La Bouquinerie

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La mémoire de l'Ardèche tome 1

La mémoire de l'Ardèche
Tome 1 : langue, enseignement, santé, conscription, religion, élections
Gilbert Antressangle

16x24cm. 64 pages. Couverture pelliculée en couleurs. Papier couché mat 95 gr. Très nombreux documents photographiques et cartes postales... Préface de Pierre Vallier. 49F
I.S.B.N. : 2-910669-40-8.


Préface

Avant-propos

Langue

Enseignement

La conscription

Religion

Santé

Les élections

L'affiche électorale de Raymond Bayle


Préface de Pierre Vallier

L’irréfutable image

S’il est une mémoire indiscutable, c’est bien celle des images. Les photographies sont des témoins impartiaux de ce qui a été, de ce qui demeure. C’est d’ailleurs dans ces images de la petite patrie que nos ancêtres et nos parents ont vécu, et dans lesquelles beaucoup d’entre nous continuent de vivre. Certes gens et choses ont bien changé mais les souvenirs courent encore sur ces chemins qui poudroient et s’attardent sous les platanes des places de village où l’on ne s’interpelle plus en patois. Souvent la mairie-école est encore là, et les gamins en galoches et blouses flottantes racontent la même histoire depuis des générations. Les conscrits toujours dans la même pose avantageuse attendent l’appel d’un clairon enroué. Plus immuables sont l’église et le temple où nos parents se sont mariés et où nous viendrons un jour à notre tour. Le jour du marché donne un air de fête aux rues villageoises avec la foule parmi les carrioles et la calèche du médecin qui avance au pas menu de sa jument. La mémoire peut flancher, le tambour de ville ne résonne plus. Mais la photographie reste, elle est là, fidèle en noir et blanc, qui raconte l’histoire d’irréfutable manière. Il faut savoir gré à Gilbert Antressangle d’avoir consacré une part de sa vie à recueillir cartes postales et photos avec talent et enthousiasme. Aujourd’hui, elles disent le vrai de notre histoire provinciale, et c’est irremplaçable.

Pierre Vallier


Avant-propos...

Faire une collection qui s’appelle « La mémoire de l’Ardèche », vous jugerez peut-être cela prétentieux. Pourtant, le terme me paraît juste. Aborder chaque aspect quotidien de la vie en Ardèche de 1900 à l’entre-deux guerres, voilà le but de ces livres et l’avenir me dira si j’ai eu raison. Pour montrer cela, quoi de plus révélateur que ces cartes postales anciennes qui ont su fixer pour toujours ces instantanés, ces tranches de vie du passé ? Un ami me faisait récemment remarquer que les cartes postales modernes n’étaient plus animées. Elles ne montrent plus que des monuments, des sites. Disparues, ces photos des métiers, ces rues peuplées, ces marchés vivants. Que laisserons-nous comme témoignages à nos successeurs ? Bien sûr, il y aura l’image animée, la télévision, le cinéma, mais cela aura-t-il le même charme que ces clichés nostalgiques ? Ce n’est pas pour rien que la carte postale a de nombreux passionnés et que cet amour contagieux se développe un peu plus chaque jour... Pour accompagner ces images merveilleuses, même si elles peuvent presque se suffire à elles-même, les journaux de l’époque nous fournissent quantité d’informations et d’anecdotes. Elles réhaussent encore l’intérêt de ces cartes postales. Pour finir, j’adresse un grand merci à Gilbert Antressangle sans qui rien n’aurait été possible et puisse cette collection compter de nombreux autres volumes !

L’éditeur


Langue

En 1893, l’idiome vulgaire est un sous-dialecte de la langue d’oc, dans lequel on trouve beaucoup de mots d’origine gauloise, latine et quelques mots d’origine grecque, arabe et germanique.
En Ardèche, le patois est une langue le plus souvent parlée, rarement écrite. Compte tenu de la diversité des parlers selon les régions, voire les villages, il serait difficile d’écrire un livre en patois aisément accessible à tous les Ardéchois.
Quelques érudits ont étudié ces patois, le plus crédible est sans conteste Georges Massot qui, dans « Vivarais-Ardèche » (éditions Bonneton), a apporté des précisions sur les différentes aires des parlers en Vivarais.
Je n’ai cité, et ne citerai, que quelques mots entendus dans ma jeunesse, patois certes, mais aussi expressions le plus souvent locales et j’ajouterai une adaptation (sans garantie...) d’un poème découvert au hasard de mes recherches et sans nom d’auteur, situé dans la région de Bourg-Saint-Andéol : « La Truite et l’Âne ».
Il n’existe pas de patois purement ardéchois, chaque zone étant marquée par un voisinage où le vocabulaire est solidement ancré, la langue d’Oc par exemple ; c’est généralement la prononciation qui donne aux mots un caractère plus local.
On peut dire, sans entrer dans le détail, que :
- le patois du nord du département est influencé par celui du Lyonnais et du Limousin ;
- celui de l’extrême sud est imprégné de Provençal ;
- au centre, c’est un mélange Auvergne/Provençal (aux alentours des Boutières) ;
- au sud-ouest, le parler est teinté de Provençal avec une touche de Gévaudan...

Saint-Maurice-d'Ibie
Saint-Maurice-d'Ibie

Proverbes et dictons vivarois (1857)

Dis mé en caou vas, té dirai caou siès.
Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es.

Omi dé cadun, omi dé dengun.
Ami de tous, ami de personne.

Omi qué noun valio, coutel qué noun talio, sè lous perdés, noun ten chalio.
Si tu perds un ami qui ne peut rien et un couteau qui ne vaut rien, n’en aie souci.

Aima è estré hoï, espéra è noun véni, estré ei lié è noun durmi, soun trés caousos qué fon mouri.
Aimer et être haï, espérer et ne pas voir venir, être au lit et ne pas dormir, sont trois choses qui font mourir.

Entre canalio l’on ès bien léou d’acord.
Entre canaille, on est bientôt d’accord.

Coumo lous pouns, vun gasto l’aoutré.
Ils sont comme les fruits, l’un gâte l’autre.

Lio pa d’oli san crasso.
Il n’y a pas d’huile sans crasse.

L’omitié pouo pa véni tou d’un caïré.
L’amitié ne peut venir toute d’un seul côté.

Lar viel bouno soupo, gentu salo pa l’oulo.
Lard vieux fait bonne soupe, la beauté ne bonifie pas la marmite.

Vaou maï omi en plaço, qu’orihen en bourso.
Mieux vaut ami en place qu’argent en bourse.

Caou li faï, n’o lou maï.
Plus on donne, plus on reçoit.

Un bienfa réprouscha ei dous cos poga.
Un bienfait reproché est deux fois payé.

O l’omi lou sègré ou lou règré.
Le véritable ami se fait suivre ou regretter.

Gardo quand l’aouras, si noun t’en répentiras.
Garde-le bien quand tu l’auras, sinon tu t’en repentiras.

Deux inséparables...
Deux inséparables...

Lo trouïto et l’azé La truite et l’âne

Un perschaïre o lo luminado / Pren uno trouïto somounado, / Dé vingt liéouros un corteïrou, / Per trota quaouqué grand seignou, / Qué dévio possa lou divendré, / Mais plougué dru coumo dé cendré, / Ainsi mandé per un exprès / Qué vendrié din huiet jhours après ; / Lous consous qué fasien lo pescho / Vésen lo trouito fresco / Qué répaousavo sur lou bord / Diguérent qué falié d’abord / Ly mettre ey couol uno clouchetto / Et lo ghita din laïguo netto / Ey pré soun cher Clémen, / Per répréné quan sério ten.

Uno ton vénérablo peisso, / Vésés un paou quanto finesso : / Countavoun qu’entenden lou soun / La manquarian pas ey bésoun, / D’autant miei qué pauséroun marquo / Vis à vis de la grando barquo. / Lou dijhoou d’après sur lou soir, / Lous consous quittoun lious manoir, / Fasoun battré la généralo / Au bun tambour, uno timbalo, / Et munis de lious chapeyrous
Assembloun dés quatre cantous / Lous plus habilés dés peschaïres / Qué laïssoun toutés lious affaïres / Per ana préné vitomen / La trouïto qué nadavo ben / Et qu’avié fa maï d’une léguo / Aubé lo clouchetto d’un’éguo.

Quand dey Rhoné soun sur lou bor, / Coumo si chacun éro mor, / Escoutoun din cun grand silenço, / Doussomen, sans impatienço / Couro lo truïto passarié, / Per ly ghita lious esparvié. / Après avé fa uno paouzo, / Jusqu’à la nuiet tout à fait claouzo. / Un azé (sauf vostré respect), / Un paou dessous béouré venguet / C’est-à-dire, près de lo tralio, / En fasen ana so sounalio. / Lous peschaïres disoun : Chut ! chut !
Messius, fagué pas ghis de brut, / Véiez lou peissoun tan célébré / Qué voou vingt fès maï quno lébré, / Lou manquaren pa, si Diéou play ! / En mêmo ten j’hétoun sur l’ay / Un esparvié dé quinzé cano / Et lou plounjhoun coumé dé lano, / Chacun tiro dé soun coustat, / L’azé qués dédin lou fiolat, / Poussan en l’air dé cris de jhoyo.

Davé près uno talo inchoyo / En poumpé, en grando cérémounié, / Lou pourtoun din cun béou panié / Jhusqu’à la maison dé vilo. / Lous consous ey bout de la filo / Fan d’abord souna lou counsel, / Et chacun ven en soun chatel. / Mais un nouma simplicien Blazé / Qué counéguet à qui soun azé / Admiro l’hounou qué ly fan / Lou pren, l’enméno en resshognan / Et l’azé d’une pétorado, / Saludo touto l’assemblado ; / Dès quès sourti dé soun fiolat, / Broman coumo un vray poussédat ; / Dey soun dé sa voué musicalo / Fay rétenty touto lo salo.

Mais en qué songhéo moun esprit / Ses eïgorat, sen contrédit, / Moun dessein néro pas de faïré / Un détail qué duressé gaïré, / Ni may de vous représenta / Dey Bourg touto l’antiquita, / Que m’en passo per los ooureillos, / Ou per miey diré los merveillos, / Car iéou crésé qué mé faudrié / May de vingt ramos de popié. / D’aliur d’intré nous qui losignero / Dey couchan jhusquo à l’auroro / Mé bourné dounc ey cas nouvel / D’un homé qu’a chambro à Lunel. / Yéou passé soun noum sou silenço / Per respect et per révéranço / Véiez lou fait, escouta lou / Et jhujhorez de so volou.

Un pêcheur à la lampe prit dans le Rhône une truite saumonée de vingt livres exactement. Alléché, un important seigneur fit dire qu’il passerait le lendemain, un vendredi. Hélas, ce jour-là, il se mit à pleuvoir dru comme des cordes et le noble annonça par message express qu’il reportait de huit jours sa visite. Les consuls(1), sachant que la truite hors de l’eau n’attendrait pas jusque-là, proposent de lui mettre au cou une clochette comme en portent les juments et de la remettre dans le fleuve, au pré chez Clément, pour la repêcher au bon moment.

Voyez la finesse de nos hommes : ils comptent, grâce au bruit, ne pas la manquer ; d’ailleurs le pêcheur a déjà mis un repère en face de la grande barque. La veille de la visite, les consuls quittent leur manoir, font battre la générale avec un tambour, une timbale et accompagnés de leurs chaperons. Ils rassemblent des quatre cantons les pêcheurs les plus habiles. Ces derniers laissent tomber ce qu’ils font pour aller prendre au plus vite la truite, notre truite qui nageait bien et qui avait déjà fait plus d’une lieue, peu gênée par sa clochette.

Quand la troupe arrive au bord du Rhône, nul alors ne parle plus ni m’émet un son, pour ne pas rater le bruit de la clochette. Au premier signal, ils jetteront leur épervier(2). Mais la nuit tombe, bien noire, et toujours pas de bruit. Dans l’obscurité, un âne (sauf votre respect) vient boire au fleuve, près de la traille, et bien innocemment fait tinter sa clochette. Les pêcheurs sont immédiatement sur le pied de guerre, pensant avoir repéré l’animal tant attendu. Ils jettent alors leur épervier de quinze cannes(3) dans la direction du bruit. Tout le monde tire sur le filet, en trouvant que cette truite est bien lourde, mais dans l’action, personne ne songe à le dire tout haut et chacun trompe l’autre sans le savoir. Enfin le filet tout entier est à terre et les pêcheurs poussent bien haut des cris de joie.

Fiers de cette prise, ils la portent en grande pompe et bien cérémonieusement, le filet mis dans un ample panier, jusqu’à l’hôtel de ville. Les consuls, au bout de la file, font d’abord appeler le conseil et chacun vient de son château. On ouvre le filet, point de truite, mais un âne ! Celui-ci, à peine sorti, brame comme un vrai possédé ; du son de sa voix musicale, il fait retentir toute la salle. Un simplet, qu’on appelait Blazé, reconnaît là son âne et croyant qu’on a voulu lui jouer une farce, le prend et l’emmène en ronchonnant. Pour remercier ses porteurs, la bête salue toute l’assemblée d’une pétarade.

Mais je songe que mon esprit s’est égaré, sans contredit, mon dessein n’était pas de faire un détail qui ne durerait guère, ni même de vous représenter du Bourg(4) toute l’antiquité qui me passe par les oreilles, ou pour mieux dire les merveilles, car je crois qu’il me faudrait plus de vingt rames de papier.

Notes :
(1) Consul : magistrat municipal.
(2) Épervier : espèce de filet.
(3) Canne : ancienne mesure de longueur variant de 1,71 m à 2,86 m.
(4) Bourg : Bourg-Saint-Andéol.

Note : Plus qu’une traduction, c’est une adaptation qui vous est présentée en regard de ce texte occitan. Il ne faut pas chercher une équivalence fidèle pour chaque mot.


Enseignement

En 1868, le département de l’Ardèche compte au nombre de ceux où l’instruction est la moins répandue.
Les écoles sont assez bien fréquentées l’hiver, elles sont pratiquement désertes l’été, les enfants étant occupés aux travaux des champs. Ceci est très néfaste à l’éducation des élèves qui ont vite oublié, pendant les six mois de la belle saison, ce qu’ils ont appris au cours de leur trop courte scolarité.

Pour tenter de pallier cette lacune, des écoles d’adultes ont été ouvertes, elles fonctionnent uniquement durant l’hiver.
Le recensement de 1876 a donné des résultats catastrophiques quant au degré d’instruction des Ardéchois :
- Ne sachant ni lire ni écrire 175 472 45,65%
- Sachant lire seulement 75 919 19,75%
- Sachant lire et écrire 129 575 33,71%
- Dont on n’a pu vérifier l’instruction 3 412 0,89%
Pour une population civile de 384 378 habitants.

Châteaubourg en 1928
Châteaubourg en 1928

Instruction secondaire

Établissements publics.
En 1877, on compte 204 élèves au Lycée Impérial de Tournon (ce fut, rappelons-le, le premier lycée de France créé en 1542), 162 au collège communal de Privas.

Établissements libres.
Toujours en 1877, 103 élèves fréquentent les institutions secondaires libres, répartis dans les collèges de Privas, d’Annonay et de Saint-Jean à Bourg-Saint-Andéol.
L’école chrétienne de Privas accueille 250 scolaires.

Instruction primaire

En 1875, l’École Normale Primaire de Privas est dirigée par M. Marlot, officier d’Académie, le personnel est composé de deux aumôniers (un catholique, un protestant), trois maîtres-adjoints, un professeur de musique et un d’agriculture. Trente aspirants instituteurs, classés en trois divisions, se préparent à la carrière de l’enseignement primaire.
En 1877, 177 communes sur 339 (soit 52%), sont pourvues d’une ou plusieurs écoles (publiques ou privées) ; 54 614 élèves au total se rendent plus ou moins régulièrement en classe et ce pour diverses raisons : éloignement, travaux des champs, et parfois même pour des motifs religieux.

 

Valeureux élèves

Afin d’encourager l’émulation chez les enfants, des prix, pour le secondaire, et des bons-points dans le primaire, sont distribués, avec parfois une évidente solennité, notamment dans les collèges et lycées.
C’est ainsi qu’en 1868, au lycée impérial de Tournon, monsieur le marquis de la Tourette, député, a lui-même présidé la remise des prix, le plus souvent constitués par des livres. Le palmarès était assez élogieux puisque trois élèves furent admis à l’École impériale des Arts et Métiers d’Aix : Deluol, Mathieu (dit Robert) et Bertrand.
Autre prix, celui-ci obtenu par M. Jean-Louis-Marie-Alexandre Deschanel de Largentière : le prix de droit romain et une mention de droit français à la faculté de droit de Grenoble, en octobre 1868.
Nouvelle façon de stimuler les élèves, avec la création le samedi 22 juin 1868 de la Société cantonale de Privas, sous l’égide de monsieur le baron de Farincourt, dans le but de développer et d’encourager l’instruction primaire.
Monsieur Fougeirol, membre du Conseil général, installé dans les fonctions de 2e vice-président, informe le comité qu’une somme de 1 000 francs est mise à la disposition de la commission afin que les instituteurs mariés (les célibataires seraient sans doute tentés de faire l’école buissonnière pour aller dans les quartiers douteux de la capitale ?) puissent visiter l’Exposition universelle, ce qui contribuera certainement à développer chez les maîtres le goût de l’enseignement pratique...
Pour concrétiser les promesses de cette société, une grande fête a lieu à Rochemaure, le dimanche 25 août 1868, à l’occasion, un concours avait été ouvert entre toutes les écoles du canton, il était doté de nombreux prix.

Ecole publique de Vogüé-Village en 1931
Ecole publique de Vogüé-Village en 1931

Lu dans « Le courrier de la Drôme et de l’Ardèche » de 1842

Le 22 décembre, un de nos compatriotes de l’Ardèche, depuis longtemps domicilié à Paris, M. le comte de Romieu, vient de donner une preuve de son bon souvenir à son pays natal en le dotant, à ses frais, d’un utile établissement d’instruction publique gratuite. Pour cela, il a fait don à la commune de Saint-Fortunat d’une somme de 2 000 francs pour la création d’une école de filles.
Le 27 septembre, le Conseil général renouvelle le vœu afin que le collège de Tournon soit élevé à la 2e classe. Il désire vivement que les promesses, par lesquelles ce vœu est accueilli depuis plus de dix ans, se réalisent enfin...
En juillet 1868, sur proposition de M. le Préfet, son Excellence M. le Ministre de l’instruction publique accorde à la commune de Berzème une somme de 2 000 francs pour l’établissement d’une maison d’école.


La conscription

Établie par la loi du 19 fructidor de l’an IV, la conscription est l’inscription annuelle des jeunes gens âgés de 20 ans dans le but de les soumettre au service militaire, dont la durée varie selon les guerres en cours et les pertes subies :
- en 1818, elle est de 6 ans ;
- en 1832, de 7 ans, avec possibilité de remplacement en payant son suppléant ; en cas de guerre, si le remplaçant est tué, le remplacé devra partir ou payer un autre remplaçant ;
- en 1872, 5 ans pour l’active, il devient obligatoire pour tous, avec suppression du remplacement ;
- en 1905, 2 ans pour l’active ;
- en 1920, un an pour l’active.
Le conseil de révision est institué le 29 août 1805, il est chargé d’examiner les opérations de recrutement.
Présidé par le Préfet ou par le secrétaire général de la préfecture, il est composé d’un conseiller général, un conseiller d’arrondissement, un officier général, un sous-intendant, un officier de gendarmerie, un commandant de recrutement, un médecin militaire.
Ce conseil siège successivement au chef-lieu de chaque canton.

Saint-Fortunat, classe de 1924
Saint-Fortunat, classe de 1924

... Pour le jour de l’An, les conscrits avaient pour coutume de rendre visite à leurs conscrites.


Religion

En 1857, il y a en Ardèche 341 912 catholiques (88%) et 44 647 protestants (12%).

Culte catholique
On dénombre 359 paroisses pour 339 communes. Cela s’explique par le fait que certains hameaux importants sont constitués en paroisse.

Culte protestant
En 1802, Bonaparte, par les articles annexés au Concordat, reconnaissait les Pasteurs qui devenaient de ce fait salariés de l’État.
Ceci explique l’augmentation de leur nombre :
— 10 en 1806,
— 54 en 1880.
Le département comprend 9 consistoires, composé de 38 paroisses.

 

Les inventaires d’église

Promulguée par Émile Loubet (un drômois) le 9 décembre 1905, publiée au Journal Officiel le 2, la loi sur la séparation de l’Église et de l’État reçoit son application effective le lendemain.

Inventaire d'église à Colombier-le-Jeune le 14 mars 1906
Inventaire d'église à Colombier-le-Jeune le 14 mars 1906

Il s’agit en fait de procéder à un inventaire complet de tous les biens appartenant aux édifices publics de culte, afin de les transmettre aux associations cultuelles.
Simultanément, les budgets de l’État, des départements et des communes, destinés aux dépenses des cultes, sont supprimés.
À Paris, les inventaires commencent dès janvier 1906. En Ardèche, ils ont lieu en mars de la même année :
- le 1er à Annonay pour l’église de Saint-Joseph-de-Cance,
- le 6 à Rochepaule,
- le 8 à Auriolles,
- le 10 à Colombier-le-Vieux,
- le 14 à Colombier-le-Jeune.
Cette liste est loin d’être exhaustive, c’est ainsi que les églises de Boulieu-lès-Annonay, la Louvesc, Sablières, Saint-Marcel-lès-Annonay, Viviers, ont eu aussi un inventaire mouvementé... Les autres sont restés plus discrets.


Santé

Selon les chiffres de 1859, on peut légitimement penser que la santé des Ardéchois est bonne, puisqu’il y a autant de sages-femmes que de docteurs...
Il y a 74 docteurs en médecine, 74 sages-femmes, 24 pharmaciens et 16 officiers de santé (médecins autorisés à exercer sans avoir le grade de docteur, faculté supprimée en 1892).

 

L’assistance publique

En 1868, il y a 11 hospices à Privas, Aubenas, Bourg-Saint-Andéol, Villeneuve-de-Berg, Viviers, Largentière, Les Vans, Valgorge, Tournon, Annonay et Lalouvesc.
On dénombre 214 bureaux de bienfaisance, dont 81 dans l’arrondissement de Privas, 61 dans celui de Largentière et 72 dans celui de Tournon.
L’hospice de Privas est le seul dépositaire des enfants assistés du département. Ce service donne lieu à une dépense annuelle de 37 000 francs, dont 28 400 à la charge du budget départemental.
Un arrêté du 18 décembre 1848 a institué, dans chaque arrondissement, un conseil d’hygiène chargé des questions relatives à l’hygiène publique.
Le service de vaccins se compose d’un comité central installé à Privas, d’une commission établie au chef-lieu des arrondissements et de médecins-vaccinateurs. Une subvention est accordée annuellement par le conseil général, à titre d’encouragement, pour la propagation de la vaccine.
Le département compte 35 sociétés de secours mutuel dont le but est d’assurer des secours temporaires à leurs membres malades, blessés ou infirmes, et quelques fois aussi de leur donner une pension de retraite.
Le nombre des naissances a été, en 1875 de 11 342 (plus 267 mort-nés) ; celui des décès de 9 431 ; celui des mariages de 3 510. La durée moyenne de vie est de 36 ans et 5 mois.
12 vétérinaires, répartis dans le département, s’occupent de la santé des animaux domestiques.

 

Les sapeurs-pompiers

Dix-sept corps de sapeurs-pompiers sont constitués en 1875 à : Saint-Agrève (50 hommes), Annonay (80), Saint-Péray (45), Serrières (40), Quintenas (41), Glun (50), Tournon (70), Vernoux (60), Joyeuse (80), Vallon (80), Les Vans (40), Chomérac (50), La Voulte (60), Saint-Pierreville (40), Privas (50), Rochemaure (75), Villeneuve-de-Berg (50), soit au total un effectif de 921 hommes.
Plus tard, de nombreuses communes ont créé un corps de sapeurs-pompiers.
Une loi du 16 février 1900 a institué la médaille des sapeurs-pompiers, destinée à récompenser les soldats du feu comptant 30 années de service.

Sapeurs-pompiers à Mauves
Sapeurs-pompiers à Mauves

« Avis à la population... »

... Tels étaient les mots préliminaires des « tambours de ville », une fonction qui existait pratiquement dans toutes les communes.
Muni de son tambour, avec lequel il ameutait les habitants, il parcourait les quartiers populeux et lisait les derniers communiqués de la mairie.

 

Lu dans « Le courrier de la Drôme et de l’Ardèche » de 1842.

Le 24/2 : « Il existe dans notre commune d’Antraigues un ménage de vieillards, dont l’âge réuni s’élève à 207 ans ; le mari a 105 ans et la femme 102. L’homme a exercé l’état de maçon jusqu’à l’âge de 90 ans... »
Le 29/3 : « Le canton de Satillieu est depuis quelques mois sans médecin. Un jeune homme actif et intelligent qui voudrait s’y fixer y trouverait une position très honorable. Le canton a une population de 10 à 12 000 âmes, il renferme de nombreux établissements religieux et un hospice, et ce qui lui donne une grande importance, c’est une population flottante de 15 000 pèlerins qui chaque année vont en dévotion à La Louvesc, commune du canton de Satillieu. »
Le 3/11 : « Par récent arrêté, M. Riffard Rémi-Louis-Adrien, docteur en médecine, domicilié à Annonay, a été nommé vaccinateur pour le canton de Satillieu, en remplacement de M. Durouchet, décédé... »


Les élections

À propos d’élections... dans « Le courrier de la Drôme et de l’Ardèche » de 1842
Le 29/11 : « Les électeurs du canton de Saint-Péray se sont réunis dimanche dernier dans une des salles de la mairie pour procéder à l’élection d’un membre du conseil d’arrondissement. Voici les résultats du scrutin : inscrits, 50 ; votants, 38 dont les voix se sont réparties ainsi : M. de Barjac, maire de Cornas, élu par 24 voix ; M. Faure Louis aîné, négociant à Saint-Péray, 9 ; M. Mallet, maire, 5. »
Le 4/12 : « Les résultats des élections cantonales de Tournon pour le renouvellement du conseil général n’a pas un seul instant été douteux. Il était prévu de tous et il n’a surpris personne. M. Faure Pierre-Auguste a été réélu à une forte majorité... »
Même date : « Dans le canton de Saint-Martin-de-Valamas, M. Sanial-Saillans Just, propriétaire, a été élu membre du conseil général, en remplacement de M. Jean-Pierre Abrial, juge de paix, qui ne s’est pas représenté... »
Le 6/12 : « M. Alexandre Ladreit de Charrières, a été réélu membre du conseil général, par les électeurs du canton de Privas... »
Même date : « À La Voulte, M. Louis Johannec, notaire et maire de Saint-Fortunat, a été nommé conseiller général en remplacement de M. Gally qui ne s’est point représenté... »
Même date : « M. Privat, conseiller à la cour royale de Nismes, vient d’être réélu au conseil général de l’Ardèche pour le canton de Rochemaure... »
Le 8/12 : « À Montpezat, pour les cantons ruraux de Montpezat et de Coucouron, M. le comte Sosthène de Chanalleilles, officier de cavalerie, propriétaire à Chambonnas a été réélu... »
Même date : « M. Dussargues-Planzolles Jean-Placide-Casimir a été réélu membre du conseil général de l’Ardèche par les électeurs du canton de Joyeuse... »
Le 11/12 : « Les électeurs du canton de Valgorge ont réélu pour la 3e ou la 4e fois leur représentant ordinaire au conseil général, M. Jossoin de Valgorge Jean-Roch père, propriétaire à Largentière... »
Même date : « À Saint-Agrève, M. Cornut-Chauvine Jean-François, juge de paix, a été nommé membre du conseil général, en remplacement de M. Bollon de Clavières, avocat... »
Même date : « Les électeurs du canton d’Annonay ont réélu M. Antoine Alléon pour leur représentant au conseil d’arrondissement de Tournon (59 suffrages sur 64 votants)... »
Le 12/12 : « À Saint-Félicien, M. de France, propriétaire et juge de paix ; à Satillieu, M. de Lestrange jeune, propriétaire à Saint-Alban-d’Ay ; et à Serrières M. Barou Jean-Louis-Marie, propriétaire à Chamas, ont été élus membres du Conseil d’arrondissement de Tournon... »
« Dans sa séance du 23-8-41, le conseil général de l’Ardèche, à défaut d’instructions suffisantes, s’abstient d’émettre un avis sur trois demandes en érection de communes, formulées par les habitants des sections :
- de Grozon, commune de Saint-Barthélémy-le-Pin ;
- de Comps, commune de Grospierres ;
- de Pleynel, commune de Saint-Étienne-de-Lugdarès. »
En mars 1868, le corps législatif nomme une commission pour l’examen du projet de loi relatif à une nouvelle délimitation des communes de Bourg-Saint-Andéol et de Saint-Montant avec celle de Donzère. Ce projet distrait du département de l’Ardèche les îles du Rhône appelées Saint-Féréol, Robillon, Molard et Margeries et les réunit à celui de la Drôme.

Fileuses
Fileuses


Affiche électorale de Raymond BAYLE

Photo de Raymond Bayle Raymond BAYLE
Remerciements
à mes Chers Électeurs et Délégués

À ceux qui m’ont honnorés de leur confiance jusqu’à présent et des nombreuses communes qui m’ont accordés de nombreux suffagres. C’est que mon non leur est resté gravé dans la mémoire, vous m’escuserez de mon retard « mieux vaut tard que jamais. »

Chers citoyens

Car remerciment de bouche par circulaires ou par affiches c’est peu de chose c’est tout simplement une politesse. En arrivant battu de ma campagne rien de plus préssé que de vite me remettre au travail a la culture pour me procurer de quoi vivre. Si un remerciment pouvait procurer beaucoup d’avantages a mes électeurs dévoués je me négligerai pour procurer vite une amélioration a mes chers et dévoués zélateurs c’est bon.

Amis dévoués

Je puis pas tout vous dire c’est bon de vous faire connaitre comme la méchanceté politique est grande après m’être été dévoués pour celui qu’est aujourd’hui mon adversaire après m’avoir dévoués en 1889 que j’espérais en lui qui me fera obtenir une place à l’exposition de Paris 1900 que j’espérais aller déposer mes objets d’arts et mes inventions que j’aurais voulu que mon nom figure dans l’industrie depuis 1889 j’espérais le faire figurer dans tous l’univers entier je pouvais devenir un homme célèbre, un homme distingué par ma capacité, je pouvais faire fortune, je pouvais monter et j’aurais aujourd’hui des nombreux ateliers comme dit mon programme, j’en aurais d’abord monté un dans la commune où j’ai été le plus aimé ; où il y aurait le plus d’ouvriers sans travail que ce serait par les voix qui sortiront de l’urne en mon nom que je saurais aussi le plus aime, après c’est le point de vous le dire pour remercier ils ont trouvé le moyen de me faire partir pour Paris pour aller poser ma candidature en remplacement d’un député qui était mort en ayant perdu la vie.

Camarades bien-aimés

J’ai été appeller par le peuple et me sais présenter à lui alors mes adversaires voyant que je gagnée sa confiance m’ont demander de payer les frais de villégiature, mais moi je refuse de payer ce que je reconnais ne pas devoir.

Électeurs chéris

La pelle au dévouement que j’ai adressé à tous mes saincères électeurs a été entendu, aussi je ne peux cesser de les remercier d’un amour ardent. Chers camarades aurvoir ?

Vive la République du peuple

Vendu 10 centimes


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Dernière mise-à-jour : 2014. Last update : 2014.