La Bouquinerie

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ROLAND BROLLES

SECRETS ET CURIOSITÉS DES CIMETIÈRES
Immersion dans le monde mystérieux
des défunts célèbres ou anonymes
de la Drôme Provençale


Un halo de mystère entoure tous les cimetières. À la nuit tombée, tout le monde les quitte de peur d’y être enfermé ou d’y rencontrer des mauvais esprits sous forme de feux follets. Les cimetières sont pourtant des champs de repos où chacun peut y trouver la paix et le recueillement devant les tombes des chers disparus. Au cours de ses promenades dans les allées mortuaires, l’auteur a relevé des noms célèbres et des dizaines d’autres, inconnus du grand public, qui ne demandaient qu’à ressurgir du passé où un injuste oubli les avait confinés. Avec lui, découvrez notamment les sépultures des grognards des deux empires, du premier acteur de l’histoire du cinéma, du chauffeur du général de Gaulle, du roi des épices, du premier Tarzan français, des deux peintres lauréats du Grand prix de Rome, du chanteur des Casinos, d’un musicien très prolifique, d’un architecte de stature internationale, d’un animateur de télévision, du page de Charles X, du pionnier de l’aviation et d’un président de la République efficace
dans son ascension politique. Et tant d’autres encore.

Né à Montélimar, Roland Brolles signe là son dix-huitième ouvrage avec pour héros les défunts connus ou anonymes qui gisent dans les cent soixante-cinq cimetières de la Drôme Provençale qu’il a tous parcourus de tombe en tombe.
UN LIVRE FASCINANT FRUIT D’UNE INCROYABLE RECHERCHE QUI NE POURRA QUE VOUS DIVERTIR !
RENÉ SAINT-ALBAN
300 pages. 16 x 24 cm. 19 euros
ISBN : 978-2-84794-158-6


Pour commander le livre : envoyez 25 euros franco à nos éditions. Expédition par poste à réception règlement par chèque. La Bouquinerie. Editions et Régions. 77 avenue des Baumes. 26000 Valence.

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TABLE DES MATIERES

 

QUELQUES POINTS DE REPÈRES 5
ENTRONS AU CIMETIÈRE 8
LA PETITE HISTOIRE DES CORBILLARDS 10
LES HERBES DU CIMETIÈRE 13
TOUT A UN PRIX, MÊME LA MORT 15
LES LINCEULS DE L'HÔPITAL 17
LES ANIMAUX AU CIMETIÈRE 19
SUR LES STÈLES, DES PRÉNOMS BIZARRES 21
DU PREMIER DESSIN 24
AU PREMIER GRAND PRIX DE ROME 24
UN MORT QUI SE PORTE BIEN 27
DU MOBILIER FUNÉRAIRE 29
AUJOURD'HUI DISPARU 29
QUAND L'EMPEREUR ENQUÊTE SUR L'EMPLACEMENT DES CIMETIÈRES 31
PLAIDOYER POUR LES PHOTOGRAPHIES DES DÉFUNTS 34
LES ARTISTES DU MUSIC-HALL 35
INCROYABLE FERVEUR PATRIOTIQUE POUR L'INAUGU-RATION DES MONUMENTS AUX MORTS 39
LA MALÉDICTION DES CADAVRES 43
DEUX CŒURS EN OR 45
LE CERCUEIL FÉDÉRATEUR 49
LES GROGNARDS DES DEUX EMPEREURS 50
DE MERVEILLEUX PAYSAGES 58
CES CROIX QUI DIVISENT 59
UN HOMME POLITIQUE D'EXCEPTION 61
COMMENT EXHUMER LES CADAVRES 63
DE LA GRAVURE À LA PEINTURE : 65
UN ARTISTE DE GÉNIE 65
LE JOUR DES MORTS 67
LE PETIT MONDE DES FOSSOYEURS 69
DES VERS POUR LES HÉROS 75
ET LE CALVAIRE CONTINUE 76
DE LA CHAIR AUX CENDRES 78
LE MASSACRE DES MAQUISARDS 81
DU STADE AU TOMBEAU 84
UN MUSICIEN TRÈS PROLIFIQUE 87
SOUS LES ARBRES, LES TOMBEAUX 89
DE LA CHAPELLE AU CHAMP DE REPOS 93
LES CONSERVATEURS DES CIMETIÈRES 96
LE CERCLE DES POÈTES DISPARUS 98
DES MATÉRIAUX FUNÉRAIRES ORIGINAUX 107
L'ÉVOLUTION DES FUNÉRAILLES 110
LES OUBLIÉS DES CIMETIÈRES 115
FAITS INSOLITES ET CURIOSITÉS 118
LE SCANDALE DES CROQUE-MORTS 123
UN IMMENSE SOLDAT 126
CES CADAVRES VOYAGEURS 128
DES EAUX MEURTRIÈRES 134
DES DÉFUNTS À PART : LES GENS D'ÉGLISE 137
À PIED, À CHEVAL ET EN VOITURE 141
LES ÉTOILES DU CINÉMA 145
DE TROP RARES SCULPTURES 148
CENT ANS ET PLUS 151
DES PRÉNOMS À FAIRE REVIVRE 155
L'AMI DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE 159
DES FLEURS, DES FLEURS, DES FLEURS 161
LES TERRIBLES REPRÉSAILLES DE 1944 164
LE MÉTIER SUR LA STÈLE 168
LUMIÈRE ET TENDRES COULEURS 173
LES CONCESSIONS DANS LE CIMETIÈRE 176
LES MIRACLES DU SAINT HOMME 179
DE MODESTES MAIS GÉNÉREUX DONATEURS 181
UN CŒUR ET UN CERVELET 184
UNE IRRÉSISTIBLE ASCENSION 187
DES ÉPITAPHES 190
DANS LA PIERRE OU LE MARBRE 190
LES INTERDICTIONS DANS LES RÈGLEMENTS DES CIMETIÈRES 196
UN PIONNIER DE L'AVIATION 199
LES SÉPULTURES DES NOBLES 201
LES MURS D'ENCEINTE DES CIMETIÈRES 209
À L'OMBRE D'UN CERISIER, 213
UNE PETITE TOMBE 213
LES TOMBES DES PETITS ANGES 217
AU VOLEUR ! AU VOLEUR ! 219
LE COMPAGNON CHARRON 222
LES CIMETIÈRES PROTESTANTS 225
UNE MARQUISE PROFANÉE 229
DE NOMBREUSES PERSONNALITÉS 233
UN SIÈCLE DE FUNÉRAILLES 242
LES OBSÈQUES CIVILES 246
UNE BELLE PALETTE DE PEINTRES 249
JUSQU'AU BOUT DE LEUR SACERDOCE 255
LES ÉLUS DU PEUPLE 258
LES ENSEVELISSEMENTS 263
DANS LES ÉDIFICES RELIGIEUX 263
DES ÉCRIVAINS INSPIRÉS 268
GLOIRE AUX POILUS ! 272
ET MAINTENANT… 275
ANNEXES 278
INDEX ALPHABÉTIQUE 279
REMERCIEMENTS ET BIBLIOGRAPHIE 285
TABLE DES MATIÈRES 288

INDEX ALPHABÉTIQUE

 

 

Consacré aux noms des communes avec référence aux récits dans lesquels chaque nom peut être cité une ou plusieurs fois.

 

Aleyrac,33, 70, 224
Allan,22, 71, 102, 155, 163, 166, 189
Arnayon,207
Arpavon,22, 33, 164, 250, 256
Aubres,58, 84
Aulan,200
Ballons,162
Barret-de-Lioure,22, 162, 208
Baume-de-Transit,23, 32, 271
Beauvoisin,70, 130
Bellecombe-Tarendol,32
Bellegarde-en-Diois,22, 73, 271
Bénivay-Ollon,34, 85, 117
Bésignan,22, 70, 71, 84
Bonlieu-sur-Roubion,90, 102, 137, 142, 262, 264
Bouchet,59, 72, 129, 141, 164, 245
Bourdeaux,116, 223, 226, 257
Brette,30, 70, 76, 115, 207
Buis-les-Baronnies,70, 73, 74, 130, 131, 145, 188, 190, 207, 208, 214, 217, 224, 226, 235, 279, 280
Chalancon,23, 30, 34, 84, 155, 166, 169, 180, 192, 201, 207, 223, 224, 256
Chamaret,31, 34, 41, 42, 173, 179
Chantemerle-les-Grignan,21, 33, 84
Charols,12, 21, 32, 58, 73, 84, 105, 129, 142, 164, 168, 248, 256, 279
Châteauneuf-de-Bordette,76, 168
Châteauneuf-du-Rhône,22, 55, 61, 136, 155, 164, 168, 188, 201
Chaudebonne,72, 224
Clansayes,33, 270
Cléon-d'Andran,90, 130, 179, 223
Colonzelle,22, 85, 150
Comps,73, 224, 232
Condillac,22, 76, 142, 144, 201, 225
Condorcet,58, 116, 148, 162, 226, 231, 263, 279, 281
Cornillac,121, 155
Cornillon-sur-l'Oule,14, 32
Curnier,84, 191
Dieulefit,4, 14, 15, 23, 30, 38, 39, 42, 63, 71, 72, 80, 84, 88, 90, 91, 98, 99, 100, 107, 111, 113, 119, 138, 149, 150, 152, 160, 165, 167, 170, 174, 175, 188, 190, 193, 195, 197, 198, 199, 208, 218, 220, 223, 225, 226, 232, 245, 247, 249, 253, 266, 279, 280, 281
Donzère,25, 26, 27, 76, 119, 170, 171, 172, 173, 280
Espeluche,12, 40, 76, 84, 131, 197, 225
Eygalayes,81, 82, 83, 256
Eygaliers,75
Eyroles,23
Eyzahut,32, 34, 70, 85
Ferrassières,70, 149, 179
Grignan,12, 14, 17, 23, 41, 47, 76, 90, 108, 138, 141, 169, 180, 181, 185, 189, 193, 199, 204, 226, 227, 228, 229, 250, 255, 261
Gumiane,32, 207
Izon-la-Bruisse,9, 81, 133, 162
La Bâtie-Rolland,12, 15, 23, 30, 139, 148, 167, 169, 175, 209, 242, 262
La Bégude-de-Mazenc,30, 42, 43, 73, 115, 138, 152, 160, 164, 186, 189, 191, 242, 245, 256, 257
La Charce,224
La Coucourde,76, 144, 208, 224
La Garde-Adhémar,26, 69, 70, 72, 84, 85, 119, 121, 126, 138, 160, 166, 169, 191, 200, 204, 208, 217, 244, 274, 280
La Laupie,120, 144, 188, 191
La Paillette-Montjoux,39
La Penne-sur-Ouvèze,256
La Roche-sur-le-Buis,10, 223, 267
La Rochette-du-Buis,23, 32, 155
La Touche,34, 54, 60, 76, 80, 90, 141, 160, 176, 240, 241, 242, 243, 251, 252, 257, 262, 279
Laborel,30, 151
Lachau,34, 82, 256
Laux-Montaux,76
Le Pègue,23
Le Poët-en-Percip,23, 30
Lemps,23, 155
Les Granges-Gontardes,253
Malataverne,31, 32, 80, 90, 174, 188, 189, 208, 274
Manas,32
Marsanne,12, 23, 76, 119, 144, 153, 162, 185, 186, 201, 225, 244, 256, 257, 262, 281
Mérindol-les-Oliviers,119, 189, 270
Mévouillon,31, 69, 169, 208, 261, 270
Mirabel-aux-Baronnies,53, 58, 70, 91, 149, 164, 169, 175, 188, 189, 191, 195, 247, 256
Mollans-sur-Ouvèze,33, 70
Montauban-sur-Ouvèze,23, 155, 170, 272
Montaulieu,23
Montboucher-sur-Jabron,12, 23, 139, 142, 144, 146, 164, 168, 192, 234, 258
Montbrison-sur-Lez,34, 253, 255
Montbrun-les-Bains,23, 34, 108, 207, 212
Montélimar,4, 12, 14, 15, 16, 21, 23, 28, 32, 36, 37, 38, 40, 42, 51, 55, 56, 61, 62, 63, 68, 71, 72, 73, 74, 80, 84, 85, 86, 87, 88, 90, 91, 93, 95, 96, 97, 100, 102, 104, 105, 107, 108, 110, 112, 113, 114, 115, 117, 119, 120, 123, 124, 131, 135, 137, 138, 141, 142, 146, 147, 148, 152, 153, 155, 157, 163, 164, 166, 167, 168, 169, 170, 172, 183, 185, 186, 187, 190, 192, 194, 197, 199, 200, 215, 216, 217, 218, 224, 231, 238, 239, 244, 245, 247, 250, 253, 254, 255, 256, 257, 258, 259, 262, 266, 269, 270, 271, 272, 274, 279, 280, 281, 285
Montfroc,23, 155
Montguers,33, 75, 134, 155, 169
Montjoux,76, 139, 224, 245, 271
Montjoyer,32, 76, 90, 137
Montségur-sur-Lauzon,24, 90, 103, 119, 121, 143, 144, 175, 191, 272, 279, 280
Nyons,31, 42, 46, 52, 55, 63, 101, 102, 115, 117, 118, 129, 160, 166, 175, 190, 191, 209, 211, 213, 214, 215, 224, 225, 232, 247, 257, 280, 281
Orcinas,10, 32, 70, 117, 168, 192, 224
Pelonne,84, 130
Piégon,53, 58, 76, 90, 100, 101, 115, 119, 149, 188, 191, 267
Pierrelatte,10, 14, 20, 24, 25, 26, 32, 44, 45, 52, 63, 69, 76, 85, 86, 90, 103, 108, 112, 121, 129, 142, 149, 152, 155, 160, 167, 169, 175, 176, 179, 180, 188, 195, 203, 205, 208, 218, 245, 259, 267, 268, 269, 280
Pierrelongue,24, 108, 130, 247, 264, 279, 280
Plaisians,76, 151
Pommerol,20, 58, 76
Pont-de-Barret,31, 73, 160, 209, 223, 257, 261
Portes-en-Valdaine,11, 14, 32, 36, 37, 76, 85, 105, 120, 121, 143, 150, 170, 241, 279, 280
Puygiron,24, 57, 58, 76, 84, 102, 118, 168, 200, 251
Puy-Saint-Martin,71, 207
Rac,31, 32, 80, 90, 174, 188, 189, 208, 274
Réauville,37, 76, 84, 85, 90, 138, 139, 151, 152, 185, 186, 209, 242
Reilhanette,76, 208
Rémuzat,34, 72, 107, 139, 166, 188, 201
Rochebaudin,85, 160, 188
Rochebrune,150, 263
Rochefort-en-Valdaine,12, 34, 76, 168, 208
Rochefourchat,60, 76
Rochegude,158, 199, 208
Rottier,167
Rousset-les-Vignes,21, 151, 191, 223, 262
Roussieux,24, 207
Roynac,141, 144, 209
Sahune,24, 58, 139, 155, 179, 209, 217, 224
Saint-Auban-sur-l'Ouvèze,204, 209
Saint-Dizier-en-Diois,9, 117, 133
Sainte-Euphémie-sur-Ouvèze,225, 235
Sainte-Jalle,207
Saint-Gervais-sur-Roubion,24, 33, 58, 76, 90, 108, 119, 139, 142, 144, 151, 168, 209, 223
Saint-Marcel-les-Sauzet,32, 76, 108, 139, 144, 160, 209, 225, 259
Saint-Maurice-sur-Eygues,85, 115, 208
Saint-May,10, 32, 70, 86, 177
Saint-Nazaire-le-Désert,31, 76, 207
Saint-Paul-Trois-Châteaux,18, 33, 76, 85, 108, 139, 144, 148, 151, 155, 168, 169, 174, 189, 209, 224, 255, 280
Saint-Restitut,24, 57, 76, 84, 129, 137, 139, 141, 176, 208
Saint-Sauveur-Gouvernet,14, 134, 164, 207
Salettes,33, 105, 120, 256, 280
Salles-sous-Bois,76, 119, 215, 224
Saoû,74, 190, 193
Sauzet,33, 90, 118, 120, 138, 139, 142, 144, 145, 149, 152, 164, 176, 210, 224, 259
Savasse,24, 50, 53, 155, 164, 168, 266
Séderon,24, 58, 168, 256, 271
Solérieux,24, 39, 90, 120, 144, 191, 218
Souspierre,70, 241
Suze-la-Rousse,6, 85, 120, 157, 158, 179, 199, 262
Tarendol,9, 31, 58, 76, 159, 207, 212, 213
Taulignan,32, 33, 46, 47, 49, 65, 66, 84, 90, 91, 117, 129, 137, 148, 160, 164, 165, 182, 183, 184, 189, 191, 207, 215, 237, 269, 270, 274, 279, 280
Teyssières,32, 58, 139
Tulette,119, 150, 164, 166, 216
Valaurie,121, 238
Valouse,270
Venterol,24, 76, 149, 155, 170, 191, 208, 263
Vercoiran,119, 162
Vesc,58, 69, 131, 139, 224, 225
Villeperdrix,188, 195
Vinsobres,58, 220, 222, 224, 231, 279
Volvent,24, 71, 155, 207

extrait: les 10 premiers chapitres :

1

QUELQUES POINTS DE REPÈRES

S'arrêter devant une tombe est toujours émouvant.
Ils sont là, anciennes célébrités ou illustres inconnus,
oubliés pour la plupart, dans l'attente d'une visite.
Anne-Marie Minvielle. Guide des curiosités funéraires à Paris.

À partir de 6.000 ans avant JC, les premiers cimetières firent leur apparition et les sépultures commencèrent à être regroupées.
Au Moyen Âge, le cimetière se rapprocha de l'église. Le clergé, les notables et les riches roturiers se firent inhumer dans l'enceinte sacrée de l'église. Les places de choix se situaient dans le chœur, près de l'autel, dans les chapelles ou sous les bancs réservés à la famille.
Les cimetières, réservés aux pauvres, étaient très différents de ce qu'ils sont aujourd'hui. Forums bruyants, espaces joyeux, de passages, de jeux, de réunions, de danses et de chants, ils étaient ouverts sur l'extérieur et n'étaient pas clôturés de murs d'enceintes.
À la fin du XVIIe siècle, les premières tombes apparurent autour des églises. La polémique dénonçant l'insalubrité des cimetières en pleine ville s'éleva à la fin du XVIIIe siècle. La loi de 1791 transféra la propriété des cimetières de l'autorité ecclésiastique aux autorités municipales qui déplacèrent les lieux de sépulture dans la campagne et les clôturèrent de murs et de grilles d'entrée. Les inhumations dans les édifices religieux furent interdites en 1776.
Depuis cette date, tous les corps ou les cendres des défunts reposent donc dans les cimetières, les columbariums ou les jardins du souvenir, sauf ceux qui souhaitent que leurs cendres soient éparpillées aux quatre vents, en dehors d'un champ de repos.
Les cimetières subissent de fait une profonde mutation puisqu'il y aura de moins en moins de tombes traditionnelles. Il était donc temps de parcourir tous les cimetières de la Drôme Provençale et de recenser les lieux de sépulture les plus marquants afin qu'ils ne tombent pas dans l'oubli ou la disparition car les reprises de concessions funéraires sont de plus en plus nombreuses, ce qui entraîne encore une diminution du nombre de belles tombes anciennes et de grandioses tombeaux des temps passés.
Pour que l'Histoire ne s'efface pas, l'auteur, carnet de notes en main et appareil photographique en bandoulière, a donc parcouru un à un et tombe par tombe les cent soixante-cinq cimetières de notre région. En voici le résultat.

 

2

ENTRONS AU CIMETIÈRE

Les hommes qui ont dressé le mur du cimetière
et aménagé la porte auraient pu la laisser ouverte vers le ciel.
Peut-être pour qu'elle ressemblât tout à fait
à l'entrée d'une demeure, ils l'ont close en haut, d'une pierre.
René Barjavel. Tarendol.

Auréolés de mystères, les cimetières ont toujours fasciné et attiré. Tout le monde y est sensible, un peu comme le héros de Pierre Magnan dans Les courriers de la mort qui faisait grand cas de la chose funéraire : Quand il arrivait dans un village quel qu'il fût, sa première visite était toujours pour le cimetière. Il n'y avait pas pour lui d'endroit où il aimerait vivre. Il n'y avait que des endroits où il aimerait mourir.
Les cannibales n'ont pas de cimetière, écrivait avec humour Marcel Marien. Ils ne sont pas cannibales mais les habitants de Saint-Dizier-en-Diois et d'Izon-la-Bruisse sont pourtant les seuls en Drôme Provençale à n'être pas équipés d'un cimetière public. Il n'y existe que des cimetières privés. Et tout le monde s'en satisfait.
L'homme de Néandertal était cannibale, affirme l'ethnopaléontologue Jean-Jacques Millet qui se passionne pour les rites funéraires parce qu'ils en disent long sur notre mode de vie. En clair, dis moi où tu es inhumé et je te dirai qui tu es et comment tu as vécu. Il y a 120 000 ans, les hommes croquaient les morts sans états d'âme. C'était une façon, écrivit Jacques Leleu, journaliste au Dauphiné Libéré , de récupérer leur force et leurs qualités. Comme il n'y avait pas de sépulture, on ingérait une partie de l'être cher pour ne pas le perdre.
Les hommes seront cannibales jusqu'au Néolithique. Ils développèrent alors les sépultures collectives dans des lieux dédiés. Ce fut une étape décisive puisqu'elles préfigura ce qu'allaient devenir nos cimetières, lieux de mémoire mais aussi lieux d'appropriation du territoire. On marqua ainsi la terre attachée à ses ancêtres qui habitaient le sous-sol et on rendit un pieux hommage à la dépouille de ceux qui illustrèrent leur pays, servirent leur bourgade et aimèrent leur famille.
Où que l'on se trouve, il existe toujours un lieu de sépulture pour déclarer la guerre à l'oubli et nous rappeler notre condition de mortels car, comme le dit si bien le poète, tous les jours vont à la mort et seul le dernier y arrive. Les cimetières sont certes le reflet d'une société passée et d'un art funéraire révolu, et d'un autre en plein essor, la crémation, mais sont surtout, comme l'écrivit Claude Péloquin , les témoins flagrants de la défaite de l'homme face au temps et à lui-même.
Dès lors, pour les peuples qui créent un endroit couvert de sépultures, c'est indéniable, le cimetière est la der des terres, dixit Serge Mirjean. Ce champ de repos éternel est toujours clôturé, la loi l'exige, et la porte d'entrée est parfois difficile à passer car, une fois franchie, on se retrouve dans le royaume des morts. Le portail rouillé du cimetière, grand ouvert, avait été calé par des morceaux de bois pour ne pas battre . Ce portail rouillé, on le retrouve au vieux cimetière d'Orcinas. Il ferme mal mais il s'ouvre sur des tombes champêtres d'une beauté absolue.
Pour Pierre Magnan, la porte du cimetière interroge chacun à la façon d'un sphinx et chacun lui répond selon sa propre énigme . D'où, sur les piliers des portails, la nécessité qu'ont éprouvée certains maires de la Drôme Provençale de bien matérialiser la frontière entre le monde des vivants et celui des défunts.
À l'entrée du cimetière de Pierrelatte, un texte de Charloun Rieu (1846-1924), poète paysan du Paradou, près des Baux-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône, avertit le passant en provençal, ce qui traduit en bon français signifie : Ici se termine le voyage, aujourd'hui pour moi, demain pour toi. Heureux celui qui y chemine dans le sentier de la vertu. À La Roche-sur-le-Buis, sur la porte d'entrée de l'ancien cimetière, une pancarte s'affiche : Passans (sic), priez pour nous et pensez à vous. À Saint-May, un panneau attend celui qui veut entrer dans le cimetière : Passants, vous serez un jour ce que nous sommes, respectez-nous. Belle pensée à laquelle il faudrait ajouter la pensée de Montesquieu : Il faut pleurer les hommes à leur naissance et non pas à leur mort .
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LA PETITE HISTOIRE
DES CORBILLARDS

On n'apprend jamais trop tôt que les corbillards
ne sont pas faits seulement pour les gens d'à-côté.
Lucien Jerphagnon.. Laudator temporis acti.

Dans la province du Dauphiné Savoie, et en Drôme Provençale en particulier, les morts furent pendant longtemps portés à bras. Les sociétés de bienfaisance mutuelle et les sociétés de pénitents, lorsqu'il en existait, se servaient pour les enterrements d'un brancard, sorte de litière sur laquelle était posé le cercueil. Le brancard était porté par des gens que la famille du défunt voulait honorer. À Portes-en-Valdaine jusqu'à peu, ce fut un privilège réservé aux hommes habitant le hameau ou le quartier de la personne disparue.
En 1838 à Grenoble, on commença à se servir d'un char funèbre que fit construire la société des tailleurs, et qu'elle prêtait aux autres sociétés. Puis, l'hôpital ayant été chargé par les fabriques cultuelles des paroisses de la ville de la fourniture des pompes funèbres, cet établissement acheta en 1852 le char des tailleurs et s'en pourvut d'un autre, de telle sorte que ce mode nouveau de transport des corps devint bientôt général. Il n'y eut d'exception à cette règle que pour les enterrements d'enfants, ceux des jeunes filles et ceux des autres personnes appartenant à des congrégations religieuses.
Les chars funèbres prirent peu à peu le nom de corbillard du nom du bateau Le Corbeillard qui transportait autrefois vivres et gens entre Corbeil et Paris et qui avait été réquisitionné lors de la peste du XVIIe siècle afin d'évacuer les nombreux cadavres de la capitale.
Dans les villes de la Drôme Provençale, pour les enterrements il existait dès 1881 un ordonnateur aux obsèques lequel marchait devant le char et tenait à la main une baguette, marque de ses fonctions. Son costume consistait en un chapeau à cornes, un habit et des pantalons noirs ainsi qu'une écharpe noire à franges d'argent.
C'est à cette époque qu'on prit l'habitude de porter aux enterrements des bouquets de fleurs, des couronnes mortuaires, des guirlandes et autres souvenirs qu'on déposait sur la tombe du défunt.
Après l'enterrement, avant de sortir du cimetière, les parents du disparu prirent également l'habitude de se placer près de la porte d'entrée pour remercier par un salut les personnes qui avaient assisté à l'inhumation.
À Montélimar dès 1881, les sieurs Magne, Chastan et Ducros de Montélimar proposaient de construire et de louer des corbillards. Les villages de Marsanne en 1883, de Montboucher-sur-Jabron en 1895, d'Espeluche en 1900 et de Charols en 1905 se firent construire des corbillards autrement plus commodes que les brancards.
Le 18 mai 1902, le conseil municipal de Rochefort-en-Valdaine réuni sous la présidence du maire Louis Chambon écrivit le texte suivant : Vu la dissémination de la population sur tous les points du territoire de la commune, il en résulte de grandes difficultés au moment des décès pour le transport des cadavres au cimetière perché au sommet d'une colline et distant de deux et même de trois kilomètres de certaines habitations, surtout par les mauvais jours d'hiver et même aux grandes chaleurs. Et de conclure : C'est le cas de dire que les vivants sont exposés à être tués pour enterrer les morts. Le conseil municipal vota donc un crédit de quatre cents francs pour l'achat d'un corbillard qui fut remisé dans un premier temps chez un habitant complaisant avant, en octobre 1907, d'être entreposé dans le presbytère. En voilà un qui était casé, ce qui n'était pas encore le cas en décembre 1898 de celui de La Bâtie-Rolland qui resta durant des années exposé aux quatre vents et aux intempéries. À Grignan, la remise abritant le corbillard ne fut bâtie qu'en 1899.
Les corbillards hippomobiles causaient parfois bien des soucis à ceux qui les conduisaient.
À Montélimar en août 1903, le cheval du meunier Geoffre attelé à une jardinière s'emballa vers cinq heures du soir au moment même où passait un convoi funèbre, ce qui provoqua un grave désordre dans le cortège. Le pompier Mayoussier se jeta bravement à la tête de l'animal, ne put le maîtriser et fut renversé, la voiture lui passant sur le corps. Le cheval, après avoir renversé les tables et les chaises du café Hector sur le boulevard du Fust, put enfin être arrêté face à l'ancienne chapellerie. Ces incidents de parcours de corbillard n'étaient pas rares. La preuve…
En août 1887 à Montélimar encore, un accident de corbillard qui aurait pu avoir de graves suites survint au cimetière pendant l'enterrement du sieur Ballard. Après l'enlèvement de la bière, le père Magne qui conduisait le corbillard, en faisant demi-tour, oublia de desserrer la mécanique qui empêcha les roues de derrière de fonctionner et fit renverser le corbillard sur le sol. Le conducteur fut précipité du haut de son siège et les chevaux emballés à fond de train, brisèrent le palonnier et le timon, en traînant Magne sur une distance de six mètres. Heureusement, René Bournac, demeurant place du Temple à Montélimar, sentant le danger, s'élança résolument à la tête des chevaux qu'il parvint à maîtriser vaillamment. L'intervention de ce courageux citoyen évita ainsi un accident aux suites forcément terribles vu l'état des lieux. Magne en fut quitte pour de légères contusions au bras droit et à l'épaule. Un véritable miracle !

 

 

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LES HERBES DU CIMETIÈRE

Il laisse ses chèvres divaguer. Les gens se plaignent.
Parfois, elles fourragent dans le cimetière.
M. le curé proteste, il ne trouve pas ça catholique.
Claude Courchay. Jean des lointains.

Longtemps, les curés et les maires durent se fâcher pour évincer des cimetières les troupeaux d'oies, de vaches, de moutons, de chèvres et de cochons ainsi que les paysans venus y faucher de l'herbe pour leurs lapins, sous prétexte qu'elle était plus grasse ici qu'ailleurs.
Ce qui n'empêcha pas certains élus municipaux de mettre aux enchères la vente de l'herbe de leur cimetière, comme celui de Portes-en-Valdaine en novembre 1843. Il n'y avait pas de petits profits pour un budget communal des plus étriqués. La preuve… Le 19 mai 1935, le maire de Dieulefit mit en vente trois coupes de dix ares chacune de luzerne du nouveau cimetière à raison de vingt-cinq francs l'are pour la coupe la plus fournie, dix francs l'are pour une coupe moyennement accessible et un franc l'are pour la coupe la plus défavorisée.
D'autres villages continuèrent à vendre aux enchères les herbes fauchées du cimetière. Ce fut le cas en juin 1877 de Saint-Sauveur-Gouvernet et en octobre 1880 de Cornillon-sur-l'Oule. L'argent récolté ne tombait pas dans les caisses de la commune mais dans celles de la fabrique de l'église catholique qui faisait feu de tout bois pour récolter des fonds.
Vers le milieu du XIXe siècle, la paissance des troupeaux dans les cimetières fut progressivement interdite. Ainsi, fut-elle prohibée le 12 avril 1849 à Montélimar et le 31 janvier 1857 à Pierrelatte.
Le maire de Dieulefit n'eut aucune pitié pour les herbes folles du cimetière mais il protégea son gazon en interdisant de s'y asseoir dessus dans son règlement du 15 juin 1980.
L'herbe n'étant plus coupée par les animaux domestiques, il fallut nommer des agents d'entretien. Le plus souvent c'était le fossoyeur qui était chargé de cette tâche. Ainsi le 16 novembre 1846, le maire de Grignan nomma fossoyeur François Girard, cultivateur des lieux, en remplacement du défunt Pierre Reboul. Girard dut faucher l'herbe du cimetière et la brûler sur place pour ne pas avoir à la vendre clandestinement. Le maire ajouta qu'il ne pourrait faire aucun jardin potager dans le cimetière. Précision utile car certains fossoyeurs n'hésitaient pas à faire pousser entre les tombes salades vertes, pommes de terre et autres navets.
À Montélimar le 6 mars 1888, le maire, échaudé par les fossoyeurs-jardiniers interdit à qui que ce soit de faire une récolte quelconque dans les carrés publics ou dans les concessions. Il ajouta que les herbes coupées mais aussi les arbres morts et les débris de cercueils seraient brûlés à l'intérieur du cimetière.
Le 5 juin 1895, le conseil municipal de Dieulefit vota une somme de deux cents francs pour l'entretien du cimetière et notamment pour le fauchage des herbes sur les allées et entre les concessions. Actuellement, la ville de Montélimar consacre près de vingt mille euros au désherbage de ses deux cimetières, Saint-Lazare et les Trappistines, qui a lieu trois fois par an, prenant ainsi le contre pied de l'écrivain Francis Picabia qui disait que ce qu'il y a de plus beau dans les cimetières, ce sont les mauvaises herbes.
À La Bâtie-Rolland, le 24 octobre 1953, le conseil municipal présidé par le maire Jean-Claude Aymé-Martin alloua à Jean Chastel le fossoyeur une somme de dix mille francs par an payable en deux échéances en mai et novembre pour le désherbage du cimetière à la fête de la saint Andéol et à la Toussaint. Mais le travail s'avéra ardu. Le fossoyeur prit donc sa plume et écrivit au maire pour préconiser l'emploi du chlorate de soude, c'est peu coûteux et efficace, ajoutant qu'un désherbage en mai et un autre en octobre seraient suffisants pour libérer des herbes folles les allées gravillonnées. En 1968, l'entreprise Gerland goudronnera lesdites allées, ce qui mettra fin définitivement au problème des herbes.

 

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TOUT A UN PRIX, MÊME LA MORT

Quand je dis " Supprimons les pompes funèbres ",
évidemment, j'exagère, mais tout au moins transformons-les,
et au lieu d'une scandaleuse industrie privée,
faisons-en un discret service public.
Alphonse Allais. Allais…grement.

En application de la loi du 28 décembre 1904, la ville de Montélimar publia en avril 1907 les tarifs des prestations funéraires. En voici quelques uns…
La location du plus beau corbillard, à savoir le char funèbre de première classe, coûtait cinquante francs. Il était cher mais il était de toute beauté avec un dôme, un lambrequin et des tentures en velours, des franges et des galons argentés, des larmes et des écussons, cinq panaches, des chevaux caparaçonnés avec un plumet sur la tête et une housse de siège assortie avec des franges et des galons argentés.
La deuxième classe à vingt-cinq francs n'avait qu'un lambrequin avec des tentures de drap noir, des franges et des galons en coton, des chevaux garnis en drap noir et une housse de siège en drap avec galons de laine. Quant au char funèbre de quatrième classe à dix francs, il comportait seulement une petite galerie, un lambrequin peint sans garniture, quatre panaches au corbillard, sans garnitures aux chevaux et une house de siège en toile cirée.
La location du char funèbre de première classe pour les enfants de dix ans et au-dessous coûtait vingt francs. Pour les parents qui n'avaient que de modestes revenus, il leur restait pour six francs le brancard avec baldaquin et pieds en bois peint en blanc avec des larmes, et pour trois francs, le brancard avec pieds en bois peint en blanc tout simplement.
Le cercueil en chêne ou en noyer coûtait de quarante à soixante francs selon l'épaisseur du bois qui pouvait être verni pour quatre francs supplémentaires. Le cercueil en sapin coûtait de cinq à six francs avec éventuellement deux francs et cinquante centimes de plus pour la peinture avec couche d'huile et terre de cassel. Le doublage du cercueil en plomb valait quatre-vingts francs.
Le crucifix valait cinq francs, les larmes ou étoiles vingt centimes la pièce, les poignées en fonte argentée un franc et vingt-cinq centimes, les clous dorés dix centimes l'unité, les guirlandes de fleurs artificielles dix francs.
Le drap mortuaire coûtait huit francs pour les plus fortunés. Il mesurait deux mètres quatre-vingts centimètres sur deux mètres. Il était en drap noir, pure laine ou en velours, avec des motifs aux coins, brodé au milieu avec un insigne religieux ou bien semé d'étoiles en argent avec six glands eux aussi en argent.
Pour l'agent ordonnateur, il fallait débourser de un à cinq francs selon l'importance du convoi. Chaque porteur du cercueil coûtait deux francs. Pour la voiture de deuil à deux chevaux, il en coûtait douze francs et pour celle à un cheval six francs.
Enfin, la tenture extérieure valait trente francs sans les initiales du défunt et dix francs de plus avec. La tenture était posée sur la porte de la maison du défunt. Elle se composait de deux montants unis faisant retour sur le porche, d'un grand bandeau frangé galonné en argent et surmonté d'un couronnement à double galon avec étoiles d'argent, de deux rideaux frangés et galonnés en argent relevés par des patères argentées et des embrases quelle que soit la grandeur de la porte.
Par-dessus tout ça, il fallait rajouter les frais religieux. En 1800, dans la Drôme, chaque prêtre percevait trois francs pour la messe des funérailles. À Grignan, à la même époque, le conseil municipal fixa le droit de sonnerie de cloches à l'occasion des convois funèbres : treize francs pour la première classe et ses trois cloches, dix francs pour la deuxième classe et ses deux cloches et cinq francs pour la troisième classe et ses deux cloches dont seule la plus petite était lancée à haute volée.
Un enterrement de première classe pouvait atteindre cinq cents francs. Une vraie petite fortune pour l'époque ! Mais quand on aime, c'est bien connu, on ne compte pas.

 

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LES LINCEULS DE L'HÔPITAL

La mort n'est qu'une ultime naissance,
le linceul notre dernier lange.
Marcel Jouhandeau. Réflexions sur la vieillesse et la mort.

Jadis à Grenoble et à Vienne, lorsque décédait un chef de famille, l'usage était de donner au chapitre diocésain le lit du défunt, ou s'il en avait plusieurs, l'un d'eux, le plus médiocre. La même coutume se pratiquait pour les linceuls à Saint-Paul-Trois-Châteaux. On ne saurait nier que cet usage n'ait eu un but utile. Il offrait à des hôpitaux dont les ressources étaient insuffisantes, un moyen sûr et gratuit de se pourvoir dans l'année d'une certaine quantité de linge.
Une telle coutume datait d'une époque ancienne. Elle avait son origine dans un sentiment de charité à distribuer aux pauvres des linges, effets et vêtements portés par les défunts. À ces dons aux pauvres, se joignait un autre don fait au clergé par la remise d'un drap ou linceul, jeté sur le cercueil même du défunt, servant à ses obsèques et laissé ensuite à l'église. Ce don fut d'abord volontaire. Il devint, par la suite, une obligation. De là est venu également cet usage conservé en divers endroits, de placer un linceul sous le drap mortuaire. Ce linceul est un don fait à l'église.
Autrefois, l'hôpital de Saint-Paul-Trois-Châteaux exigeait les linceuls des chefs de famille défunts. Les ressources de cet établissement étaient faibles. Afin de les augmenter, le clergé ajouta, plus tard, des couvertures aux linceuls. Il divisa à cet effet les habitants de la cité tricastine en trois classes devant contribuer plus ou moins à la fourniture de ces objets, suivant leur condition de fortune et leur position individuelle. Il fut en même temps pour chacune des classes dressé un tarif d'après lequel on pouvait s'exempter de cette fourniture, en payant une somme d'argent fixée à raison de chaque classe.
Pour un habitant payant en impôts une contribution annuelle de treize florins et au-dessus, c'était six livres, pour un impôt de neuf à douze florins, cinq livres et pour un impôt de six à huit florins, trois livres.
De nos jours, l'hôpital de Saint-Paul-Trois-Châteaux a disparu, entraînant avec sa fermeture le don des linceuls. Reste tout de même la tradition de donner les vêtements d'un défunt à la Croix Rouge ou aux chiffonniers d'Emmaüs. Et la charité continue…

 

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LES ANIMAUX AU CIMETIÈRE

Les obsèques de la chienne eurent lieu dans la douleur générale.
Elle fut enterrée au fond du champ Bonnaud, derrière les topinambours.
Jean Anglade. Un parrain de cendre.

Il n'existe pas en Drôme Provençale de cimetières officiels pour animaux. En France, il en existe plusieurs dont le plus célèbre est à Asnières-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine. Il est classé et se présente sous la forme d'une étroite bande de terre surplombant la Seine qui est dévolue depuis 1899 à l'inhumation des animaux. Les sépultures de chiens et de chats dominent dans cet enclos d'un hectare et demi mais on y dénombre également quelques tombes de chevaux, celle d'une biche et même celle d'un singe. Les animaux font l'objet des mêmes égards que ceux dus à leurs maîtres. Georges Courteline, Sacha Guitry, Francis Carcot et bien d'autres célébrités ont inhumé ici leurs compagnons à quatre pattes. À noter que l'entrée du cimetière est payante.
En métropole, il existe d'autres cimetières d'animaux familiers, entre autres à Nice, Monaco, Nancy, La Seyne-sur-Mer, Niort et Caen. Il existe également à Nîmes et Guérande notamment, des crématoriums pour animaux de compagnie ; à savoir exclusivement chiens, chats, rongeurs, lapins et oiseaux.
Rien de tout ça en Drôme Provençale sauf à Pommerol où un administré a consacré un coin de jardin sauvage à deux tombes d'animaux domestiques, le chien Bout de chou (1986-1998) et le chat intelligent Black and White (1979-1998).
À Sainte-Cécile-les-Vignes dans le Vaucluse un cimetière animalier a vu le jour. À Livron-sur-Drôme, a été créé en 2012 un service funéraire pour animaux avec inhumation, crémation, accompagnement des familles, cercueils et urnes funéraires. Ancien menuisier, le gérant de la société fabrique lui-même les cercueils. Un service rarissime.
Les chats sont les seuls animaux domestiques à parcourir librement les cimetières car ils peuvent passer entre les grilles des portails et parfois même escalader le mur d'enceinte. Le cimetière de Pierrelatte en abritait un qui aimait se prélasser au soleil sur la tombe du pilote de chasse de la Chapelle d'Apcher mort pour la France (1910-1945). Le cimetière de Rousset-les-Vignes en hébergeait également un de couleur noire et blanche qui divaguait entre les sépultures et qui se laissait facilement caresser le poil.
En 2002, un étrange phénomène se déroula au cimetière de Chantemerle-les-Grignan. Sur la stèle de pierre brute du curé Laurent Mayousse (1806-1854), mort à l'âge de cinquante-huit ans emportant les regrets de toutes ses ouailles, s'étaient installées des dizaines de petits escargots à coquille blanche. Là et nulle part ailleurs. Curieux ! Pour l'auteur de cet ouvrage, les escargots sont indissolublement liés au mur d'enceinte du cimetière de Charols où, après chaque pluie, il s'en ramassait des pleins seaux. Et des beaux que mon père faisait jeûner dans une lessiveuse et cuire à la provençale avec du beurre, de l'ail et du persil. Certains Charolais avaient des scrupules, voire même des craintes, de manger des escargots ramassés sur le mur du cimetière. Tant mieux ! Il y en avait plus pour nous.
Enfin, à Montélimar, une tombe belle et imposante se dresse au beau milieu du cimetière Saint-Lazare. Il s'agit de celle de Eliane Delforge (1922-2001) qui a fait reproduire dans le cercle de marbre surplombant sa sépulture les photos en couleur et les noms des animaux de compagnie qui avaient partagé sa vie. On y trouve donc les portraits des chiens Ricky, Igor et Bichon, du chat Minet, du lapin Jeannot et du pigeon Fifi qui semble planer sur ce sympathique bestiaire. À voir.

 

 

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SUR LES STÈLES,
DES PRÉNOMS BIZARRES

La tombe était une simple dalle de granit,
une belle pierre bleue des carrières de par ici,
avec les noms, les prénoms, les dates…
René de Maximy. La ferme des neuf chemins.

Dans les cimetières, le charme des vieilles sépultures tient beaucoup aux herbes folles, au mobilier funéraire ancien et à la mousse sur les pierres mais il tient également aux prénoms bizarres des défunts qui ne sont plus portés aujourd'hui que par une toute petite minorité. En voici quelques-uns recueillis ça et là :

Allan : Célestin Niel (1867-1917), Aminthe Monier née Verdier (1840-1922) et Kléber Monier (1906-1946).

Arpavon : Clovis Bonifacy, mort pour la France durant la guerre de 14-18.

Barret-de-Lioure : Zélie Pascal née Roux (1858-1918) et Ida Pascal (1894-1985).

Bellegarde-en-Diois : Évariste Roux, soldat au 159e RI, mort pour la France le 28 juin 1916 à l'âge de trente-deux ans.

Bésignan : Victorin Leydier, chasseur au 14e bataillon alpin, tombé à Clary dans la Somme le 25 juillet 1916 à l'âge de vingt-deux ans.

Châteauneuf-du-Rhône : Léonce Michel née Valopin (1889-1973) et Berthe Alker épouse Arnaud (1861-1930).

Colonzelle : Ludivine Chauvet (1864-1951) et son mari Dosithé (1872-1953).

Condillac : Geoffroy d'Andigné (1937-1945) et Oneida d'Andigné (1863-1945).

Dieulefit : Sully Faure (1866-1952) et Fernande Milliard (1905-1997).

Eyroles : Clodomir Chastan (1904-1974).

Grignan : Théolinde Clémençon (décédé en 1921).

La Bâtie-Rolland : Idalie Veyrat née Montagnac (1831-1905)

La Baume-de-Transit : Aubeline Gaud (1859-1924).

La Motte-Chalancon : Amable Chevandier, chevalier de la Légion d'honneur (1827-1890).

La Rochette-du-Buis : Franklain Jouve (1897-1993) et Junie Jouve (1908-1981).

Le Pègue : Ambroisine Rouit épouse Duc (1890-1938).

Le Poët-en-Percip : Magdeleine Meynard née Aumage (1898-1950) et Clorinde Maurel épouse Aumage (1863-1930).

Lemps : Ulysse Dessalles (1879-1967), Mamert Dessalles (1907-1989) et Léoncie Dessalles née Bertrand (1913-1998).

Marsanne : Athénaïs de Montluisant (1852-1854).

Montauban-sur-Ouvèze : Estève Marie née Bonifacy (1872-1954)

Montaulieu : Herminie Gielly née Liotard (1887-1936).

Montboucher-sur-Jabron : Joséphine Guerguy (1848-1926) et Napoléon Vachier (1853-1942)

Montbrun-les-Bains : Proxède Besenval (1879-1947).

Montélimar : Victoire Vachalde (1834-1896) et Florentin Flachaire (1870-1948).

Montfroc : Germélie Michel née Chauvet (1852-1939).

Montségur-sur-Lauzon : Céleste Chaix (1834-1890) et Colombe Roulet (1874-1970).

Pierrelatte (hameau des Blaches) : Clora Ode (1885-1973) et Nancy Veyrac (1874-1964).

Pierrelongue : Pervenche Barnouin (1935-1938) et Sylva Barnouin (1905-1996).

Puygiron : Vénérande Peson (1887-1963).

Roussieux : Zidéra Armand née Marrou (1902-1978).

Sahune : Hilarion Gay (1879-1934).

Saint-Gervais-sur-Roubion : Églantine Paulet (1862-1949).

Saint-Restitut : Lomer Roussin (1889-1960).

Savasse : Julma Coste (1872-1880), Laurentine Laurent épouse Coste (1876-1939), Léonie Marcou épouse Coste (1837-1918), Euphosine Coutas épouse Alibert (1800-1878), Émélie Arnoux épouse Alibert (1833-1898), Diogène Alibert (1860-1943) et Malvina David veuve Alibert (1865-1945).

Séderon : Scipion Espieu (1867-1952).

Solérieux : Fortuné Chapus (1880-1963) et Bach Charancon (1861-1934).

Venterol : Constance Chauvin (1896-1954) et Adine Niel (1901-1979).

Volvent : Sidonie Jouve (1885-1971).

 

 

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DU PREMIER DESSIN
AU PREMIER GRAND PRIX DE ROME

C'est trop se laisser surprendre aux vaines descriptions
des peintres que de croire la vie et la mort
autant semblables qu'ils nous les figurent.
Bossuet. Sermon sur l'impénitence finale.

Fils d'un petit boulanger et cinquième enfant de la famille, Félix Clément naquit à Donzère le 20 mai 1826. Selon Maurice Champavier, il montra de bonne heure les plus rares dispositions pour le dessin. Enfant, ses cahiers et ses livres de classe étaient toujours illustrés de dessins. Son maître d'école, le père Toutel de Pierrelatte, comprit que ce n'était pas un penchant blâmable d'écolier insouciant et paresseux qu'il avait à corriger mais une véritable vocation artistique qu'il valait mieux encourager. Tout enfant, il esquissa avec du charbon le portrait de l'abbé Paramelle venu à Donzère indiquer au conseil municipal des sources d'eau à exploiter. Un peu plus tard, il se fit donner des couleurs de plâtrier, les broya et les mélangea lui-même. Il peignit ainsi Saint Vincent, patron des vignerons de Donzère. Le tableau fut exposé dans l'église du village. Il y est encore.
Pour ses dix ans, Félix reçut une boîte de couleurs et se mit à peindre aussitôt des aquarelles. Il fit ainsi, d'après nature, une chèvre, des arbres, des portraits de gitans et l'église du village. Ces œuvres se firent déjà remarquer par la justesse de l'observation, l'exactitude du dessin et la richesse de tons malgré les couleurs insuffisantes dont il disposait.
Devenu jeune homme, et grâce à l'aide financière des mécènes Meynot de Donzère, il se perfectionna à partir de 1843 à l'école des Beaux-Arts de Lyon où, dès août 1844, il reçut une médaille pour une œuvre sur l'Antiquité, puis en 1847, le laurier d'or, soit le premier prix de la ville de Lyon. Félix était tellement doué qu'il accomplit en trois ans des études artistiques qui durent normalement cinq ans.
Ensuite, il fut admis en 1848 à l'école des Beaux-Arts de Paris où il obtint en 1856 le premier Grand prix de Rome pour son œuvre Le retour du jeune Tobie, ce qui fit porter à mille cent francs le secours annuel que le conseil général de la Drôme lui votait depuis 1845. Pendant cinq ans, il travailla en Italie à la villa Médicis où il peignit notamment La mort de César qui se trouve au musée de Valence mais aussi Un enfant dessinant sur un mur la silhouette de son âne et surtout La sieste, dame romaine endormie qui recueillit tous les suffrages, à commencer par celui de Théophile Gautier qui appela ce tableau un excellent morceau de peinture.
À son retour de Rome en 1862, il céda à la pression du sieur Bravais, propriétaire du château de Belle-Eau, qui l'entraîna en Égypte où il resta six années. Notre Donzérois pensait faire fortune au pays des Pharaons où il passa la plus grande partie de son temps à décorer de peintures le palais du prince Halim qui refusa de lui payer son travail. Son protecteur le khédive Saïd Pacha étant mort, Clément revint en France riche seulement d'une grosse créance de plus de quatre cents mille francs qu'il ne devait d'ailleurs jamais toucher. Du Caire il rapporta de fort belles toiles comme L'Abyssinienne, Le chariot égyptien, La joueuse de tambourin ou La marchande d'eau et d'oranges sur la route d'Héliopolis, toile achevée par son neveu Loÿs Prat et propriété du musée du Luxembourg.
Avec la vente de ses toiles, Félix Clément acheta à Donzère le Palais des évêques qu'il avait fait merveilleusement restaurer et où il aimait venir le plus souvent respirer le bon air de sa bourgade natale. De cette vieille demeure, il en fit un musée encombré de toiles de ses confrères et de bibelots les plus rares et les plus étranges. Il en fit également un lieu de rencontres où se croisaient les artistes et les hommes politiques.
Au salon de 1861, il obtint la troisième médaille pour Le dénicheur, puis, en 1868, une nouvelle médaille au même salon. Sa notoriété dépassa bien vite le cadre de l'hexagone puisqu'en 1872, il reçut une médaille à l'exposition internationale de Londres, puis, en 1873, une nouvelle médaille à l'exposition universelle de Vienne en Autriche.
En 1872, il fut chargé par le gouvernement de faire une copie des fresques de Mantegna au couvent des Hérémitains de Padoue, puis appelé à réorganiser la section de peinture des Beaux-Arts de Lyon qu'il dirigea pendant trois ans au bout desquels il vint habiter à Paris.
On retrouve aujourd'hui ses œuvres au musée du Louvre à Paris (La vallée des nymphes de La Garde-Adhémar), à Nice, Lyon, Le Mans, Grenoble, à la mairie de Donzère (L'église Saint-Vincent) et à la mairie de Pierrelatte (portrait de Paul Chandeysson). Il réalisa aussi Le portrait de Frédéric Mistral actuellement au musée de Marseille, mais aussi ceux des poètes méridionaux qu'il appréciait tant : Paul Arène, Félix Gras, Aubanel et Fontanille. Dans son atelier plein de couleurs, il travaillait toujours avec un bonnet vissé sur la tête.
Atteint d'une mauvaise bronchite, Félix Clément mourut le 2 février 1888 à Cherchell en Algérie où il était allé chercher une santé depuis longtemps chancelante. Conformément à sa volonté, il fut inhumé dans le cimetière de Donzère. Sa tombe est modeste. Il la partage avec Rosette Prat (1917-1965), bienfaitrice communale.
Ses œuvres furent dispersées lors d'une vente aux enchères car le musée de Valence refusa le legs devant le passif de la succession. Inauguré en 1928, un monument érigé à sa mémoire s'élève dans le jardin de la ville de Donzère. C'était bien la moindre des choses que d'honorer l'un des plus grands peintres français de son époque.

 

10

UN MORT QUI SE PORTE BIEN

Nous aurons tout vu durant cette guerre :
les événements les plus pathétiques et les plus douloureux,
les scènes les plus comiques et les plus réjouissantes.
Abel Bourron. Journal de Montélimar.

Le 16 novembre 1918, le maire de Montélimar, Ferdinand Ravisa, reçut du Chef du bureau spécial des effectifs du treizième régiment d'infanterie l'avis funèbre suivant : J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien, avec tous les ménagements nécessaires dans la circonstance, prévenir Mme Defour, 72, avenue de Villeneuve, de la mort de l'adjudant-chef Defour Auguste, né le 17 mars 1888, tué à l'ennemi à Saint-Pierre-aux-Ormes le 5 octobre 1918 (à un mois de l'Armistice à peine !).
Après avoir pris connaissance de ce triste pli, M. Bertin, adjoint au maire, s'apprêta, en l'absence du maire, à remplir sa funèbre mission. Il se rendit avenue de Villeneuve, la physionomie empreinte des sentiments les plus douloureux. Il ne trouva point Mme Defour à son domicile et pria une de ses voisines de lui recommander de passer à la mairie pour une communication urgente. Il s'agissait de ne pas annoncer l'affreuse nouvelle ex abrupto.
Au retour de dame Defour, la voisine lui fit part du message de l'adjoint. La brave femme ne jugea pas à propos de se déranger, pensant que si la communication était pressante, on trouverait bien un moyen de la lui transmettre directement. Les habitants du quartier, connaissant eux la triste nouvelle, la contemplèrent avec un mélange de curiosité et d'étonnement. Quoi ? Elle ne pouvait ignorer son veuvage ! Et elle accueillait la chose avec tant d'indifférence qu'on l'appela déjà la Veuve Joyeuse.
Ce ne fut que quelques jours plus tard que Mme Defour apprit par un de ses voisins, de retour de la mairie où il était allé chercher sa carte de charbon, le terrible malheur qui venait de l'atteindre. Quel choc ! La jeune femme fut frappée en plein cœur car, contrairement à certaines épouses volages, elle aimait son époux à qui elle avait juré, au pied de l'autel, un amour sans borne et une fidélité éternelle.
La jeune femme resta anéantie par le désespoir. Elle réfléchit alors à sa nouvelle situation et à ses obligations maternelles qui lui incombaient suite à son veuvage, avec un enfant à sa charge. Son mari était mort au combat mais la plus mortelle blessure n'était-ce pas elle qui l'endurait devant la cruauté du sort ? Tous les souvenirs de bonheur familial disparaissaient ainsi dans le trou béant de la mort !
Soudain, Mme Defour se dressa, l'œil en feu. Ce n'était pas possible ! L'avis macabre était daté du 15 novembre. Or, il y avait quelques jours à peine, du 15 au 20 octobre exactement, son époux était à ses côtés, lui parlant de l'existence heureuse qui s'ouvrirait devant eux à son retour prochain. Ce fut une lueur fulgurante, une clarté radieuse qui déchira les mornes ténèbres de la mort.
Cependant, quelqu'un frappa doucement à la porte. C'était le messager du mauvais destin, l'homme qui lui apportait les précieux souvenirs du cher disparu : la cantine, les effets, la montre, la croix de guerre… La réalité s'affirmait donc implacable ! Les preuves étaient là, palpables, inexorables.
Mais réagissant contre ce nouveau coup du sort, Mme Defour ouvrit précipitamment son secrétaire. Elle déplia fiévreusement une lettre. D'une écriture ferme qui n'avait rien de commun avec les traits indécis d'un mourant, son mari lui donnait de ses nouvelles. Il écrivait de Nantes où il se trouvait hospitalisé. Pas de doute possible ! La lettre portait le cachet postal daté du 3 novembre. L'avis officiel du 15 novembre était donc inexact, la nouvelle de la mort apocryphe ! La jeune femme rayonna. Cette fois, elle ne doutait plus ; elle eut l'intime conviction que c'était une erreur manifeste et qu'involontairement on la trompait. Et comme pour achever de la convaincre, un autre coup de sonnette retentit à la porte : c'était le facteur qui apportait à la pseudo veuve une lettre du mort-vivant, de l'adjudant-chef Defour, témoignant qu'il ne comptait nullement parmi les trépassés. Très simplement, elle rapporta l'avis de décès à la mairie et le rendit à l'adjoint Bertin avec un immense sourire sur les lèvres.
Quelques jours plus tard, dame Defour eut l'explication de ce quiproquo. Son mari téléphoniste au front avait été blessé le 4 octobre en tombant dans une tranchée. Son sang avait coulé. C'était probablement le motif qui l'avait fait enterrer vivant. On allait quand même un peu vite en besogne au treizième régiment d'infanterie !
L'avis officiel du décès de l'adjudant-chef Defour portait en tête le numéro impressionnant de 3854. Malheureusement, les 3853 précédents soldats ne connurent pas tous le même dénouement heureux.

bonne lecture et si on vous raconte que le livre n'est plus dispo, venez en chercher 10 ou 20 chez nous.

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