La Bouquinerie

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L'Almanach Ardèche & Drôme 2018
l'unique, l'authentique et véritable
160 pages. 6, 45 euros

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Collection complète des 24 numéros disponibles : 120 euros franco !

9782847941746

Premier papier paru suite à la publication de l'almanach 2018 dans Nouvelles d'arménie ce 21 octobre 2018

http://www.armenews.com/article.php3?id_article=148202

L'Almanach Ardèche & Drôme 2018 " contient des articles sur la présentation par " Arménia " du livre " Nouvelles Flâneries arméniennes " d'Henri Siranyan en mai dernier ainsi que la commémoration à Valence du 102ème anniversaire du génocide des Arméniens en présence de plus d'un millier de manifestants le 24 Avril 2017.
Krikor Amirzayan et René Adjémian présentent " L'Almanach Ardèche & Drôme-2018 " qui vient de paraître avec des pages sur l'Arménie
L'édition 2018 de " L'Almanach Ardèche & Drôme " publiée par les Editions La Bouquinerie (Valence) vient de paraître. Une nouvelle fois, fidèle à sa tradition établie depuis plus d'une douzaine d'années, " L'Almanach Ardèche & Drôme " consacre plusieurs pages aux Arméniens de la Drôme-Ardèche, fruit de la collaboration entre Krikor Amirzayan président d'" Arménia " et correspondant de la presse arménienne et l'éditeur René Adjémian.
Krikor Amirzayan : " comme à chaque numéro de l'Almanach depuis treize ans déjà, René Adjémian d'origine arménienne par son père et ardéchoise par sa mère, me demande quelques articles sur les Arméniens de Drôme-Ardèche. Je le fais de de bon cœur, l'Arménie étant comme vous le savez notre passion commune ". Le président d'" Arménia " ajoute " l'objectif étant de faire partager cette passion, l'Arménie et la culture arménienne et la porter à la connaissance d'un plus grand nombre de lecteurs Drômois et Ardéchois, surtout dans une région qui compte une forte communauté arménienne estimée à près de 15 000 membres ".

- Le numéro daté de 2018 de " L'Almanach Ardèche & Drôme " est disponible dans tous les points de presse-tabac et en librairie (en Drôme et Ardèche) ou auprès de l'éditeur : La Bouquinerie, 77 av. des Baumes à Valence. Site www.labouquinerie.com. 6,45€.

dauphiné libéré dimanche 22 octobre 2017

 

TABLE DES MATIERES
Édito 3
Bec et Nez. Bernard Guerry 4
Jardinage. 5
Calendrier 2018 6
Les mois 7
Phases de la lune 8
Eclipses, saisons, constellations 9
Calendrier mensuel et jardinage
Janvier à mars 10
Cuisine d'hiver 16
Avril à juin 18
Cuisine de printemps 24
Juillet à septembre 26
Cuisine d'été 32
Octobre à décembre 34
Cuisine d'automne 40
Tarifs postaux 42
Marchés & Foires Drôme-Ardèche 43
Brocantes de l'Ardèche-Drôme 51
Foire à l'artisanat 53
Radars en DrômArdèche. 54
Cuisinons drômardéchois 55
Les cannibales de la Drôme 57
Les pierres à venin 60
Les vins de l'Hermitage 67
Jean Le Moal 71
Le coup de G 72
Meurtre à Etoile 73
Sudoku débutant 75
Les chapelles de l'Ardèche 76
Sudoku confirmé 78
Contes arméniens 79
Calvaire des Récollets à Romans 80
Les Gaulois de l'Ardèche 82
Le plateau ardèchois 86
Jumping de Valence (Ratières) 87
Dictionnaire des familles au pays
des sources de la Loire 89
Ça va t'y ? 93
Louis XI à Grignan 94
10 ans d'Aluna 98
L'Ardèche insolite 101
Eloi Abert 107
La bague de Bonaparte 110
Le cadeau de l'empereur 112
L'amicale Thibert Chateauvert 115
Dictionnaire des Drômois de Napoléon 117
Mirmande et Guy Marandet 120
Sudoku expert 122
Kévin Mayer, champion du monde 123
Le journal d'une femme atteinte
du cancer du sein 124
Le trésor du Dauphin 124
Villain. Le dictionnaire généalogique
de l'Ardèche et de la Drôme 126
Mithra et Saint Andéol 127
Valence, du Cagnard aux boulevards
130
Cuisine et Cie 134
Les Arméniens en Drôme-Ardèche 136
La cuisine 2018 de Michèle Saint-Alban 138
Collectionnez les almanachs 146
Les fêtes 147
L'Horoscope 2018 signe par signe. 151
Correction sudoku 154
Catalogue éditeur-diffuseur 155
25 policiers drômois et ardéchois 158
Commandez les almanachs 159
Table des matières 160

Blagues pages : 42, 45, 46, 52, 66,
70, 108, 109, 119,122, 123, 133, 154.

Bonne et heureuse
année 2018

Extraits

CUISINE ET CIE
Nous étions en train de sacrifier aux rites du sacro-saint apéro - excusez le propos un tantinet iconoclaste - sous une terrasse ardéchoise, lorsque la discussion bifurqua, comme il se doit, sur la bonne bouffe. Que voulez-vous, le rosé était parfait, frais à souhait, produit par un vigneron de nos con-naissances, le saucisson pur produit du pays et la tomme, forcément de chèvre qui avait brouté la garrigue à quelques encablures d'ici.
À quoi reconnaît-on un Français mais surtout un Ardéchois voire un Drômois ? Toute conversation, même si elle a démarré sur la politique, la religion ou le sport, c'est selon, en arrive au grand thème de chez nous : la cuisine. Alors forcément, chacun donne sa recette de la vraie caillette, de la vraie bombine ou de la vraie... tout ce que vous voulez... mais avant qu'on n'en vienne aux mains et avant que les choses dégénèrent, toute maîtresse de maison avisée saura, le moment venu, orienter la conversation sur nos chers voisins, je veux dire, les " estrangers ". On sortira le parent bourguignon, voire navarrais et là peuchère, aucun risque, ce sont tous des " escartefigues ", des " bricoleurs " de la marmite. L'unanimité sera vite acquise. Pas besoin de voter. Mais le consensus sera total et le vote à 120 % si on se met gentiment à déblatérer sur les Belges, les Hollandais et autres Vikings des contrées circumvoisines. Que croyez-vous qu'il arriva lors de cet apéro mémorable ? Un quidam qui avait vu du pays, orpailleur à ses heures, s'en vint à parler des Australiens et de leurs petites chéries. Fort curieux de connaître les us et les coutumes de nos voisins des antipodes, nous nous mîmes à écouter religieusement notre hôte, curieux d'en apprendre sur les coutumes gastronomiques du pays des kangourous.
L'Ardécho-Drômois est un cuisinier curieux prêt à piquer toute bonne recette étrangère pour la mettre à sa sauce et même pour faire croire que c'est lui qui l'a inventé. Ce n'es pas la peine de nous en demander plus, on a des noms, mais même sous la torture, on ne parlera pas !
Ébahis, nous eûmes la plus grande désillusion de notre vie : notre cher voya-geur nous expliqua que dans ce pays, il y avait des maisons sans cuisine. Donc pas d'évier, simplement un micro-onde ! et le tour est joué. Comme on mange avec les mains, pas de couteaux, ni d'assiette. Pas besoin de verre, il suffit d'une belle paille. Pas de vaisselle, juste un immense frigo. Cet humble ardéchois nous avoua qu'il avait vu des femmes qui faisant leur course, masquaient entièrement par leur volume leur caddies ! Ce qu'il fallait démontrer !
René Adjémian

 

LES GAULOIS DE L'ARDECHE
Scoop mondial, l'almanach Ardèche et Drôme a pu prendre en photo des Gaulois en Ardèche. Jules César en avait parlé, il y a plus de 2000 ans, mais comme nos autochtones n'écrivaient pas, aucun document ne nous est parvenu. Dans ses fameux " Commentaires de la Guerre des Gaules ", le vainqueur de Vercingétorix nous avait décrit par le menu ces farouches guerriers appelés Celtes, et plus particulièrement Helviens, dans une Ardèche qui, à cette époque, s'appelait Helvie pour devenir Vivarais mille ans plus tard. Ce n'est qu'à la Révolution qu'elle prendra le nom d'Ardèche, du nom de la rivière qui traverse cette région, comme ce fut le cas pour tous les départements.
Alors pouvoir les photographier n'était pas chose simple. Nous avons donc pu remonter dans le temps, dans un petit village qui a fièrement résisté... au lieu dit du Ranc Davaine à deux encablures de Saint-Alban-Auriolles.
À Randa Ardesca, depuis quatre ans, l'aventure continue et nous étions plus de 40 personnes de tous âges, dont pas mal d'enfants, pour visiter ce site qui se veut un archéosite : un parc d'histoire vivante, visant à présenter la vie des hommes du passé. Benjamin fut notre guide et il nous fit partager sa passion et " titiller l'imaginaire par des gestes " car dans ce coin perdu de nos Cévennes, on vit le passé !
Deux périodes sont présentées sur le site : une époque du néolithique final (disons -3000 avant JC) : c'est à ce moment que furent érigés les dolmens, l'époque où les hommes abandonnent la pierre polie pour fondre du métal : le cuivre. Il y a plus de 50 dolmens sur le village de Saint-Alban, et nous assistons ici à l'édification de l'un de ces mégalithes (méga = grosse, lithe = pierre). Rappelons que les dolmens étaient des sépultures collectives où une dizaine de personnes étaient enterrées. Une espèce de table avec une pierre au fond : le chevet, deux pierres sur chaque côté : les orthostats et une dalle de couverture. Le tout était recouvert d'un énorme tas de cailloux, appelé tumulus. Car non contents de voir nos presque hommes des cavernes, nous pouvons les contempler en pleine action. Ce ne sont pas des figurines mais de vrais êtres humains qui s'activent ! On apprend mais in-vivo !
Nous apprendrons donc que les dolmens ont été réutilisés au fil des siè-cles, comme lieu de sépulture, jus-que sous les mérovingiens, voire les carolingiens, ce qui est assez incroyable.
La deuxième période présentée con-cerne les gaulois (Celtes ou Helviens) comme nous l'avons indiqué précédemment. Nous visiterons un véritable village qui se bâtit sous nos yeux avec une noria de volontaires (une quinzaine ce jour-là).
Guillaume, le verrier, nous fera une démonstration devant son four qui chauffe à près de 1000 degrés. Il fabrique des perles de couleurs qui ont forcément enchanté les visiteuses.
Sous une tente, ce sont les armes et les habits de notre lointain ancêtre qui sont présentés : nous retriendrons que c'est la lance, qui était son arme de prédilection. Une mention spéciale pour le fourreau de l'épée, qui était dé-montable, et que nos forgerons actuels ont toutes les peines du monde à reproduire !
Un cochon laineux nous observait du coin de l'œil, car là aussi, grosse surprise, le Gaulois élevait des cochons pas du tout rose comme les nôtres mais couverts de poils bruns. Notre spécimen a dû être réimporté de pays nordique car évidemment l'espèce a depuis longtemps disparu en France.
Nous apprenons aussi toutes les techniques de construction, car des maisons se construisent sous nos yeux. Nos photos vous don-neront un petit aperçu de ce beau chantier, en constante évolution.
L'atelier du potier par exemple a mis deux ans pour être presque achevé, car chaque tuile de bois ou tavaillon, a été faite à la main avec des outils de l'époque, et il en a fallu 2000.
Lucille, notre tisserande, a mis un mois pour faire 1 mètre de tissu avec son métier artisanal comme à cette épo-que.
Les Gaulois n'avaient pas l'écriture, et c'est en grande partie la tradition orale et l'archéologie qui nous donne des indications sur leur histoire, mais aussi, leur vainqueur, le romain Jules César. Ils avaient subi les influences méditerranéennes et cultivaient déjà deux produits d'importation de la Grèce : la vigne et l'olive.
Nous sommes émerveillés par cette présentation didactique de l'histoire qui se veut tâtonnante car il faut expérimenter à partir des vestiges archéologiques trouvés.
C'est ce que nous avons aimé sur ce site : un ambiance très bon enfant, une démarche scientifique rigoureuse mais fort accessible, des hypothèses proposées en vraie réalisation, comme ce casque gaulois dont on n'a qu'une vague représentation sur une statue.
Il en est de même pour cette maison faite en treillis, recouverte de torchis et qui commence à s'effondrer : elle est devenue la maison de la chèvre !
Un beau moment de visite que nous conseillons à tous, les petits et les grands qui ont envie de partager quel-ques moments privilégiés avec nos grands ancêtres.
René Saint-Alban
VISITES GUIDÉES
à 11 h, 15 h et 17 h (durée 1h15)

L'entrée sur le site se fait uniquement aux heures de visite. Il est donc conseillé d'arriver dix minutes en avance, pour ne pas manquer l'ouverture des portes. Après la visite, profitez librement des animations sur le site.
Horaires d'ouverture :
de 11 h à 13h30 et de 15 h à 19 h
7 € Adulte. 6 € enfants
Randa Ardesca
1800 route de Chandolas
Le Ranc Davaine
07120 ST-ALBAN-AURIOLLES
archeosite07[a]gmail.com
CONTACT +33 (0)6 40 210 214

LE PLATEAU ARDECHOIS
Jean-Marc Gardès a décidé de ren-dre un fort bel hommage au cœur de l'Ardèche, au plateau Ardéchois. Et il a, semble-t-il, réussi. L'auteur s'est entouré de collaborateurs reconnus, chacun dans leur domaine, pour réaliser ce somptueux album. Celui-ci offre une grande multiplicité de regards pour traiter de géologie, de faune et de flore, d'histoire et de problèmes économiques et sociaux, d'architecture et d'implantation d'ordres religieux, de pratiques culturelles, de contes et légendes et n'oublie pas les grands hommes nés sur ces hautes terres. Le tout, illustré, par les somptueuses photographies de Michel Rissoan.
Un des textes mis en exergue dans l'ouvrage, rappelle que : " Si donc le plateau est la matrice de l'Ardèche, c'est déjà une bonne raison de s'intéresser à ce " bout du monde ", ce Tibet, que nous appelons " La Montagne ", à ces hautes plaines livrées à tous les vents - et à la terrible burle hivernale - où des pyramides de volcans éteints tracent encore des avenues sur les pâturages ..." Oui, la diversité et la puissance des écrits rassemblés par J.M. Gardès, des photographies et des dessins sont telles que l'on finit par s'attacher vraiment à ce pays, à ce " territoire sacré ".
Le plateau Ardéchois, travail collectif réalisé sous la direction de Jean-Marc Gardès. 300 pages,
35 euros.

LES PIERRES A VENIN
Jean-Marc Pastor qui avait publié " Les Pierres à Venin en Ardèche, leur utilisation en médecine populai-re " nous reparle aujourd'hui de ces trésors car son livre va être réédité.
Depuis la première édition de 1998, la vie professionnelle m'a porté du Vivarais, aux portes de Montpellier. Rendant visite au Cen-tre d'aide par le travail des " Compa-gnons de Ma-guelone ", je découvris que les variolites ne leur étaient pas inconnues. En effet, certains compagnons en ramassaient sur le bord de la plage de Maguelonne, non loin de la majestueuse cathédrale. Et si nous étions près de la source de nos variolites ?
Un passionné des variolites, le Dr François Poulet, sur le site variolite.fr leur donne la parole : " De ma plage, j'aime à dire de mon lido, en face de cet ancien volcan devenu île, j'ai assisté de siècles en siècles à des évènements vraiment dignes d'intérêt.
En formant un cordon littoral qui a peu à peu entraîné la création de lagunes et étangs, nous avons isolé l'île dite de Maguelone de la mer. Son exploration fut précoce et je me rappelle les cérémonies rituelles sur l'île et les incantations de quelques hommes vivant au Néolithique dans une grotte de la colline d'en face, la Gardiole. J'ai vu Boétius en 589, premier évê-que connu de Maguelone, qui officiait dans une petite cathédrale préromane. J'étais aux premières loges pour assister au saccage et à la destruction de la cité et de la cathédrale par Charles Martel en 737, lassé des attaques sarrasines. Cependant sous Pépin le Bref, il y eut encore des combats entre Francs, Wisigoth et Sarrasins.
Moi, petite variolite, j'ai vu le départ définitif du comte de Maguelone pour Melgueil, mais surtout plus tard j'ai connu le grand Arnaud, et son acharnement à rétablir le prestige de l'évêché de Maguelone. Il fit cons-truire sa cathédrale à l'emplacement de l'actuelle dont seul subsiste la chapelle Saint-Augustin. Il fit revenir sur l'île chanoines, clergé et chapitre.
J'aimerais vous parler longuement de Pierre de Castelnau archidiacre devenu légat du pape et de la destruction des restes de la cité ordonnée par Richelieu en 1632, alors que les protestants venaient profiter à leur tour de l'abri et du pouvoir réparateur de l'îlot volcanique.
Comment imaginer que tous ces gens célèbres ou pas n'aient pas connu, pour certains, les variolites présentes en si grand nombre sur leur plage, quand notre renommée fût si grande dans tout le sud-est de la France. Quand colporteurs, pèlerins, bergers plus tous les voyageurs, s'échangeaient craintes ou remèdes. Comment imaginer qu'aucun " local " n'ait essayé de mettre en application les vertus qu'on nous prêtait dans les Cévennes et bien plus loin encore (pierre à venin, peira picota... usage animal mais aussi humain attesté en tant de lieux éloignés).
Moi petite variolite du lido de Maguelone, je ne revendique aucun pouvoir magique ou toute autre vertu, mais je témoigne que longtemps, les hommes instruits ou pas, ont cru en ces vertus. Que sur le nombre de miséreux, de malades, parfois de lépreux, certains ont probablement essayé... Moi je trouve juste que je suis jolie et je ne prétends rien d'autre, je suis honorée qu'on nous ait classées un temps parmi les pierres précieuses puis semi-précieuses ".
Ces variolites n'ont cessé d'intéresser et de passionner en Languedoc. Ainsi lors du Quatrième congrès préhistorique de France, en 1908, le Docteur Émile Marignan, de Marsillargues (Hérault), faisait une communication sur " Les Variolites ou Pierres de picote à l'époque néolithique ". Citons le : " On trouve, de temps à autre, dans nos gisements néolithiques du Gard, de l'Hérault et des départements voisins, dans les stations à la surface du sol, dans les grottes, et parfois aussi dans des cachettes, des petits cailloux de variolite, roche dure, d'un beau vert, à base de diallage et de feldspath, dont la surface est parsemée de globules faisant saillie et qui ressemblent assez bien à des boutons de variole. "
" De temps immémoriaux, les bergers du Languedoc ont recherché ces cailloux, les considérant comme de précieuses amulettes contre la clavelée, la picote, en terme local, des bê-tes ovines. D'où le nom sous lequel on désigne ces variolites, de pierres de picote. Ce n'est pas dans la Durance que les bergers vont chercher ces talismans. Ils les trouvent sur les montagnes dans les habitats préhistoriques. "
" La croyance en la vertu de ces amulettes, est encore bien vivace dans certaines régions. On les met dans l'eau de l'abreuvoir, ou on les suspend à la sonnaille du mouton qui marche en tête du troupeau. "
On se rend ainsi compte que de tout temps, ces petites pierres ont arrêté le pas de nos ancêtres qui se sont baissés pour les ramasser, les ont examinées et ces pierres les ont interrogés. La découverte de concentrations de ces pierres dans les habitats néolithiques peut laisser perplexe quant à la représentation et l'usage que pouvaient en avoir les habitants. Le Dr Marignan s'interroge sur leurs utilisa-tions : " Mais si les Néolithiques furent sûrement les premiers à fréquenter ce gisement, dans la suite des siècles, ils ne furent pas les seuls : ils eurent des imitateurs. Les Gaulois des Oppidum, bien avant la conquête romaine, sont venus aussi s'approvisionner, en ces lieux, des cailloux qui leur convenaient. "
Des fouilles exécutées dans l'Oppidum d'Ambrussum, à Villetelle (Hé-rault), sur les bords du Vidourle, sur le parcours de la voie domitienne, à 17 kilomètres d'Aigues-Mortes ont donné, à deux de mes parents, sous les couches gallo-romaines, au fond des cabanes gauloises, un nombre considérable de petits cailloux arrondis, de la dimension d'une pièce de cinquante centimes, composés de quartz, de quartzites, de porphyres, de silex, de serpentines et de variolites, dont la provenance ne saurait être douteuse, et qu'on ne peut trouver qu'à la Pataquière.
Nous situons maintenant un peu mieux l'origine des variolites des collections de pierres à venin vivaroises. Mais comment sont-elles remontées des bords de la méditerranée aux hauts plateaux de nos Pagels.
Des pistes et des drailles
Hughes Berton, dans un très intéressant article, résumant une publication parue dans les cahiers de la Haute-Loire (année 2003, archives départementales du Puy-en-Velay) et intitulé " Étude sur les pierres à venin, Origine et provenance des séries dites de pierres à venin en Velay-Vivarais ", aborde de façon très documentée, la manière dont ces variolites ont pu remonter des bords de la Méditerranée, aux plateaux du Vivarais et du Velay.
Il reprend dans un premier temps, la description, le contenu, la localisation et l'usage des différentes et nombreuses collections de pierres qu'il a pu observer, corroborant ainsi un peu plus encore les acquis des autres observateurs de collections. " Nous avons recensé, pour le seul département de la Haute-Loire, 37 séries de pierres à venin. Quinze familles détentrices, nous ont affirmé les utiliser encore aujourd'hui (enquêtes H.B., 1984-88) ". Il s'attache à analyser leur localisation : " Les séries peuvent être regroupées dans un quadrilatère délimité comme suit :
- au Nord, ligne Craponne / Annonay
- à l'Est, ligne Annonay / Aubenas
- à l'Ouest, ligne Craponne / Fix-Saint-Genès /Pradelles
- au Sud, ligne Pradelles / Aubenas."
Relativement à leur usage, il nous rapporte : " Conser-vées dans des sacs de jute, ou des biches de terre, ces séries de pierres sont mises à tremper dans de l'eau pendant un temps plus ou moins long, variant d'1/4 d'heure à 24 heures, à moins qu'elles ne restent constamment immergées. Une part de l'eau est bue et le restant versé sur la plaie ou la partie malade : le mal est ainsi repoussé de l'intérieur du corps vers l'extérieur, puis éliminé par lavage. Là encore, les témoignages font état de cet ordre : " Sinon, le mal rentrerait plus profondément en-core ".
Relativement au possible colportage des pierres : " Nous avons recueilli un témoignage allant dans ce sens dans la région du Monastier (Haute-Loi-re) "- : " Pendant la guerre, le grand-père à ma femme partait de ferme en ferme pour soigner les animaux. Il portait dans son sac les pierres à venin. "
Concernant l'origine des matériaux constitutifs des collections de pierres, on s'attardera sur son approche des variolites où il reprend leur histoire géologique et leur trajet naturel le long de la Durance, puis des plages successives de la Méditerranée, jusqu'aux rivages de Maguelone. Il rapporte, relativement au Languedoc : " Une autre tradition locale, toujours vivante, veut que les variolites aient été ramassées sur la plage de Maguelone par les bergers qui s'y rendaient en pèlerinage avant l'Estive. Lors de la restauration de la cathédrale et d'une partie des bâtiments adjacents qui fût financée au cours de la deuxième moitié du XIXème siècle par l'avocat Frédéric Fabrège, un sac contenant des variolites aurait été trouvé dans un des murs."
Je rapporterai à titre anecdotique, qu'il est possible d'acheter à la boutique de l'ESAT de Maguelone, des variolites de plus ou moins grande taille, contenues dans des sachets de cellophane… Nos bergers continuent-ils d'arpenter la plage à la recherche de pierres ou se contentent-ils de les acheter à la boutique ? Je ne saurais vous le dire.
Poursuivons plus sérieusement l'ana-lyse de l'article de Hughes Berton. Il détaille les drailles du Bas Languedoc au Plateau Velay Vivarais. Pour lui, ces drailles seraient la continuité de voies naturelles empruntées par les ovins qui migraient en période de chaleur vers les hauts plateaux pour y trouver une pâture plus riche.
Il s'intéresse ensuite à la diffusion des variolites et au lien éventuel à faire avec les implantations des dépendances des bénédictins de Saint-Chaffre-du-Monastier. La question res--te en suspend relativement à la place qu'ont pu prendre les implantations Chaffriennes relativement aux mouvements de transhumance, mais c'est bien globalement par ces drailles que sont remontées nos pierres à venin. Bien difficile ensuite de dire par quels sauts de puce.
En effet, Hughes Berton insiste sur le fait que les séries de pierre sont souvent conservées dans les familles durant des générations, " de-puis tou-jours, l'arrière-grand-père les pos-sé--dait déjà ".
Comment, à un moment donné, des bergers transhumants ont-ils pu donner, confier ou vendre ces pierres ? Ont-ils éventuellement répondu à une commande dont la livraison s'effectuait la saison suivante ? Voilà de bien intéressantes questions auxquelles il serait intéressant de répondre.
Il est aussi intrigant de voir comment les variolites étaient utilisées dans l'arc alpin. Il s'intéresse ici particulièrement aux haches polies et aux cro-yances qu'y attachent les paysans des Hautes-Alpes. " Ces instruments bizarres, de provenance mystérieuse et de destination inconnue, ont longtemps frappé l'imagination des hommes simples qui les ont rencontrés et ramassés dans la montagne. Pour eux, ils ne viennent pas de la terre, ils sont l'ouvrage des éléments ou le jeu de quelque divi-nité ; ils sont tombés du ciel un jour de gros orage, et s'appellent pour cela des pierres de tonnerre (peyros del tron). "
À cette persuasion d'une origine surnaturelle s'est rattachée l'idée d'une vertu magique, celle de préserver les bestiaux d'une sorte de petite vérole, et on les a appelés aussi pierres de la picotte (peyros de la picotto).
Les populations pastorales des Hautes-Alpes les ont, en conséquence, recueillies avec soin. Le père assez heureux pour posséder une pierre de la picotte, la léguait à son enfant. Elle était tenue cachée dans quelque coin secret de l'étable, sur une poutre, dans un trou de la crèche ou du mur, et de là, par sa seule présence, elle éloignait le mal.
Ce n'est pas tout. Lorsque, dans la belle saison, le troupeau était dirigé vers la montagne, le pâtre emportait avec lui la pierre du ciel. Et à quels soins était-elle confiée ? Est-ce qu'il la mettait dans son escarcelle de cuir ou dans le paquet de hardes et d'ustensiles que portait l'âne qui fermait la caravane ? Non ; il y avait une place meilleure, où elle était à la fois plus en sûreté et en relation plus directe avec le troupeau. Quand les tondeurs dépouillent celui-ci de sa toison, ils laissent sur le dos et sur la tête des plus beaux moutons une riche touffe, pour faire juger la qualité de la laine autant que pour donner de l'importance à l'animal qui la porte ; et c'est là, sur la tête d'un ces menons, soigneusement caché et retenu, que voyage le talisman.
J'ai recueilli vingt fois ces détails de la bouche des bergers. Quelques-unes de ces hachettes que je possède ont ainsi, bien des fois parcouru la haute montagne et même fait le voyage des Alpes en Provence et de la Provence aux Alpes sur la tête de quelque animal. Le plus grand nombre vient simplement des étables. "
Un peu plus loin, l'auteur évoque les négociations pour l'obtention de telle ou telle pierre et les réticences des paysans à les lui donner. Un interlocuteur au cours de cette séance de la société d'anthropologie de la ville de Paris témoigne de " ce fait curieux que le même usage a été transporté dans les Pyrénées, où l'on attache des pierres polies, en variolite, sur la tête des moutons. "
Cette communication conforte dans l'usage répandu des pierres pour la protection des troupeaux. Par contre a aucun moment n'est évoqué l'usage des pierres pour une pratique guérisseuse à destination des humains, ce que confirmera Arnold Van Gennep dans son étude sur les Hautes Alpes traditionnelles.
On rapportera une histoire personnelle relative à l'usage des pierres par les bergers dans les Hautes-Alpes. Il existe, dans la vallée du grand Buëch, en haut du cirque de Beaumugnes, - ce même Beaumugnes qui a servi d'inspiration à Jean Giono - une source pas très loin du sommet de la montagne de Durbonnas, à près de 2 000 mètres d'altitude. La vue y est magnifique, offrant du sommet de la falaise où paradoxalement se situe cette source, une vue vers l'Ouest, avec le Vercors, les Baronnies et le massif des Trois Becs pour horizon. Au fil des ans, les intempéries, le passage des animaux érodent chaque année un peu plus la pente raide de son accès, emportant touffes d'herbe et mottes de terre, laissant ainsi à nu la terre et des plaques calcaires. Mon neveu Jérôme L. y a trouvé, il y a quelques années, affleurant le sol, une jolie hache polie puis quelques saisons plus tard, l'érosion faisant son ouvrage, quasiment au même endroit, une variolite et une pièce de cuivre datant de Napoléon III. Quelque berger avait donc caché, il y a bien des années, derrière ou sous une pierre un petit sachet plein de ses trésors. On ne peut s'empêcher de penser aux circonstances qui lui ont interdit de récupérer un trésor si précieux.
Comme nous venons de le voir dans ce nouveau chapitre, nos pierres continuent à intriguer et susciter l'intérêt des chercheurs.
Ne doutons pas que dans certaines fermes leur usage perdure encore.
Prades, le 26 août 2017.
Jean-Marc Pastor

 

 

 

 

 

 

 



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Dernière mise-à-jour : 2018. Last update : 2014.