; où se mêle encore la poésie de Frédéric Mistral avec celle de son ami Archag Tchobanian. Depuis le voilier est devenu une belle goélette mue par la douce brise du journal. Et de dimanche en dimanche, nous en sommes les passagers. Il y a sept ans en cette journée du vingtième anniversaire, tous ces passagers étaient présents pour magnifier d'un seul élan, André, le journal et la goélette, laissant augurer bientôt celui du trentième.
Et comme pour encenser l'événement, au loin, Crussol semblait fraterniser avec l'Ararat.

 

Table des matières

HOMMAGE À MON PÈRE 7
PRÉFACE 9
LA VIEILLE DAME D'OSHAGAN 11
DANIEL VAROUJAN 12
LES DEUX AMIS 13
LES YEUX D'ANKINÉ 14
HAÏ-MAGAZINE 15
" LAS " 16
L'ARC EN CIEL " DZIADZAN " 17
MADAME MANOUCHAK 18
LE MIALAN 19
LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE 20
SUZANNE 22
LES DEUX SAINTES DU PREMIER DIMANCHE D'ÉTÉ 23
LES 20 ANS DE PAPIER D'ARMÉNIE 24
" APARAN " 25
BARON ONNIG 26
DOUCE PLAGE 27
LE TROUVÈRE DES TEMPS MODERNES 28
LES PHOTOGRAPHES D'ANTAN 29
LES DAMES DE LA CROIX-BLEUE 30
LE DUDUK 32
L'ECUME D'ANTAN DU QUARTIER ARMÉNIEN 33
KARINE GALSTIAN UN ART NOUVEAU EN ARMÉNIE 34
L'OBSIDIENNE D'ARMÉNIE 35
LE TEMPS DES VENDANGES 36
GEORGES L'INFATIGABLE BAROUDEUR 37
MEGHRI ET LE VIEUX GRAND-PÈRE 39
ARTHUR VAHANIAN 41
LES KHATCHKARS 42
LES PATRONYMES ARMÉNIENS 43
HAYGAZ ET JEAN-PAUL 44
GINETTE ET ÉLIANE 45
LA PLACE DE LA RÉPUBLIQUE À EREVAN 46
ARTHUR MAGAKIAN 47
TALIN ET GYUMRI 48
LES PRÉNOMS ARMÉNIENS 49
LA BANQUE ALIMENTAIRE ARDÈCHE-DRÔME 50
VOSKAN YEREVANTSI 51
L'ENSEIGNEMENT DE L'ARMÉNIEN À VALENCE 52
LA BRANCHE DE SAPIN 53
AGNÈS VAHRAMIAN 54
ROUSTAM LE MAMELOUK DE NAPOLÉON 55
LE LAVACH 57
ORIGINE DU NOM " DESARMÉNIEN " 58
100ème ANNIVERSAIRE 60
LES VOLONTAIRES ARMÉNIENS 61
MISSAK MANOUCHIAN 62
LE MATENADARAN 63
LA TRADITION ET LA LÉGENDE 64
LES AMICALES COMPATRIOTIQUES 65
SAINT GRÉGOIRE DE NAREK 67
LE MYOSOTIS 68
HENRY BARBY 69
SÉVERINE 70
LE BÛCHERON DE LA RUE BOUFFIER 71
CHOUCHANE ET ASTRIG 72
ZABEL ESSAYAN 74
HASAN CEMAL 76
DZIDZERNAGAPERT 77
LE JOUR DE VARTAVAR 78
GRÉGOIRE DE LA MALADIÈRE 79
COCO LE MARIN 80
LES IMMORTELS 82
LES DEUX YEGHICHE 83
KARABALA 84
LE VOILIER DU LAC SEVAN 86
L'ÉMOTION D'UN PEINTRE 87
SAM LE CONTEUR 88
UNE ÉTOILE À DZIDZERNAGAPERT 90
LA GROTTE MIRACULEUSE 91
LÉA SALAMÉ 93
HENRY CUNY 94
LE VERNISSAGE À ÉRÉVAN 95
L'ÉTRANGÈRE 96
LES " JAMA " UNE INSTITUTION À VALENCE 97
TOROS ROSLIN 99
L'INDÉPENDANCE DE 1991 101
LA FORTERESSE D'ÉRÉBOUNI 102
SAINT GRÉGOIRE DE TALLARD 103
ANATOLE FRANCE 104
VALENCE, AU COIN DES RUES 105
DILIDJAN 106
CHARLES ET AGOP 108
MÈRE TERESA 110
FLEURS DES ANCIENS PRINTEMPS 111
LES DEVS ET ANAHIT 113
LA GOULE NOIRE 114
LA RUE PÊCHERIE 116
PAULE HENRY BORDEAUX 118
LE JOUR DE NOËL 119
LES DEUX " CABASSE " 120
LES CHANTS DE GOGHTEN 121
LES DEUX COLIS 122
LA LOI DU 29 JANVIER 2001 123
HOMMAGE AUX VICTIMES DE PARIS EN ARMÉNIE 124
LES GROTTES DE MANDRIN 125
L'AMIRAL LOUIS DARTIGE DU FOURNET 126
DUILIO DONZELLI 128
MISSAK MANOUCHIAN 129
LES FLEURS DU MAL 130
LE STADE DE LA PALLA 131
MANOUK ABEGHIAN 133
LE CULTE DU FEU 134
LES ŒUFS DE PÂQUES 135
UNE IMMIGRATION RÉUSSIE 137
LE VILLAGE SUISSE 138
RENCONTRES ARMÉNIENNES EN KABYLIE 140
YVES TERNON 141
SANS MÉMOIRE LE PRÉSENT EST VIDE 142
LES RÉMINISCENCES DE L'AMI JULIEN 143
LES GRANDS ÉVÉNEMENTS DE LA DRÔME 145
LE MONT ARAGATS 147
ARAM, LE MUSICIEN DE LA RUE BARO 149
LA MAISON DE LA CULTURE ARMÉNIENNE 151
LE COLLECTIONNEUR DE " PAPIERS D'ARMENIE " 153
HENRY CUNY 154
REPORTAGE EN ARMÉNIE 155
LA FÉE MÉLUSINE 157
LA RUE ABOVIAN À EREVAN 158
LE BLOCKHAUS DU POLYGONE 160
HANNIBAL 161
LE OUD 162
LA FORÊT DE DZAGHKADZOR 163
PETITE FLEUR 164
LE PAPE EN ARMÉNIE 165
LE PRÉSENT, LE FUTUR ET LE PASSÉ 166
CALOUSTE GULBENKIAN 167
21 SEPTEMBRE 1991 169
RAFI LE BÂTISSEUR 171
PIERRE DESCHAMPS 173
LE PRIX AURORA 175
GILBERT PESTRE 176
BADO LE SPORTIF 178
L'ÉGLISE KATOGHIKE 179
LA SALLE DES FÊTES 180
ELDA GRIN 182
TABLE DES MATIÈRES 183

pour commander le livre
envoyez un chèque de 25 euros à nos éditions avec votre adresse précise

18 euros (+7 euros pour une expédition chez vous)

expédition à réception du règlement

Editions et Régions. La Bouquinerie - 77 avenue des Baumes - 26000 Valence - France

Note : le premier livre d'Henri siranyan est toujours disponible :

250 pages. 18 euros
cliquez ici pour plus de renseignements


Note : un autre livre d'Henri Siranyan est en préparation et sortira dans quelques temps (juin au septembre 2017) :

Contes et légendes d'Arménie
Les anciennes croyances arméniennes

TABLE DES MATIERES :


PREFACE 7
INTRODUCTION 10
LES ANCIENNES CROYANCES ARMÉNIENNES 14
LE PAGANISME SOURCE DE LEGENDES 16
LES POEMES EPIQUES 20
LE DEV 24
CONTES ET LEGENDES D'ARMENIE 29
ARCHAG LE MALICIEUX 31
AZAD ET LA FAUCHEUSE 35
ACHOD, L'ANE ET LE DIABLE 41
HOVHANNES ET TAMERLAN 45
HOVIG LE MALICIEUX 50
LA BELLE THAMAR 56
LE LUTIN DE DILIDJAN 60
NAZAR LE BRAVE 66
SARO ET LA CHEVRE 76
SEMBAT LE VAILLANT 79
SOUREN ET ANAHID 84
VAHAN LE LOUP 90
VANIG ET LA GRENOUILLE 98

avec des illustrations de Valérie Siranyan, sa fille.

 



| Accueil | Éditions | Zoom ! | Publishing house | Home |


© La Bouquinerie & Editions et régions, 1997-2017

Editions et Régions.
La Bouquinerie - 77 avenue des Baumes - 26000 Valence - France
Tel : ++33 (0) 6.88.08.35.96 - Mail : contact@labouquinerie.com
Sauf mention contraire, les images illustrant ce site sont protégées.
Dernière mise-à-jour : 2017 Last update :